Retraites : Zemmour au bulldozer !

Capture d'écran BFM TV
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« Je la voterais parce que d’abord c’est ma réforme. » On peut dire qu’Éric Zemmour sait soigner son effet. Dans la matinale de RMC face à Apolline de Malherbe, le président de Reconquête a, une fois de plus, marqué sa différence avec le Rassemblement national… Pour le plus grand bonheur de ce dernier !

À rebours de l’actualité politique et sans concession avec sa cohérence idéologique, Éric Zemmour a réaffirmé, ce jeudi, son soutien à la réforme des retraites portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne et a été jusqu’à s’en approprier la paternité. « J’ai toujours été partisan d’un départ à la retraite à 64 ans tandis que Valérie Pécresse et Emmanuel Macron voulaient 65 ans », a rappelé l’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui sait qu’on ne pourra jamais l’accuser d’inconstance. D’inconstance, certainement pas, mais d’aucuns critiquent vertement ce qu’ils considèrent comme une faute. « Autodestruction politique en direct, a notamment tweeté le député RN du Gard Pierre Meurin. Parce que les électeurs d’Éric Zemmour que j'ai rencontrés dans ma circonscription (rurale, populaire : tout ce qu'il ne connaît pas) étaient tous contre la réforme des retraites. »

L’élu du Gard sait de quoi il parle, puisqu’il faisait partie de la garde rapprochée de l’ex-futur candidat au début de l’aventure présidentielle de l’ancien journaliste. « Le principal handicap de Zemmour, c’est de ne pas avoir mobilisé l’électorat populaire. Avec ce genre de déclarations, il va perdre la maigre partie de cet électorat qui l’avait rejoint sur l’immigration », prophétise Meurin, qui siège aujourd’hui derrière Marine Le Pen.

« Nous n’avons aucune leçon à recevoir du RN qui s’est déjà contredit maintes fois sur le sujet des retraites », charge Stanislas Rigault. Le président de Génération Z et membre du bureaux exécutif de Reconquête assume la sortie de son chef : « Quand certains se contredisent par opportunisme, on garde l’exigence de la cohérence. À la popularité, on a choisi l’honnêteté », maintient le jeune militant.

En tout cas, la position claire d’Éric Zemmour tranche avec celle, plus nuancée, de Marion Maréchal. La vice-présidente de Reconquête s’était exprimée à ce sujet quelques jours auparavant dans nos colonnes. « Je n’aurais pas voté la réforme en l’état car il manque beaucoup de pré-requis »déclarait-elle à notre micro. « Entre autres, il manque une vraie politique de natalité qui a été détruite par François Hollande et une vraie politique d’emploi dans un contexte de dumping social qui nuit au patriotisme économique », martelait-elle. La vice-présidente du parti et ancienne députée de Vaucluse n’a pas souhaité commenter l’interview d’Éric Zemmour.

Suite à cet échange, les troupes du RN et de Reconquête ont largement commenté cette sortie. Ainsi, le nouveau patron des jeunes du RN et ancien collaborateur de Jordan Bardella, Pierre-Romain Thionnet, a-t-il tweeté : « Je me souviens du Zemmour candidat qui voulait "réconcilier la France des gilets jaunes et celle de la Manif pour tous". Aujourd’hui, il se fait plus macroniste que Macron sur la réformes des retraites. Cette position qu’il pense stratégique lui coûtera très cher. »

De leur côté, les troupes d’Éric Zemmour défendent la position de leur président. L’un des responsables de la communication du parti, Matthieu Louves, déclare ainsi avec conviction sur Twitter : « C’est de la cohérence idéologique. Il reproche justement aux politiciens de changer d’avis comme de chemise en fonction des sondages. C’est aussi l’une des raisons de son investissement en politique : tenir sa parole et avoir le courage de l’honnêteté et de la clarté. »

La franchise face aux contorsions du Rassemblement national et la constance face aux louvoiements de Marine Le Pen ? C’est l’angle de riposte des zemmouriens, accessoirement aussi celle d’Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement d’Élisabeth Borne. Mais la position de Marine Le Pen a-t-elle tant évolué que cela ? Certains lui ont reproché d’avoir, un temps, défendu la retraite à 65 ans. En omettant que cette idée, portée par le Front national en 2007, l’était en réalité par le candidat du parti à l’élection présidentielle de l'époque. Un certain… Jean-Marie Le Pen. En 2012n lors de sa première campagne présidentielle, Marine Le Pen défendait déjà une retraite à 60 ans avec quarante annuités. Une position confirmée cinq ans plus tard, en 2017. En 2022, elle infléchissait légèrement sa position en défendant encore une retraite à 60 ans, mais seulement pour ceux qui étaient entrés précocement sur le marché du travail. « Ce n'est pas un revirement : on tient compte de la situation économique », défendait Jordan Bardella sur France Inter, en février 2022.

Il est intéressant de constater que la position d’Éric Zemmour a surtout fait réagir le Rassemblement national, car derrière cette prise de parole, c’était surtout aux LR que s’adressait le président de Reconquête. « Pourquoi LR a tout perdu ? Parce qu’il n’a tenu aucune des promesses faites pendant trente ans », affirme Stanislas Rigault. L’éternel débat entre le pragmatisme politique et la cohérence idéologique à tout prix. Car, au fond, c’est un peu cela, le vrai clivage entre Reconquête et le Rassemblement national.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Pas sûr que l’honnêteté sera payante. En revanche, c’est tout à son honneur.
    Bien sûr que les français sont contre une réforme qui va les faire travailler plus.
    Tout le monde préfèrerait travailler moins, gagner plus, partir en vacances 8 semaines par an et avoir des week-end de 3 jours chaque semaine. Donc toute réforme qui vise à nous faire bosser plus est par essence impopulaire. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas la faire.
    Donc vouloir, comme le RN, faire un référendum sur un truc par principe impopulaire, c’est de la démagogie.

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