Retour sur la consultation citoyenne visant à la légalisation du cannabis

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Quand leur main tremble pour prendre des décisions aux conséquences potentiellement graves, les « politiques » consultent les citoyens pour faire partager leur responsabilité. Ils se gardent par contre de les interroger quand ils pressentent que leur réponse ira à l’encontre de leurs projets.

Dénonçons ici les biais de la « consultation citoyenne » qui vient de se dérouler à propos du cannabis dit « récréatif ».

Une première anomalie tient à son initiation par des députés déterminés à légaliser cette drogue. Ils s’en sont répandus dans des médias complices qui leur ont ouvert leurs colonnes, tendu complaisamment leurs micros et même organisé des débats où l’opinion opposée était absente ou sous-représentée.

Cette consultation, pour être honnête, aurait dû être précédée d’une information rigoureuse sur ce sujet sanitaire et médical complexe, recouvrant d’autres aspects qui ne le sont pas moins (sociaux, sociétaux, économiques, philosophiques). Des brigades de lobbyistes ont investi les allées du pouvoir pour « fourguer » leur cannabis « thérapeutique », « de confort » et « récréatif ». On savait, avant cette consultation, que pour ces trois strates la messe était dite.

Elle l’est pour le cannabis qualifié par anticipation de « thérapeutique », alors que c’était à la pseudo-expérimentation mise en place d’en décider.

Elle l’est aussi pour le cannabis « de confort » puisque, défiant la loi, des magasins ont proliféré en France (« génération spontanée » qui surprendrait jusqu’à Pouchet lui-même). Ils vendent du cannabidiol/CBD, décliné sous une large variété de formes commerciales ; épaulés par une publicité éhontée qui les présentent comme bon pour tout, et ainsi bon pour tous.

Enfin, elle semble en passe de l’être pour le cannabis « récréatif », laissant attendre que « joints » et « pétards» seront bientôt en libres sé(r)vices.

Mais pour rassurer, on nous affirme que cette légalisation sera encadrée. Serait-ce avec l’efficacité connue pour l’alcool, qui a recruté en France 4.500.000 alcoolo-dépendants et alcooliques, 41.000 morts annuelles, sans compter la déchéance et la marginalisation de centaines de milliers d’individus ? Serait-ce avec l’efficacité connue pour le tabac, avec ses treize millions de fumeurs irrépressibles, ses 75.000 morts annuelles, ses centaines de milliers de handicapés, en évitant de rappeler que le cannabis est plus dangereux pour le corps que le tabac et qu’il a, en outre, une épouvantable toxicité psychique/psychiatrique ?

Il est inconvenant de pratiquer cette consultation au cœur de l'épidémie de Covid-19, source d’inquiétudes économiques, de préoccupations vitales, de crainte d’un reconfinement, qui détournent du cannabis l’attention des citoyens, à l’exception des 1.500.000 consommateurs réguliers, impatients de sa légalisation. Ce contexte, qui introduit un énorme biais dans le recrutement des réponses, invalide les résultats de cette consultation.

N’est-on pas dans le conflit d’intérêts quand le vice-président de la mission parlementaire en charge des trois strates du cannabis Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, porte-parole de LREM, agriculteur, veut faire de son département l’eldorado de la filière cannabique nationale ?

Summum de cette malversation, on interroge nos concitoyens à propos d’un sujet sur lequel ils ne sont pas informés et sont même désinformés. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) a décerné un carton rouge à notre pays pour ses carences majeures en matière d’information et de prévention sur le cannabis. Réponse de nos députés à cette admonestation : « Vite ! Dépêchons nous de les interroger, avant qu’ils n’en sachent davantage ! » Pendant ce temps, les médias sont d’une discrétion complète sur les effets épigénétiques du cannabis et de son THC dont les conséquences peuvent être dramatiques.

Si les méfaits de cette drogue étaient connus des Français, ils n’en seraient pas ses premiers consommateurs au sein de l’Union européenne. Pourquoi l’Éducation nationale ne s’investit-elle pas dans cette prévention ? Interrogée, elle déclare continuer d’effectuer des « expérimentations ».

Ainsi se remet en marche le monstre du business de cette légalisation.

Si le nombre des cannabinophiles, en France, s’est considérablement accru, le maintien de la loi de prohibition de 1970 a malgré tout limité ses dégâts, en dépit de toute pédagogie. Continuons d’agir, de résister, pour en protéger nos jeunes et notre société.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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