Scandale à France Inter : Rachida Dati donne un coup de pied dans l’entre-soi

« L’audiovisuel public doit être pluraliste », ose rappeler Rachida Dati...
Capture écran C à vous - France Télévisions
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Invitée, mercredi matin, du Grand Entretien, sur France Inter, le ministre de la Culture Rachida Dati s’en est pris au « club CSP+ », qui donne des leçons de précarité du haut de ses Louboutin. Elle veut promouvoir la culture populaire, jusqu’aux fanfares du même nom. La presse intello lui tombe dessus, les ricaneurs l’étrillent.

Pour comprendre l’offense faite à la bien-pensance, il faut écouter la papesse Charline. Pour sa chronique du lendemain, Mlle Vanhoenacker s’était grimée : œil au beurre noir, sang à la lèvre : « J’ai croisé Rachida Dati, dit-elle. Qu’est-ce qu’elle nous a mis dans la tronche, hier matin, dans le 7-10, vous l’avez écoutée ? » Conséquence du pugilat : elle a dû emmener « Nico et Léa » (Demorand et Salamé) à la médecine du travail. Quant à la présidente de Radio France, Sybile Veil, la pauvre, elle est aux urgences… « Dans ce métier, quand tu te fais humilier par ta N+20, c’est devant la France entière. C’est tellement violent, on se serait cru à Bétharram. Même la CGT a pris sa défense, c’est vous dire… »

Un club pour vieux CSP+

Bien sûr, quand les N-20 de France Inter crachent sur ceux qui ne sont pas de leur monde, ce n’est que justice, car ces gens-là ne méritent pas mieux. Ils n’ont pas besoin de se grimer pour être sans dents…

Déjà, poursuit l’amuseuse, « quand elle est arrivée, j’ai senti que ça partait mal ». Et de passer la (supposée ?) intervention du technicien : « Madame Dati, c’est la régie. Faudrait songer à enlever la quincaillerie parce que… ça s’entend au micro. » Allusion au papier de Libération l’accusant d’avoir « omis » 420.000 euros de bijoux dans sa déclaration de patrimoine.

De fait, l‘atmosphère sur le plateau est très tendue. Dati n’appartient pas au club, c’est évident. On songe, là, à Pierre Bérégovoy, Premier ministre de Mitterrand raillé par la gauche caviar jusqu’au suicide, « trop peuple », moqué pour ses chaussettes. Dati n’est utile que si l’on peut rappeler ses origines d’enfant d’immigrés. Hors de cela, elle est encombrante. On ne le dit pas mais on le pense si fort que cela s’entend : elle aurait dû rester à sa place.

Bref, passé le moment anti-Trump qui ne rend pas l’effet escompté – Dati estime qu’imposer des droits de douane de 100 % sur les films produits hors des États-Unis « exposerait à des mesures de rétorsion qui seraient d’abord désastreuses pour le cinéma américain, lequel est une industrie très rentable à l’exportation » -, on entre dans le vif.

Le clou dans la chaussure, c’est la fameuse réforme de l’audiovisuel public (la constitution d’une holding) à laquelle tous espèrent qu’elle va renoncer. La peur de perdre leur pré carré les tenaille : « Y avez-vous renoncé ? », demande Demorand, d’une voix anxieuse. Non, évidemment, cela, pour trois raisons : 1) les groupes privés qui se structurent et dont le succès menace l’audiovisuel public ; 2) les audiences ; 3) les plates-formes (Netflix, Prime, etc.)

L’audiovisuel public doit être pluraliste

Léa Salamé s’insurge : les audiences sont excellentes. « Chez qui ? Chez qui ? », questionne Dati. « Plus les jeunes, plus les classes populaires, ça devient un club CSP+ et plus âgé. C’est une réalité, c’est comme ça. »

Donc, pas question d’abandonner. « Cette réforme commence à faire consensus malgré la caricature qu’on en fait », poursuit Rachida Dati, en pointant la présidente de Radio France, Sibyle Veil : « Il faut arrêter de caricaturer cette réforme en disant que c’est une réforme d’extrême droite. Voilà la manière dont Madame Veil la présente. »

« L’audiovisuel public doit être pluraliste », assène le ministre, et c’est cela qui ne passe pas. Pluraliste signifie perdre son magistère moral, et aucun de ces donneurs de leçons n’y est prêt. Alors, quand Rachida Dati évoque son père, maçon, et déplore : « Le maçon n’écoute pas France inter, c’est ça que je regrette », les ricaneurs se tiennent les côtes. Il y en a même qui se pincent le nez, comme Télérama, qui dénonce « un sens du show et des propos navrants ».

On accuse le ministre de mentir sur les chiffres car ceux de France Inter sont excellents. De nier, aussi, que le budget de la Culture a été, est ou sera en baisse, ce qui serait dans l’esprit de tous ceux-là une irréparable offense : il n’est pas question que l’audiovisuel public participe à l’effort budgétaire. Et Télérama de conclure : « Rachida Dati a fait du Rachida Dati. Un peu de Sarko, un peu de Trump, beaucoup de méthode Coué et beaucoup d’elle-même. »

C’est vrai qu’elle est restée droite dans ses bottes : « C’est bien, d’écouter le gars qui fait le malin, là, sur la scène des Molière, ou l’actrice sur 12 cm de talons à semelle rouge qui me donne des leçons sur la précarité et les inégalités. » Elle l’affirme, son objectif est ailleurs : « Je n’ai pas mis [de budget] dans les mondanités, je l’ai mis sur l’accès à la culture populaire. Le plan ruralité, le patrimoine… »

Et même le pass Culture au Puy du Fou. Impardonnable !

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

52 commentaires

  1. J’étais un fervent auditeur de France Inter et France 2 pendant de longues années… je ne le suis plus depuis qu’ils ont virés gauche caviar.
    Faut il rappeler que France 2 a viré son présentateur météo en 2015 parce qu’il avait eu l’outrecuidance de remettre en cause le dogme du réchauffement climatique, si cher à la météo sur cette chaîne ??…
    Il n’y a qu’à écouter Cohen ou Aphatie sur France 5 pour se convaincre que tu ne peux être en désaccord avec leur vision gocho-bobo du monde.
    Dati, que je n’aime pas particulièrement, a cependant raison sur ce point : faire le ménage à France télévisions.

  2. Du bla bla et de l’hypocrisie tout ça , on sait très bien les opinions des chaines tv et radio publiques, subventionnées par nos impôts et ça c’est normal, je n’ai jamais écouté rance inter, c’est épidermique je ne les supporte pas ! Quand on voit le traitement infligé aux invités qui ne pensent pas comme eux, comme S Knafo qui les a bien cassées !!! Il y a un sacré ménage à faire dans cette caste qui ne font rire qu’eux d’ailleurs et protégées par l’ARCOM. Le aplati n’a rien eu par l’ARCOM et pourtant

  3. Merci. De la vraie info …et vous me confortez dans ma bonne idée de Rachida. Quant à la Charline elle m’insupporte et m’interpelle… au niveau de son salaire. Quelle bande de clowns prétentieux bien installés dans leur fromage.

  4. Le jour où tout cela sera privatisé et qu’ils devront vivre de leurs recettes et non des subventions versées par nos impots, le jour où il devront faire preuve de professionnalisme, le jour où il devront enfin être compétent et faire un véritable travail de journaliste pour capter le public, ce jour là France Travail va voir ses inscriptions éclater… « Léa Salamé peut commencer à s’alarmer ».

  5. Quel est le plan derrière tout ça ? Dire que l’audiovisuel public doit être restructuré, c’est bien, mais comment ? Avec quoi ? Si un spécialiste dans ce domaine pouvait développer le sujet, j’en apprécierais les explications. Quant aux résultats, si cela pouvait faire que tous les donneurs de leçons sur le service dont nous sommes contribuables se taisent ou agissent de façon impartiale en cessant l’agressivité constante à l’égard de ceux qui ne penchent pas pour leurs idées de gauche, ça m’irait.

  6. Inviter « des extrême-droite assimilés selon FI ou LFI » pour le plaisir de les clouer au pilori ci-devant l’auditoire gauchiste, voilà la mission du service public bien-pensant. Détournement de notre pognon.
    Encore raté, Rachida Dati dit ce qu’elle pense avec courage dans ce bourbier honteux.

  7. Dati n’a absolument pas critiqué les chaînes de service public, bien au contraire elle les a flattées en les gratifiant d’un statut d’élite, ce qui ne peut que les satisfaire. Elle est ministre de la culture et a ainsi trouvé un moyen malin de ne rien faire du tout à propos du scandale de la politisation très à gauche du service public tout en paraissant critique. Cette femme est une ambitieuse sans foi ni loi. Comme tous ces centristes, LR, Renaissance et compagnie !

  8. La seule justification de l’existence de radios et de tv publiques seraient qu’elles garantiraient l’objectivité et donc la pluralité dans leurs informations et dans la manière de les traiter (par exemple, il ne suffit pas d’inviter tout le monde, il faut aussi que chaque invité soit traité de la même façon, quelles que soient ses opinions).
    Ainsi, 1 seule radio publique et 1 seule tv publique suffiraient largement, avec un budget minimal : c’est l’argent des français, c’est sacré !
    Bref, tout l’inverse d’aujourd’hui, où ces chaînes publiques partiales, orientées politiquement, polluent l’information et gaspille de façon éhontée l’argent pris aux français qui se saignent trop souvent.
    Quelle honte !

  9. Rachida a fait du Dati et c’est très bien. Seule la vérité blesse et visiblement ils l’ont été. Les donneurs de leçons reçoivent mal les critiques. Pour le reste, je ne peux évoquer ce que je n’écoute plus depuis des années. Et je fais partie de ceux qui écouteraient France Inter … un peu comme ceux qui auraient voté Macron !

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