Chacun, en fonction de ses convictions, se réjouit ou non du résultat du premier tour de l’élection présidentielle. Mais, pour mesurer les enjeux du second tour, il convient de réfléchir aux différences entre les conceptions de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron sur l’essentiel : l’avenir de la France.

Le candidat d’En Marche ! a fêté sa victoire à la brasserie de La Rotonde : parmi ses invités, quelques artistes - dont on peut penser qu’ils ne sont plus de la première fraîcheur -, et un échantillon de politiciens et de personnalités de tous bords, dont beaucoup sont usés jusqu’à la corde.

On pouvait y apercevoir aussi un homme resté discret durant la campagne, bien qu’il en ait inspiré les grandes lignes : c’est Jacques Attali. Proche conseiller de François Mitterrand, également consulté par Nicolas Sarkozy et François Hollande, il rédigea, en 2015, un projet présidentiel, "France 2022", et annonça, le 8 mars 2017, son soutien à Emmanuel Macron. C’est le dénominateur commun, le fil qui relie les politiques de la droite et de la gauche.

Leur candidat n’étant pas qualifié, plusieurs députés LR, non contents de régler leurs comptes avec François Fillon, n’ont pas attendu la délibération de leurs instances pour rallier Emmanuel Macron. Rares sont ceux qui marquent aujourd’hui leurs distances avec celui qu’ils surnommaient hier Emmanuel Hollande. Il est fort probable que la majorité des cadres LR soutiennent Emmanuel Macron, voire décident de faire campagne pour lui.

Pour se donner bonne conscience, ils affirment que c’est pour faire barrage au Front national. En fait, ils s’accommodent facilement du projet de Macron, regrettant seulement qu’il n’aille pas plus loin – ou de ne pas l’avoir rejoint plus tôt.

L’opposition est moins entre deux personnes qu’entre deux conceptions de l’avenir de la France : entre un candidat libéral, en matière économique et sociétale, et une candidate adepte d’un État stratège, entre quelqu’un qui veut plus d’Europe et quelqu’un qui en veut moins, entre un défenseur du mondialisme et un défenseur du souverainisme.

On se souvient que François Hollande déclara, le 7 octobre 2015, devant le Parlement de Strasbourg, que « le souverainisme, c’est le déclinisme ». Macron ne dit pas autre chose, ni une grande partie de la droite et du centre, qui estiment que la France ne peut prospérer qu’au sein de l’Europe.

Mais les partisans d’une France plus souveraine ne se trouvent pas seulement au Front national : il en est aussi parmi l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, de Nicolas Dupont-Aignan et d’une partie de la droite.

Chacun des Français a le droit de préférer une conception à une autre. Mais il faut qu’il fasse un choix réfléchi. C’est pourquoi la campagne du second tour ne doit pas être un concours d’anathèmes ou de caricatures, mais donner lieu à un vrai débat sur l’avenir de la France.

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24 avril 2017 à 23:05

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