Ségolène Royal, dernier recours de… Mélenchon !

ségolène royal

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu parler de Ségolène Royal. En 2007, c'était la star de la « bravitude », la candidature d'une femme, la lutte contre le méchant Sarkozy. C'était l'espoir d'une gauche qui commençait à comprendre que quelque chose n'allait pas mais, comme tous ceux pour qui ça commence à être cuit, mettait ses petites chutes sur le compte de la fatigue. Ségolène Royal, à la fois énarque bourgeoise, fille d'officier, aparatchka (si le terme convient) du vieux PS « et en même temps » (déjà !) iconoclaste, menait une campagne maternelle et maternante avec un programme dont on serait bien en peine de citer une idée. Depuis, on la vit ressurgir de temps à autre, notamment comme ambassadrice des pôles, « marquise des antipodes » en somme, comme dans l'excellent film Ridicule. Était-ce une manière de dire qu'elle marchait sur la tête, qu'elle était exilée à jamais ? Peut-être. Allez savoir.

Mélenchon, en revanche, on n'a pas arrêté d'en entendre parler. Sénateur socialiste devenu tribun de la gauche vociférante, il a transformé (probablement à force de vanité) son remarquable talent oratoire en hurlement primaire, à la limite du gâtisme. Son entourage, qui le vénère toujours sans le moindre recul (ce goût de la gauche égalitaire pour les idoles, tout de même...), le pousse à se commettre dans les pires déclarations (sur les émeutes) et les pires amitiés (il vient de rencontrer le rappeur Médine). Jean-Luc Mélenchon a fait plus fort que Lénine : il est entré dans le mausolée de son vivant. Il le sent, et c'est pour cela qu'il lui faut à tout prix un successeur. Et ce ne sont pas les sagouins des bancs LFI, à l'Assemblée, qui surjouent l'inculture crasse, et même l'inculture et la crasse, y compris et même surtout quand ils ont une solide culture classique, qui vont faire l'affaire.

Or, voici que Ségolène Royal, dès la rentrée, aura une chronique chez Hanouna. C'est aujourd'hui un titre de noblesse qui vaut une chronique dans Le Monde, il n'y a pas si longtemps. Cyril Hanouna est peut-être vulgaire, il a peut-être un style de racaille, mais on ne peut pas lui enlever une chose : il a définitivement fait tomber la barrière entre intellectualisme et modelage du « temps de cerveau disponible », comme disait l'ancien patron de TF1 Patrick Le Lay. À preuve, donc, la présence à la rentrée de l'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 comme chroniqueuse. Et, comme si ce retour était savamment prémédité (mais ce n'est probablement que le fait du hasard), Ségolène Royal a proposé ses services pour, en cas de besoin, juste si ça rend service, conduire une liste d'union de la gauche aux élections européennes. On pouvait s'attendre à une certaine stupeur, voire à une franche hostilité dans les rangs de La France insoumise. Ségolène Royal, c'est quand même « l'ordre juste » de 2007, une expression qui n'a rien pour plaire aux sectateurs de l'extrême gauche.

Eh bien, pas du tout. Mélenchon voit dans cet appui inattendu une « aide formidable ». Ce n'est pas la « divine surprise », mais ça doit tout de même faire plaisir. Il « approuve la contribution » de Ségolène Royal. On est à deux doigts de la conclusion d'un accord. Et les socialistes - ou ce qu'il en reste - ont beau se moquer du come-back spectaculaire de leur ancienne star, pendant les derniers jours de leur université d'été, un jalon a été posé. Le PS, moribond depuis longtemps, ne représente plus que lui-même. Il est, en revanche, très bien représenté par une flopée de médias totalement déconnectés du réel. On se passera de son avis et de ses bons mots.

Tremblez, amis lecteurs : c'est l'alliance de l'islamo-gauchisme, de la démagogie et de l'histrionisme médiatique. On n'ira pas jusqu'à appeler cela les quatre États confédérés, mais il y a de quoi craindre - si, toutefois, cette liste insolite va jusqu'au bout de ses rêves, où la raison s'achève, comme disait Goldman - que nous ne soyons pas au bout de notre consternation.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Chronique toujours aussi succulente d’un journaliste inspiré qui, s’il était »sniper », pourrait afficher un tableau de chasse …royal !

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