[SANTÉ] Addiction des jeunes aux réseaux sociaux : des débuts de solutions ?
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La mise en danger de la santé des enfants souffrant d'addiction aux écrans commence enfin à faire réagir. Néanmoins, malgré des alertes lancées par diverses institutions internationales - audition de TikTok par le Congrès américain, soumission par l'Union européenne à de nouvelles réglementations (Digital Markets Act ), adoption de lois sur la sécurité en ligne au Royaume-Uni et en France -, les réseaux sociaux restent plus que jamais populaires auprès des jeunes qui peinent à s'en détacher.
Des chiffres qui donnent le tournis
Le rapport 2023 de Qustodio, leader sur le marché des solutions de sécurité Internet pour les familles, « Grandir à l’ère du numérique – Les défis de l’intelligence artificielle » est basé sur des données anonymes de plus de 400.000 familles avec enfants de 4 à 18 ans originaires du monde entier. Il stipule que TikTok est l'application la plus populaire en 2023, avec 44 % des enfants l'utilisant mondialement et 50 % en France et au Royaume-Uni. Instagram suit, avec 42 % des enfants français l'utilisant, bien qu'il soit 5e mondialement, à 32 %.
En France, les enfants passent en moyenne 110 minutes par jour sur TikTok, 58 sur Instagram, avec une augmentation très soutenue depuis 2021. Le temps d’utilisation augmente pour toutes les plates-formes sauf X. Le réseau social TikTok, critiqué pour ses effets sur la santé mentale, ses problèmes de sécurité, sa violence et ses défis dangereux, est l'application la plus bloquée par les familles pour la deuxième année consécutive. Ensuite viennent Instagram et X.
« L’hyper-connexion entraîne une hyper-sécrétion de dopamine : il y a une forme de satisfaction à se dire "j’ai tant de j’aime, de vues, d’abonnés", explique Pascal Neveu, psychanalyste et psychothérapeute interrogé par nos soins. Elle atrophie aussi les capacités cognitives : capacité à réfléchir de manière critique, à prendre des décisions, à se concentrer, à interagir avec le monde réel et à continuer à activer un champ social. » D'autant, ajoute-t-il, que « la crise d’adolescence est corrélée avec la consommation des réseaux sociaux, qui servent de miroir à l’adolescent en quête d’identité ».
Comment lutter ?
Dans son rapport, Qustodio émet quelques recommandations pour protéger les enfants d'un tel fléau : évaluer leur maturité émotionnelle et les préparer à l'usage des réseaux sociaux plutôt que le leur interdire, opter pour un visionnage en famille, configurer les paramètres de confidentialité et fixer des limites d'utilisation pour encourager des relations plus saines à Internet.
« Une surveillance qui doit être d'autant plus appuyée pour les profils sensibles », préconise Pascal Neveu, à qui l'on a posé la question de l'efficacité des campagnes de prévention dans les écoles : « Là-dessus, ils sont nuls. Il ne suffit pas de faire un sevrage dix jours. » Le psychanalyste insiste sur la nécessité d’un suivi et d’un travail analytique et comportemental pour traiter la cyberdépendance de ses patients. « Il faut se demander d’abord : qu’est-ce qui me manque au niveau affectif et puis pourquoi j’ai choisi cette "drogue" ? »
Des réseaux sociaux qui sont à double tranchant : « Le réseau peut être utilisé de manière consciente en créant un espace libre de travail, de créativité ou pour lâcher prise. Ou bien de manière passive en incorporant les contenus, ce qui accroît l’isolement et peut devenir une aliénation », prévient Pascal Neveu.
Une addiction devenue un véritable problème de santé publique mondial contre lequel Meta semble vouloir lutter. Le géant vient d'annoncer mettre en place des « comptes adolescents » aux contenus restrictifs pour les jeunes de 13 à 17 ans sur Instagram. Cela a déjà commencé le 17 septembre dans plusieurs pays comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie. La France et d'autres pays de l'UE suivront, d'ici fin 2024. Une petite pierre est posée.
5 commentaires
Ah que la vie était douce avant ces « réseaux dits sociaux »
Où sont les parents ?
« Faire bouger les ados (n’est sans doute) pas évident . Le plus simple alors est de ne pas en avoir, d’où la mode actuelle de stérilisation, toutes méthodes confondues , même celles qui sont irréversibles !
Une solution ? Augmenter de 5% les impôts des parents des enfants de moins de 12 ans en possession de comptes sur un réseau.
5 % de 0, ça ne fait pas grand chose !