Quand Muriel Pénicaud tombe dans le piège Delevoye…

pénicaud

La chasse est ouverte. Elle l’est depuis longtemps, à vrai dire depuis que ce gouvernement d’apprentis gouvernants est aux manettes. Et même avant qu’il ne soit aux manettes, la belle gueule de gendre parfait de notre Président était parfois insupportable à la classe médiatique.

Il faut dire que depuis qu’il y a songé en se rasant, « le petit » leur bat froid. Après la table ouverte chez François Hollande et les relations très proches entre politiques et médias, la chose est dure à avaler, forcément…

Alors, on fouine. On débusque. Parfois, on lève des lièvres qui s’enfuient en courant, oreilles au vent. Parfois, aussi, on brasse de l’air pour brasser, on lâche quelques boules puantes juste pour le plaisir de les lâcher. C’est, si l’on y regarde bien, ce qui arrive aujourd’hui à Muriel Pénicaud, ministre du Travail.

Il faut dire que l’affaire Delevoye ravive les tentations. Ce monsieur qui confiait les purges administratives à sa femme a grandement péché par omission. C’est ça, le problème : à force de multiplier les casquettes et les conseils d’administration, on en oublie.

Et, donc, Le Monde nous offre, ce vendredi matin, un nouvel os, un ministre en l’occurrence, à ronger.

« La HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique) demande à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, de renoncer à un siège au conseil d'administration du Forum économique mondial de Davos », signale le quotidien.

Davos, je ne vous l’apprends pas, est une horreur. Ce nom, à lui seul, suffit à déclencher un réflexe pavlovien. Pensez, « une grande réunion annuelle dans la station de ski huppée de Davos, en Suisse, où PDG et chefs d'État se retrouvent pour réfléchir à la marche du monde ». En ces temps de grèves et de manifestations, c’est pire qu’un chiffon rouge.

Voyons donc les faits. À la demande de cette docte assemblée, notre ministre du Travail est entré à son conseil d’administration le 15 novembre dernier, « à titre bénévole ». Conformément à la loi, elle a, le 28 novembre, modifié sa déclaration d’intérêts à la HATVP en y mentionnant le mandat en question. Précision : Muriel Pénicaud n’a jamais siégé audit conseil d’administration.

Le 18 décembre, la HATVP lui a communiqué sa décision, à savoir « un avis d’incompatibilité » avec ses fonctions ministérielles. Muriel Pénicaud a aussitôt démissionné de ce mandat qu’elle n’avait pas exercé. Il n’y a donc aucune affaire !

En revanche, il y a sans doute de la naïveté chez tous ces gens nouveaux en politique. Muriel Pénicaud nous dit ainsi, avec une sorte de candeur : « Ce conseil, qui n’a pas de pouvoir décisionnaire, était une opportunité de promouvoir ma vision de la nécessaire régulation sociale de la mondialisation. » Elle est sûrement sincère, mais il y a là-dedans un mot qui, comme Davos, écorche les oreilles du bon peuple : mondialisation.

Et puis Muriel Pénicaud porte, elle aussi, une tare indélébile : elle fut directrice adjointe de Dassault Systèmes. Une « patronne », en somme. Une femme qui a « réussi ». Deux choses insupportables dans notre monde où la lose est devenue un gage de vertu…

Reste qu’on se demande comment il se fait qu’elle n’ait pas deviné que, dans le contexte actuel, les mots « Davos », « conseil d’administration », « ministre du Travail » et « mondialisation » deviendraient autant de casseroles à traîner ? Naïveté, une fois encore ?

Dernière question : si ces gens-là exerçaient un mandat bénévole dans une association caritative type Resto du cœur, Secours catholique ou Secours populaire, y verrait-on de même un conflit d’intérêts et les dénoncerait-on de la même manière ?

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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