Régularisations dans les « secteurs en tension » bientôt votées au 49.3 ?

Sacha Houlié

La une de Libération appelant, mardi, à régulariser les immigrés clandestins travaillant dans « les secteurs en tension » était une première salve en forme de pétition signée par une trentaine de parlementaires allant du PCF au MoDem.

Le retour du 49.3

Il convient de revenir sur la seconde salve, tirée le même jour sur France Inter, par Sacha Houlié, député macroniste de la Vienne et président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, qui n’hésite pas à prôner un « 49.3 populaire » afin de faire passer cette mesure pour le moins controversée. Ainsi, assure-t-il, « si toute la population nous soutient, alors il faut assumer d’aller au vote, ou alors de faire adopter des lois ».

Ce soutien populaire, il dit le tenir de deux sondages, l’un de BVA-RTL et l’autre du Journal du dimanche, quotidien tout d’un coup redevenu référence en matière d’élégances républicaines… À en croire ce dernier, « 64 % des Français sont favorables à un titre de séjour spécifique » pour ces mêmes « secteurs en tension ». Une tendance que semble confirmer celui de BVA-RTL selon lequel « 68 % des Français » soutiendraient cette mesure, dont « 65 % des sympathisants LR », alors que « leur parti y est opposé ».

Fort bien. Un petit détail, toutefois : le premier sondage remonte à décembre 2022 et le second à avril 2023. Sachant que le résultat de n’importe quelle enquête d’opinion ne reflète le sentiment réel des personnes interrogées qu’au moment où la question a été posée, il serait peut-être intéressant de savoir ce que les Français pensent aujourd’hui de ce sujet. Mais Sacha Houlié paraît n’avoir que faire de ce genre de distinguo, excipant de ces sondages à date de péremption largement atteinte comme autant d’arguments d’autorité.

Prendre le pouls du pays ?

Là, il faudrait savoir : le Président jupitérien gouverne-t-il du haut de l’Olympe ou tel le coq juché au sommet du clocher, changeant de direction à chaque saute de vent sondagière ? Car à ce compte, et s’il fallait diriger la France au gré de l’humeur des Français, Emmanuel Macron pourrait tout aussi bien remettre la peine de mort à l’honneur ; fort d’autres sondages pas si lointains, dont il ressortait clairement que son rétablissement était souhaité par une partie non négligeable de nos compatriotes.

Et, tant qu’à prendre la vox populi pour unique viatique, il semble que les Français se soient exprimés haut et fort contre le premier d’entre eux lors de l’envoi de la Coupe du monde de rugby, au Stade de France, ce vendredi 8 septembre. Ce qui vaut tous les sondages passés, présents et même peut-être à venir. Selon la logique de Sacha Soulié, Emmanuel Macron devrait donc démissionner, eu égard à cet autre « 49.3 populaire ». Sans surprise, il ne l’a pas fait !

La ficelle est donc un peu grosse et notre homme ne s’en cache même pas, tentant de mettre les dirigeants Républicains en porte-à-faux vis-à-vis de leurs propres électeurs. Il est vrai que le trio Olivier Marleix, Éric Ciotti et Bruno Retailleau semble persister à refuser cette nouvelle régularisation massive d’immigrés clandestins ; de peur, on imagine de voir ce qui demeure de leurs troupes demander l’asile politique au Rassemblement national ou à Reconquête. Les LR feraient même planer la menace d’une motion de censure. Mais encore faudrait-il qu’ils la votent ensuite, ce qui signifierait qu’il faudrait mêler leurs voix à celles de LFI et du RN.

Nous en sommes loin. Très loin.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Et que fait-on des millions d’étrangers en situation REGULIERE qui glandent aux frais du contribuable, à coup d’allocations sociales jusqu’à la retraite? Personne n’a eu l’idée de les mettre au boulot?

  2. Je suis rentrée à l’Assedic en 1976 suite à un recrutement massif prévu pour plusieurs années de montée du chômage. Je suis partie en retraite en 1999 et le chômage montait toujours. Connaître la vérité sur le nombre actuel de demandeurs d’emploi est toujours impossible entre les radiations intenpestives ou erreurs et ceux en formation. Il me semble que trouver des ouvriers, des employés ou des cadres dans ces professions doit être un peu plus facile en les rémunérant correctement !

  3. Les français huent Macron mais dès qu’il fait les gros yeux, ils courent se faire injecter et revotent pour lui. Macron mène une politique anti-française avec le consentement des français. A partir de là, il n’y a rien à espérer. Ce n’est pas Macron le problème mais les français.

  4. Souvenez-vous de 1981, avec Mitterrand et Mauroy, facilitation des entrées d’immigrés maghrébins pour faire plaisir à Bouygues et au grand patronat qui voulait limiter la hausse des salaires, puis dépenses sociales exorbitantes. Résultat : hausse du chômage (cadres et ouvriers) et pour limiter les dégâts, institution du RMI, qui n’a cessé de se développer pour aboutir au RSA. Dans certaines régions, comme le Nord-Pas de Calais, on trouve parfois plusieurs générations qui n’ont jamais travaillé. Est-ce acceptable ? Il est temps aujourd’hui d’inverser la tendance : remettre au travail les chômeurs (RSA ou non) avec la mise en place de formations professionnelles adaptées aux besoins et arrêt total de l’immigration. Aucun secteur n’a besoin de main-d’oeuvre étrangère. Il suffit simplement d’augmenter les salaires des métiers pénibles.

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