Rappeler que Macron a travaillé à la banque Rothschild, est-ce de l’antisémitisme ?
La LICRA et le CRIF accusent le député LR Fabien Di Filippo de propos antisémites pour avoir diffusé ce tweet : "Entre négation de l'identité française et nouvelle insulte au peuple français, le Président Rothschild @EmmanuelMacron s'est encore surpassé au Danemark." Ces associations demandent à Laurent Wauquiez de le sanctionner.
Regardons de plus près dans quelles circonstances ce tweet a été écrit. Le député incriminé répondait à l'allusion incongrue d'Emmanuel Macron, en visite au Danemark, au "Gaulois réfractaire au changement". La référence à Rothschild rappelait son passé de banquier d'affaires et son parti pris pour la finance, qui semble être le pivot de ses réformes. C'est une pique, lancée dans un message destiné à frapper les esprits, qui correspond à ce que pense sans doute une majorité de Français sur le Président, Président des riches, voire des très riches...
Voir dans la formule de Fabien Di Filippo un relent d'antisémitisme tient donc plus du procès d'intention que d'une analyse objective. Au demeurant, s'il est stupide ou abusivement simpliste de faire un rapprochement constant entre les juifs et l'argent, il serait contraire à l'honnêteté intellectuelle de nier leur rôle historique dans le système bancaire et les prêts.
On peut constater que les juifs se sont toujours intéressés à ce secteur, tout comme, au XIXe siècle, en France, les milieux protestants, alors que l'Église catholique a longtemps condamné l'usure. La seule conclusion qu'on puisse en tirer, c'est que les religions ont pu avoir une influence sur les mentalités et sur le rapport à l'argent et l'économie. Du reste, c'est bien ce qu'Emmanuel Macron laisse entendre lorsqu'il qualifie les Danois de "peuple luthérien"...
La réaction de la LICRA et du CRIF est symptomatique de la dérive qui consiste à voir partout des traces d'antisémitisme, même quand il n'y en a pas. Cette accusation permet de mettre la personne incriminée au ban de la société, voire de la rendre complice ou solidaire de la barbarie nazie. Cet excès de zèle ne semble pas la meilleure façon de lutter contre l'intolérance.
Avec une telle conception, on pourrait mettre à l'index de nombreuses œuvres. Faut-il censurer, chez Balzac, le portrait de l'usurier Gobseck ? Ou accuser Voltaire d'être antijuif ? Plus récemment, on se souvient des attaques portées contre Hergé, accusé de racisme dans Tintin au Congo ou d'antisémitisme dans L'Étoile mystérieuse : le méchant de l'histoire n'était-il pas initialement un banquier juif américain du nom de Blumenstein ? Ou encore contre Éric Zemmour, qualifié par Jacques Attali de « juif antisémite ».
Faut-il aussi bannir cette expression populaire pas bien méchante (et qui résonne, d'une certaine façon, comme un hommage) : "Je ne suis pas Rothschild" ? Une expression que n'aurait sans doute pas reniée le baron Edmond de Rothschild (1926-1997) qui disait : "Un Rothschild qui n'est pas riche, pas juif, pas philanthrope, pas banquier, pas travailleur et qui ne mène pas un certain train de vie n'est pas un Rothschild."
Faut-il, enfin, effacer du CV d'Emmanuel Macron son passage à la banque Rothschild ? C'est un fait. Il n'était pas travailleur social en banlieue. L'accusation d'antisémitisme portée contre ce député, qui a répondu du tac au tac à une formule déplacée de Macron, ne tient pas un instant. Ce n'est pas avec de telles caricatures qu'on défend une cause. Bien au contraire ! Ces excès placent leurs auteurs dans le camp des fanatiques.
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