Présidentielle roumaine : la France accusée d’ingérence

George Simion s’est fait l’écho d’accusations d’ingérences étrangères, dont françaises.
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La nouvelle élection présidentielle roumaine va-t-elle être annulée ? C’est en tout cas ce qu’a annoncé avoir officiellement demandé George Simion, après s’être dans un premier temps déclaré vainqueur, puis avoir accepté sa défaite. « Je demande officiellement à la Cour constitutionnelle d'annuler les élections présidentielles roumaines », a-t-il déclaré, sur son compte X, le 20 mai, précisant que sa requête était motivée par « les mêmes raisons que celles pour lesquelles les élections de décembre ont été annulées : les interférences extérieures d’acteurs étatiques et non étatiques ». Mais il a précisé que, « cette fois, c'est étayé par des preuves ! », rappelant ainsi que les accusations de financement et d’ingérence russes qui avaient été invoquées par la Cour constitutionnelle contre Călin Georgescu pour annuler l’élection présidentielle de décembre 2024 n’ont jamais pu être prouvées.

Rappelons qu’à l’époque, même sa rivale, l’européiste Elena Lasconi, avait considéré que cette décision était « illégale, immorale et écras[ait] l’essence de la démocratie », et que l’État avait « piétiné la démocratie ». Le revirement de George Simion depuis l’annonce des résultats s’explique par un faisceau d’indices convergents, et ne venant pas cette fois-ci des milieux officiels.

Un faisceau d’indices

Il y a en premier lieu l’ampleur de l’évolution du nombre de voix recueillies par Nicușor Dan entre les deux tours qui interroge. 4,2 millions de voix en plus, c’est énorme. Un gain qui a d’ailleurs fortement étonné le journaliste Régis Le Sommier, qui a fait remarquer que « Nicușor Dan, le vainqueur de la présidentielle en Roumanie, a à peine dépassé les 20 % au premier tour pour finir à 54 % […] Un tel rattrapage est très bizarre. C’est du jamais-vu ! »

Un examen approfondi des résultats a par ailleurs révélé des cas étranges. George Simion s’est ainsi interrogé sur le nombre des votants officiellement comptabilisés, estimant qu'il était impossible que 11,5 millions de Roumains aient pu voter le 18 mai. Selon lui, un nombre important de suffrages pris en compte proviendrait en fait de personnes décédées dont les noms n’auraient pas été supprimés des listes électorales.

D’autres bizarreries poseraient aussi question, comme les résultats du comté de d’Ilfov, où un républicain américain a remarqué qu'une participation aussi massive (81 % contre une moyenne de 64,7 %) s’est doublée d’un vote massif pour Nicușor Dan.

Sur CNews le 20 mai, Vincent Hervouët rappelait qu’en décembre 2024, Călin Georgescu « a été viré, soi-disant pour des ingérences russes. C'était totalement faux, l'enquête sur TikTok a révélé que c'était au contraire un candidat roumain, le parti du pouvoir. Le type a été interdit, exécuté, liquidé. » Pour le journaliste de politique étrangère d’Europe 1, « l'homme qui a été élu avant hier, d'une certaine manière, n'est pas légitime, et c'est entériné par les instances européennes ».

Ingérences

George Simion s’est aussi fait l’écho d’accusations d’ingérences étrangères, non pas russes mais moldaves, et surtout françaises. Ces dernières ont été rapportées par Pavel Durov, patron du réseau social Telegram, qui affirme avoir été approché, « au printemps », à l’hôtel de Crillon par Nicolas Lerner, directeur de la DGSE, lequel lui aurait « demandé de bannir des voix conservatrices en Roumanie avant les élections ». « Je suis prêt à venir témoigner si cela aide la démocratie roumaine », a confirmé, depuis, Pavel Durov sur son compte X. Le Quai d’Orsay a immédiatement démenti, mais le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est ensuite un peu emballé sur France Inter, évoquant les ingérences « d’acteurs russes » qui auraient motivé l’annulation de la présidentielle de décembre, alors que cette accusation n’a jamais été prouvée.

En attendant les suites qui seront données au recours déposé par George Simion, force est de constater, comme l’expliquait Yann Caspar dans nos colonnes, que la série à suspense qu’est devenue la présidentielle roumaine ne peut être résumée à un affrontement « pro-européens contre pro-russes », mais révèle le rejet, par la société roumaine, de « l’agenda woke de Bruxelles ». Agenda qui, ingérence française ou pas, est aussi celui de l’Élysée.

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Vraiment, qui peut prétendre que quelques conseils avisés, émanant d’un président de l’UE, et pas des moindres, peut être qualifié d’ingérence ?

  2. Thierry Breton va pouvoir dire « Ce que nous avons fait [puis refait] pour la Roumanie, nous le referons pour …. »
    Quelqu’un qui tient ses promesses, c’est génial, non ?
    Mouais…

  3. Haut les coeurs ! La Roumanie va être secouée par une grosse crise judiciaire . La Commission européenne devrait connaître la même chose dans le courant de l’année .

  4. Nous, manipulés ?
    Mais non ! nous ne sommes pas comme eux !
    Qui donc parle d’ingérence ?
    Faisons semblant de croire… et bientôt nous croirons.
    Et, dans trois ans nous aurons l’actuel prévôt du Havre, ou son image, au pouvoir grâce à des alliances de tous bords… Il n’aura qu’à faire prospérer le camp des « il faudrait » et des « nous verrons… »!
    Et nous, nous attendrons…

  5. Je vous rappelle que les résultats des 2 tours des élections françaises, ont, eux aussi été largement tronqués.
    Si vous cherchez un peu vous trouverez. (2 photos de la 2 juste avant 20H) vraiment bizarres, entre autre.
    Parfait que la Roumanie mette les pieds dans le plat et fracasse un peu cette fourmilière abominable. A nous d’en prendre exemple.

  6. Même en Afrique ils n’auraient pas osé… 30 points de remonatada entre les 2 tours et… 10 points de + au 2ème! Trop forts les mecs. Trucage évident.

  7. On attend toujours les preuves concernant Moscou, mais pour Paris, elles sont là, donc dans un monde normal on annule l’élection dernière et pas besoin d’aller chez le juge de paix ( hahah) On peut évoquer déjà l’activité de dame Hayer, les propos des commissions de Bruxxxelles, les avertissement d’un ponte de Brussels qui annonce avoir la capacité d’annuler une élection nationale, ça fait beaucoup, mais en fonction du principe qui veut que plus c’est gros plus ça passe, méfiance !!!

  8. Selon la députée européenne Nathalie Loiseau, s’ il y a implication de l’Union Européenne et de la France dans le vote en Roumanie, Mr Simeon doit pouvoir le prouver et en a le devoir pour être crédible, ce qui est évident, mais, ne l’est plus lorsque l’UE déclare que la Russie a commis un délit d’ingérence dans la première élection, et, à ce jour, n’a fourni aucune évidence, ne l’a pas prouvé, et ne donne même aucun signe de vouloir le faire. Ce qui est exigible pour les uns, ne l’est plus pour les autres. Deux poids deux mesures dans cette dictature soft, douce, mais pas molle, qu’est l’Union Européenne avec son armée de petits technocrates gris, et de tyrans pathétiques.

  9. C’est une évidence qu’il y à eu tricherie quand au 1er tour il y à 22% d’écart pour ensuite que celui-ci ne gagne pas,cela arrive aussi en France,Marine à 19h50 à 1 million de voies d’avance sur Macron et à 20h c’est Macron qui remporte la mise.

  10. Qu’est ce que la démocratie à l’européenne ? C’est simple.
    Quand les gens votent bien, donc pour l’Europe, on valide.
    Sinon, on annule et on recommence.
    C’est pourtant pas compliqué à comprendre, la démocratie.

  11. Pour que ce soit crédible il aurait fallu que la victoire de N.Dan soit plus mesurée. Dans la falsification ils sont mauvais !

  12. Qui l’eût cru ? La France, dont le président est un parangon de vertus, capable de telle turpitude. A d’autres !

    • @Fournier Gérard

      Même si la demande d’annulation a très peu de chance d’aboutir il fallait la déposée! George Simion a eu raison de la formuler. Cette demande d’annulation va être connue partout et met l’UE sous les projecteurs et fait parler partout sur les agissements de la la matronne du soviet suprême de Bruxelles. Ne pas demander l’annulation de cette élection roumaine aurait clos le chapitre et la bande bruxelloise aurait été tranquille! Ne pas laisser l’UE magouiller sans rien dire est essentiel. Même si la demande de Sinion, a peu de chance d’aboutir!

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