Réforme des retraites : pour LR, pactiser ou s’opposer ? L’impossible choix

LR

Renaissance et LR sont sortis heureux de la commission mixte paritaire rassemblant sénateurs et députés qui devait trouver un compromis sur la réforme des retraites. Elle vient d'adopter, ce mercredi, à 17 h 30, le texte ouvrant la voie à un vote final de l'Assemblée nationale jeudi. Si, du côté de la gauche et du RN, la position était claire, Renaissance s’est lancé à corps perdu dans une ultime opération séduction à l’endroit du groupe de la droite et du centre. Une opération qui en dit long sur l’impossible ligne du parti présidé par Éric Ciotti.

Quelles que soient leurs dénominations (« Constructifs », « Horizons ») ou qu'ils adoptent un statut d'opposant, le centre droit et Les Républicains, définitivement, n’y arrivent pas. Ils ont vu une grande part de leurs cadres avalés au fur et à mesure du premier puis du second mandat d’Emmanuel Macron. Lors des élections législatives de juin dernier, on a même aperçu un député, Robin Reda, tracter pour LR contre Macron, quelques heures avant son investiture… par Renaissance ! Cette semaine, c’est le maire d’Orléans Serge Grouard, l’un des derniers patrons de grande ville du parti, qui vient de claquer la porte en regrettant l’impossibilité de créer « un pacte de gouvernement » avec Emmanuel Macron. À l’Assemblée nationale, le groupe LR présidé par Olivier Marleix est au bord de l’implosion. Au Sénat, la voix de Bruno Retailleau (LR) va dans le sens de la réforme. Les négociations au cours de la commission mixte paritaire ont donné du corps à cet accord apparemment enfin trouvé entre LR et la majorité. « Renaissance a accepté à peu près toutes les exigences des Républicains », s’est agacée la sénatrice socialiste des Landes Monique Lubin, en sortie de cette CMP. « Il s’agit bien d’une réforme de droite, portée par un gouvernement de droite soumis aux LR », a pesté, de son côté, l’ancien ministre et sénateur PS Hélène Conway-Mouret. On serait presque tenté de croire que l’ancien ministre de François Hollande cherche à ressusciter ce fameux clivage gauche-droite synonyme d’une époque où les idées étaient plus claires et plus marquées. Cela lui fait un point de convergence avec LR.

Las, le groupe d’Olivier Marleix souffre d’un paradoxe inattendu, d'une forme de boomerang électoral. Son groupe est famélique et il est constitué en grande partie d’élus de la France rurale qui doivent leur siège à leur statut d’opposant à Macron mais appartiennent à une famille politique qui, au fond, adhère idéologiquement à une réforme que le candidat Fillon et son lieutenant Retailleau n’auraient pas reniée. D’ailleurs, ce dernier la défend. Reconnaissons-lui au moins cette cohérence.

LR tiraillés, LR déboussolés

Est-ce parce qu’il craint des dérapages qu’Olivier Marleix a resserré la vis ? Le patron du groupe a été clair : si certains parlementaires signaient une motion de censure, ils seraient exclus du groupe. Une affirmation qui donne, en tout cas, une information : LR ne veut pas voir ce gouvernement tomber. Car la censure du gouvernement d’Élisabeth Borne signifierait l’exécution d’une menace d’Emmanuel Macron : en cas de censure, l’Assemblée sera dissoute. Le scénario plairait au RN, qui y verrait l’occasion d’étoffer son groupe. Il serait une aubaine pour la NUPES, qui y décèlerait une démonstration de faiblesse, mais ce serait un risque terrible pour LR, qui pourrait voir son groupe s’affaiblir encore davantage. Dans le détail, il est pertinent de s’interroger sur la réalité territoriale des députés LR opposés à la réforme des retraites. Ian Boucard (Belfort), Aurélien Pradié (Lot), Pierre Cordier (Ardennes), Julien Dive (Ardennes) sont élus de territoires de la France périphérique, frappés par la crise et la désertion des services publics. Des circonscriptions sacrifiées sur l’autel de la mondialisation heureuse, largement dominées par la NUPES ou le RN et farouchement opposées à Emmanuel Macron. Ces électorats sont bien différents du fief d’Éric Ciotti dans les Alpes-Maritimes et se rappellent au bon souvenir de leurs députés à chaque retour en circonscription.

Scénarios perdants

Quelle que soit l’hypothèse, LR est en difficulté. Si la motion passe et si l’Assemblée est dissoute, LR sera affaibli. Si la réforme passe avec l’aide des Républicains, ceux qui doivent leur siège à leur statut d’opposant y perdront tout crédit. Si la réforme passe avec l’aide du 49.3, LR sera malgré tout complice de la casse sociale et du forçage démocratique qu’entraînerait cette réforme (selon les oppositions). C’est là le drame des Républicains : la cohérence idéologique est du côté du Sénat. Retailleau et les siens peuvent avancer sans trembler : « Ils ne dépendent pas du suffrage universel direct, eux », grince un député de l’opposition. Quelle que soit la fin de cette histoire, aucun sénateur ne risque sa place. Le privilège du Sénat.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

34 commentaires

  1. La plupart des députés LR sont favorables à cette loi sur les retraites mais Zemmour aussi ! Il la revendique même tandis que le RN y est très opposé depuis l’origine de ce projet. Il ne peut y avoir d’union des « droites » parce que la droite est toujours du côté des puissants et que le RN, lui, est du côté de la nation et donc de la solidarité nationale. MLP et Jordan Bardella ne sont pas libéraux, eux. Or l’opposition entre libéraux et illibéraux est essentielle, ce que les partisans de l’union des « droites » n’ont toujours pas compris.

  2. Bonjour
    Le Mozart de la finance agite le drapeau de la dissolution de l’ AN et dans le même temps ce jour c’est le Requiem de Mozart pour les LR et leurs amis pris au piège de la double contrainte

  3. Certes les sénateurs ne risquent pas leur place pour le moment mais l’avenir nous dira certainement le contraire si LR se dissout encore davantage. Tout cela fait le jeu du RN et aussi d e Reconquête qui ne l’oublions pas a obtenu plus de deux millions de suffrages à la présidentielle et qui reste en embuscade. Cette réforme des retraites est un tournant que chacun va tenter de négocier, tout comme les syndicats.

  4. Depuis 1969, je me méfie de cette mouvance se faisant élire sur un programme de droite et pliant genou au moindre ordre de la gôche et autres assos. En 1963, elle fit venir des immigrés sur pression du CNPF MEDEF et en 1975/76 institua le regroupement familial. Le CNPF payait les campagnes électorales ( UNR UDR RPR) et obtenait la baisse des salaires. lr appartiennent au Centre qui assure leur gamelle électorale. Rappelez vous de Jacques Duhamel ralliant Pompidou pour faire intégrer la GB en 1973 dans l’Ue. Longue et cruelle liste des trahisons des imposteurs se réclamant
    du gaullisme.

  5. Le Gouvernement risque (?) de tomber sur ce texte et pourtant les pensions de retraites telles que conçues risquent de disparaître elles aussi, faute que noue ayons fait assez d’enfants pour les pouvoir paye,rsurtout si certains revendiquent le droit à ne rien faire . Ainsi meurent les civilisations sous les coups de démocraties égoïstes et bornées.

  6. LR/LREM c’est tout comme UMPS/PC, ceux et celles qui votent pour ces parvenus se font complices de leurs forfaitures.

  7. LR continue de descendre l’escalier des compromissions : ce n’est plus l’intérêt de la France et des Français qui les motive mais celui de leur gamelle : consternant

    • Bonjour La compromission date de 2005 sous Sarkozy avec le non respect du vote des français contre Maastricht
      Qu’ils disparaissent enfin pour éclairer l’horizon

  8. Les républicains, le parti des traites qui attendent jusqu au dernier moment de connaître le meilleur sens du vent pour retourner leur veste du côté qui leur sera le plus favorable à une promotion ou une bonne planque grassement rémunérée, le meilleur d entre eux étant leur chef ciotti un véritable artiste en la matière

  9. On attendait pas grand chose de la droite d’Éric Ciotti à Nicolas Sarkozy en passant par Bruno Retailleau, mais la déception est venue d’Éric Zemmour qui est allé se rallier à cette galère en perdition, toujours dans son rêve d’union avec des gens qui l’ont déjà faite, mais avec la gauche autour d’Emmanuel Macron.

  10. Julien DIVE est député des Hauts de France plus exactement de l’Aisne. Les sénateurs LR en se ralliant à Macron pour la réforme des retraites ont écœuré leurs électeurs et ont signé leur défaite aux prochaines élections. C’est exactement ce que voulait Macron ! Tant pis pour eux s’ils ne sont pas assez intelligents pour réfléchir correctement ! Certes les sénateurs sont élus par les grands électeurs mais s’ils perdent des élus aux prochaines élections certains sénateurs ne seront peut-être pas réélus. Dans quelques mois il y a un renouvellement de la moitié des sénateurs ! Les LR sont finis !

  11. Ces gens du LR trahissent leurs électeurs depuis 40 ans, il n’y a pas de raison qu’ils changent. Le plus triste, c’est qu’il y a encore des naïfs qui leur font confiance alors qu’ils ne sont que des traîtres.

    • Erreur depuis 1963 et depuis 1975/76: ouverture des vannes de l’immigration et institution du regroupement familial. Cdt.

  12. Le LR est foutu , incapable de prendre une décision , soumis à Macron , mais en même temps copiner avec d’autres au cas ou le vent tourne pour éventuellement récolter quelques sièges . Des lâches , des menteurs et des profiteurs .

    • Bonjour
      Nous avons généralement en France un gouvernement d’hommes qui savent ce qu’ils veulent Ils veulent y rester
      André Frossard

  13. Pour LR les jeux sont faits, la question ne se pose plus: que ce soit à Paris ou à Bruxelles ils sont une annexe de la Macronie, comme Horizons.

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