À ce jour, le mouvement des gilets jaunes ne profite pas aux partis patriotiques-souverainistes. Et, comble d’ironie, pourrait profiter à ceux qui tirent les ficelles depuis le pouvoir ! Incompréhensible ? Comment analyser ce paradoxe « injuste ». Les gilets jaunes seraient-ils à ce point basiques, bornés, paumés qu’ils ne sachent valoriser politiquement leur dynamique auprès des partis qui les ont soutenus dès le début ?

Mais si, en fait, pour raisonner moderne, "l’offre" des partis ne correspondait pas à la "demande" des gilets jaunes ? Autrement dit, si ces partis n’étaient pas porteurs de l’espoir que les gilets jaunes ont su instiller dans le cœur et l’esprit de 80 % des Français, dont assurément beaucoup d’abstentionnistes comme eux ? Comme ces partis apparaissaient bien trop ankylosés dans un système dont ils ne savent s’extirper des règles du jeu : ambitions personnelles, distribution des prébendes, ambiguïté des programmes, querelles de leadership... Comme si ces partis apparaissaient aux gilets jaunes désespérément « basiques », « coincés », incapables de se renouveler, de saisir l’occasion d’un renouveau, d’un élan. À l’inverse, après Mai 68, des partis de gauche d’abord, et de l’ensemble de la classe politique ensuite.

Les gilets jaunes n’ont-ils pas plutôt la conviction que ces partis sont restés figés dans l’attente d’une récupération, du genre « Ils ne pourront pas s’en sortir tout seuls, nous serons nécessairement leur issue, on en récupérera bien quelque chose »… Ce raisonnement postule que le mouvement n’était que protestataire, donc récupérable par le système, et n’avait pas de caractère révolutionnaire.

Or, il faut bien constater un caractère révolutionnaire, car :
- Est révolutionnaire la volonté de participation et de remettre en question notre représentation politique actuelle. Rejet des prébendes des élus, que tout le monde connaît désormais. S’enrichir pour représenter le peuple est honni. Aïe, aïe, aïe, qu’en disent nos partis du renouveau ? Symboliquement¨, le RIC signifie aussi décider collectivement sans s’enrichir.
- Est révolutionnaire la revendication de la redistribution des richesses. Aïe, aïe, aïe, l’inconséquence de Macron a ouvert la boîte de Pandore. Le système a là un douloureux retour de bâton. À force de faire miroiter les infinies délices de la société de consommation au peuple.
- Est révolutionnaire l’exigence du rassemblement dans la situation dramatique dans laquelle s’enlise le pays ! Nos partis vertueux ont beau jeu de dénoncer les listes des gilets jaunes alors qu’eux-mêmes, sur le base de programmes globalement interchangeables, seront divisés en quatre, cinq, six listes ? Tristement révélateur. Quand les intérêts des partis passent devant ceux du pays…
- Et puis, ce que le politiquement correct s’évertue de masquer : est révolutionnaire la contestation des bienfaits de l’immigration mondialisée dont il faudra bien, un jour, oser avouer le coût quand on sait que, rien que pour les mineurs non accompagnés (MNA), ce coût atteindra les deux milliards en 2019...

Doit-on, en conséquence, prendre pour révélateur que nos partis de l’alternance préfèrent, pour les élections européennes, recycler quelques vieux chevaux de retour disqualifiés dans leurs écuries d’origine, et dont on se demande quel élan ils peuvent bien susciter, plutôt que des gilets jaunes emblématiques qui, c’est vrai, ne réclamaient pas de fric pour leur implication ?

J’aurais rêvé que les gilets jaunes apportent à l’intérieur de ces partis ce qu’ils ont apporté depuis les ronds-points : le coup de pied aux fesses salvateur pour dégripper les appareils, ce qui les aurait réintroduits dans le sens de l’Histoire. Trop tard ?

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17 février 2019 à 21:00

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