Surpêche en Manche : où est Brune Poirson ?
250 tonnes de poisson par jour, c’est ce que pêchent, chacun, deux chalutiers géants, l’un hollandais, l’autre allemand, dans la Manche, au large de Cherbourg, depuis la mi-octobre, comme le rapporte France 3, le 1er novembre. Ces navires-usines sont des monstres de 140 m de long qui raclent le fond de la mer et ramassent absolument tout ; ils sont interdits de pêche en Australie et au Chili, mais pas dans la Manche.
Outre le massacre de l’écosystème que cela représente, c’est toute la filière de la pêche artisanale « éco-responsable » qui est menacée : Le chalutier standard d’un patron pêcheur de Cherbourg ou de Boulogne-sur-Mer pêche environ 50 tonnes de poisson par an, le cinquième de ce que ces navires pêchent en un seul jour !
Pis que cela : ce massacre a des conséquences sur les populations de dauphins et de phoques. Jusqu’à présent, les pêcheurs s’en prenaient à la « concurrence déloyale » des veaux marins et des phoques de la baie de Somme qui dévorent 1.500 tonnes de poisson par an pour se nourrir, selon une étude du très sérieux GEMEL, le Groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux.
Phoques et veaux de mer ont donc besoin, pour une année, de ce que ces deux navires pêchent en 6 jours !
Le même problème se pose pour les dauphins de la mer de la Manche : leur population décroît faute de nourriture et on les voit aller s’échouer (donc se suicider) sur les plages de la Manche. Or, cette pêche industrielle est parfaitement légale, rien ne l’interdit dans les réglementations européennes !
Les Australiens et les Chiliens seraient-ils donc plus « éco-responsables » que nous ? Ce massacre économique et écologique me semble autrement plus grave que les vaines querelles sur la distance de traitement des champs aux pesticides ! D’ailleurs, c’est à front commun, quelle que soit leur étiquette, que les députés du littoral manchois ont saisi le ministre responsable, c’est-à-dire le ministre de l’agriculture. Moi, à leur place, j’aurais aussi interpellé Brune Poirson. Après tout, il s’agit bel et bien d’un sujet de préservation de l’environnement !
Savez-vous combien risque un pêcheur à pied qui n’a pas respecté la taille minimum d’une palourde (35 mm hors-tout) ? 50 à 150 euros d’amende ! Et gare à lui s’il a pêché plus de 3 kg de palourdes : les argousins, outre la saisie des kilos excédentaires, peuvent infliger une amende allant jusqu’à 22.500 euros ! Il vaut mieux être à bord du Margiris, ce chalutier hollandais géant qui pêche 250 tonnes de poissons et de coquillages en toute impunité, que d’aller avec son petit seau à la main ramasser des coquillages sur la plage ! Les réglementations européennes sont décidément plutôt bizarres et complètement incohérentes…
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