Sur France Info, le « politidéologue » Clément Viktorovitch a un incroyable culot…

Capture d'écran ©FranceInfo
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Dans l’infini registre « l’inénarrable objectivité du secteur public », connaissez-vous le billet journalier de France Info « Entre les lignes » du « politologue et chroniqueur » Clément Viktorovitch ? Sur le site de Radio France, on lit qu’il vise à nous « [éclairer] sur l'actualité politique via le prisme du discours. Un rendez-vous de décryptage et d'analyse à mi-chemin entre la rhétorique et la science politique. »

Le 15 février dernier, « l’expert » en sémantique s’intéressait aux éléments de langage du candidat Fabien Roussel, notant que celui-ci « semble désormais fuir comme la peste celui de communiste ». Fabien Roussel préfère mettre en avant le nom de son programme, « La France des jours heureux ». C’est clairement une stratégie, selon Clément Viktorovitch, qui, malin, a compris le hic : « Le problème du mot “communiste”, c’est qu’il est connoté de manière péjorative (sic) » car, explique-t-il, « dans l’imaginaire collectif (resic), il renvoie encore, à tort ou à raison (re-re-sic) au régime soviétique et à ses crimes. » Ça, c’est bizarre. C’est un peu comme le nazisme, l’imaginaire collectif le renvoie aux crimes du IIIe Reich. Mais sans doute plus à raison qu’à tort, non ?

Clément Viktorovitch a les petites lunettes, l’air hautain et, dans la poche, la poignée de concepts savants à dégainer qui signent l’expert de gauche (pléonasme). Mais le costume chic de « politologue » craque souvent, laissant apparaître les frusques de l’idéologue. Appelons cela un « politidéologue », puisqu'après tout, nous aussi, nous savons pondre des concepts sémantiques. Au point que la médiatrice de Radio France s’est fendue, le 12 décembre dernier, d’un post - sous forme d’entretien avec l’intéressé - pour crever l’abcès. Elle y relaie les remarques d’auditeurs un tantinet agacés : « Au prétexte de lire “Entre les lignes”, votre chroniqueur porte un jugement personnel sans avis contradictoire » ou encore « Je souhaite néanmoins protester contre la chronique de Clément Viktorovitch sur le wokisme. Il s’agit normalement d’une chronique sur les techniques rhétoriques. Or, sur le wokisme, son intervention s’est apparentée à un discours partisan, très biaisé en faveur du wokisme, assimilé à un simple mouvement de défense des personnes subissant des discriminations. Opinion qu’il est en droit d’avoir, mais qui ne doit pas être présentée comme une évidence dans le cadre d’un exposé de rhétorique. Vos auditeurs ne méritent pas ce traitement politiquement orienté sous prétexte d’objectivité scientifique. »

Clément Viktorovitch s’en lave les mains : « Oui, c’est vrai que c’est une critique que j’entends souvent. Moi, vous savez, j’applique une grille d’analyse et de lecture, qui est une grille universitaire. » Il n’a pas tort : sa grille d’analyse et de lecture, biaisée à souhait, est bien celle que l’on voit sévir dans le milieu universitaire, et plus généralement dans l’enseignement supérieur. Puisqu’on en parle, Clément Viktorovitch enseigne justement la rhétorique et la négociation à Sciences Po depuis plus de dix ans. Et à propos du wokisme, Clément Viktorovich enfonce le clou : « J’ai dit que c’était un mot-valise, un mot disqualifiant pour englober l’ensemble de ses adversaires, comme l’est d’ailleurs islamo-gauchisme. » La boucle est bouclée. Le wokisme n’existe pas, l’islamo-gauchisme non plus. Quant au lien entre le communisme et l’Union soviétique, il reste à démontrer. Ben voyons, serait-on tenté de répondre si la réplique n’avait pas été préemptée par un candidat célèbre à la présidentielle.

Notons, au passage, que Clément Viktorovitch ne sévit pas seulement sur France Info mais aussi sur… Canal+ (dans l’émission « Clique TV »). Il a, du reste, été longtemps chroniqueur sur CNews. Preuve, s’il en fallait, que s’il y a des analyses orientées dans les médias de la « galaxie Bolloré », elles ne sont pas toujours, loin s’en faut, dans le sens que l’on prétend. Dans un sens ou dans un autre, elles sont du reste toujours plus admissibles que diffusées sur un média public, comme France Info, censé faire montre de neutralité. Et éviter de propager des « fake news » grossières mettant en doute le lien entre communisme et Union soviétique.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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