Près de 42 % des suffrages à l’élection présidentielle et 89 députés à l’Assemblée… Le « plafond de verre » a volé en éclats ! Les résultats de Marine Le Pen en mai et du Rassemblement national en juin sont la promesse de nouvelles victoires. Tout au long de l’été, Boulevard Voltaire vous raconte les plus beaux succès électoraux de la droite en remontant le fil du temps. Aujourd’hui : la présidentielle de 2017.

Chalet du lac du bois de Vincennes, le 7 mai 2017. Il est 22 heures quand Marine Le Pen entre sur la piste, esquissant avec ses partisans quelques pas de danse sur un tube de Joan Jett : « I Love Rock’n Roll ». La fille du Menhir peut être fière. Au soir de ce second tour, elle a bien des raisons d’évoquer « un résultat historique et massif » : plus de 10,6 millions de voix ! Jamais un candidat n’avait porté si haut les couleurs de la droite nationale. Son père avait offert ses premiers succès au « camp des patriotes », parvenant, seul contre tous, à se hisser au second tour de la présidentielle de 2002 : « Un séisme », avait-on dit à l’époque. Que dire, alors, de la performance de sa fille ? Marine n’a pas seulement réédité l’exploit de Jean-Marie, elle a doublé le nombre de voix qu’il avait obtenues quinze ans plus tôt ! Bien plus qu’une simple réplique, l’assurance d’une relève, la promesse d’une nouvelle vague que la coalition de ses adversaires ne sait plus comment endiguer. Hollande forfait, Juppé éliminé, Fillon torpillé… Dans une campagne marquée par le « dégagisme », Marine Le Pen se qualifie pour le second tour en portant « la voix du peuple ».

Rien, pourtant, ne garantissait ce succès à Marine Le Pen. La campagne de 2017 fut une partie de chamboule-tout qui n’épargna personne. Le 20 novembre 2016, Nicolas Sarkozy quitte la scène sans gloire, battu dès le premier tour des primaires de la droite et du centre. Le 27, c’est le chouchou des médias, Alain Juppé, qui sort de la route : un an après les attentats du 13 novembre revendiqués par Daech (131 morts), cinq mois après celui de Nice (86 morts), les électeurs de droite déboulonnent le chantre de « l’identité heureuse », sèchement battu par François Fillon qui a promis, lui, de « vaincre le terrorisme islamique ».

Le « dégagisme » frappe à gauche aussi. Les traits tirés et la voix blanche, François Hollande jette l’éponge le 1er décembre 2016 : « J’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. » « Flanby », « Guimauve le Conquérant », « Mr. Bricolage » n’a jamais endossé les habits du chef de l’État - sinon ceux de Félix Faure qui défaillit dans les bras de sa plantureuse maîtresse… Manuel Valls briguait sa succession, il ne lui survivra pas, renvoyé « au terminus des prétentieux » par Benoît Hamon, inattendu vainqueur des primaires de la gauche, le 29 janvier 2017.

Juppé éliminé, Hollande out. Bien secondés par les médias, les tenants du système, les partisans du statu quo, bref, tous ceux qui veulent « que tout change pour que rien ne change » vont alors miser sur un autre candidat, un pur produit de l’établissement : Emmanuel Macron, inspecteur des finances, ancien banquier d’affaires, adoubé par Alain Minc et tout ce que les vieux partis comptent de mondialistes et d’eurolâtres.

La pièce se met en place. Pour Fillon, ce sera une tragédie. Son sort est scellé en moins de deux mois. Le 25 janvier 2017, le parquet national financier ouvre une enquête préliminaire après la parution, le jour même, d’un article du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon ; le 24 février, c’est l’ouverture d’une information judiciaire ; le 14 mars, Fillon est mis en examen pour détournement de fonds publics. Jamais la Justice ne fut plus diligente à l’encontre d’un candidat.

Marine Le Pen, elle, trace son sillon. Fait campagne en campagne, dans cette « France périphérique » boudée par les médias, celle des villes moyennes, des villages, des zones pavillonnaires. Elle est au rendez-vous de la France qui se lève tôt, elle est à Rungis, elle est à la porte des usines balayées par la mondialisation. Le 26 avril, alors que Macron rencontre dans le centre-ville d’Amiens les syndicats de Whirlpool, Marine Le Pen va sur place serrer les mains des ouvriers de cette usine de fabrication de sèche-linge menacée de délocalisation en Pologne. L’accueil est chaleureux, on prend des selfies. Macron aura beau s’y précipiter ensuite, ce jour-là, c’est bien elle qui a dicté son tempo au soi-disant « maître des horloges ».

Elle se veut « la voix du peuple de France », des petits, des invisibles. Elle a fait sien leur destin : elle est « la veuve du paysan qui s'est suicidé, le chef d'entreprise qui n'arrive plus à payer ses factures, le taxi qui a payé 200.000 € sa licence qui voit arriver l'ubérisation, la mère de famille qu'on flexibilise à mort avec la loi El Khomri, nos compatriotes qui vivent dans des quartiers pourris par la délinquance et la criminalité », dira-t-elle à Ennemain, village de 250 habitants de la Somme, au lendemain du débat qui l’a opposé à Macron.

Que n’a-t-on dit sur ce débat ! Sans doute, ce ne fut pas sa meilleure prestation. Elle a su l’effacer. Mieux : elle a surmonté cette épreuve, plus attentive aux attentes des Français qu’aux commentaires des éditorialistes. Oui, le soir du 7 mai, Marine Le Pen avait bien des raisons de danser, et ses partisans avec elle.

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05 août 2022 à 18:00

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17 commentaires

  1. Sur son nom MLP n’a rassemblé que 11% des habitants de France et vous appelez ça une victoire ?

  2. MLP devra se méfier car Darmanin, Le Maire et Philipe sont déjà en piste pour 2027, toute honte bue.
    Darmanin avec des suspicions de viol, le stade de France, l’expulsion de l’iman qui fait choux blanc mais qui lui a permis de se montrer et de jouer les matamores, Philippe avec sa gestion du covid, et Le Maire lui c’est le pompon l’économie est au plus bas, la dette est colossale…
    Avec eux on est pas prêt d’avoir le Q sorti des ronces et donc si on veut sortir de la mouise, il y a pas 36 solutions MLP associé à Zemmour, sinon comme d’hab elle prendra une veste

  3. j’ai voté Zemmour puis Marine au 2° tour, mais il faut absoluement faire une alliance pour avoir un socle solide et dur. je ne suis pas seul a penser cela, donc un peu d’eau dans le vin et la FRANCE pourra envisager des jours meilleurs

  4. Très bien ! Je partage cette analyse, cela dit , il va lui falloir transformer l’essai en « intégrant l’aile Zemmour « … Les « orphelins » de la France, sans lesquels elle ne pourra pas changer de braquet…
    Bon courage à elle, et Bravo !

  5. Marine fait ce qu’elle peut avec son équipe et nous en sommes heureux, toutefois au plan européen elle sera toujours face à un mur car la France n’est plus une nation mais une province administrée par l’UE. On peut même considérer sa victoire comme s’inscrivant dans une logique mondialiste voulue comprendre NUPES et RN soupapes indispensables pour continuer à régner et ainsi donner des os à rogner aux chiens.

  6. Attendons encore un peu avant de crier victoire, car cette victoire ne sera complète que lorsque Marine sera élue Présidente de la République .

  7. je pense que les français ont changé leur regard sur le RN qui est le parti sans doute le plus proche de leurs préoccupations ( sécurité, immigration, patrie, pouvoir d’achat); ils découvrent aussi des nouveaux talents chez leurs élus RN; j’espère qu’une alliance avec Reconquête amènera enfin nos idées communes au pouvoir

  8. MLP et le RN sont très certainement l’avenir de la France, si les français veulent bien enfin déciller.

  9. Je recommence à commenter bien qu’ancienne mais je fais très attention à ne pas être trop vindicative .
    Merci pour l’article .

  10. « Jamais Justice ne fût plus diligente » ni Presse aussi aux ordres de la Gauche qu’en 2017. Mais fallait-il élire un Inspecteur des Finances au risque de ruiner toute l’Economie de France ?

  11. Pendant de nombreuses années rien n ‘ aura été épargnée à MLP ,ni à son père avant elle ;
    Quoiqu ‘ on en dise , elle a su mettre en avant les valeurs de la droite et le peuple ne s ‘ y est pas trompé , preuve en est par les résultats obtenus .

  12. Il est fort dommage que principalement le peuple qui bosse et se lève tôt se soit trop abstenu. Il s’est réveillé aux législatives . Et voyant le sérieux, la compétence et surtout la défense et parfois la victoire sur les thèmes martelés pendant les 2 campagnes, le peuple se rend compte qu’un seul parti et sa leader le défendent et se battent pour lui. Espérons qu’il confirmera et les élira pour diriger et relever notre France en perdition aux prochaines élections.

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