Laïcité en péril : les préfectures désormais co-organisatrices de l’aïd el-kébir

La mention récurrente du « sacrificateur » dans les textes officiels laisse pantois.
aid el kebir

Les 5-6 juin prochains aura lieu l’aïd el-kébir (ou aïd el-adha), fête musulmane qui est l’occasion d’un massif égorgement de moutons. Pour gérer cela, toutes les préfectures de la République sont sur le pont, au point qu’elles paraissent désormais co-organisatrices de la fête.

Trafic et abattage clandestin

À l’approche de la fête, les communiqués officiels tombent, venus des préfectures du Gers, de l’Hérault, de Savoie, de Mayenne, des Pyrénées-Orientales, du Gard, du Rhône, de l’Isère, de la Moselle, de l’Aisne… Elles attirent l’attention des fidèles sur l’importance de « la protection du bien-être animal, la sécurité sanitaire des consommateurs et la protection de l’environnement » (Gers). Hypocrisie totale, car dès lors que l’égorgement est fait à vif et sans étourdissement préalable, pour le bien-être animal, on repassera.

Les bêtes doivent être dûment identifiées, rappellent les préfectures, et, dès ces jours-ci, les transports d’ovins vivants sont strictement réglementés dans les départements. Cela, afin d’empêcher le trafic qui alimente l’abattage clandestin, individuel ou groupé, strictement interdit et passible de six mois d'emprisonnement et de 15.000 euros d’amende. Tous les ans, des abattoirs clandestins sont débusqués, comme dans l’Oise, l’année dernière. Malgré l’« arsenal juridique » français, notait le site ObservAlgérie, « de nombreux citoyens ont souvent recours à des abattoirs clandestins pour le sacrifice du mouton ». Ces trafics nous renvoient à la problématique des mystérieux vols de moutons en amont de la fête.

Le livret de 2016

Les préfectures se réfèrent au texte qui fait autorité en la matière : « Aïd el-kébir — Modalités d’organisation et d’encadrement de l’abattage », publié en 2016 par le ministère de l’Intérieur et celui de l’Agriculture. On y lit ces lignes quasi catéchétiques : l’aïd « est une fête célébrée chaque année par les musulmans du monde entier, qui commémore, selon la tradition musulmane, le sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi » (p. 8). Imaginons un guide du ministère de l’Intérieur réglementant, par exemple, la fête du Christ-Roi et qui enseignerait qu’elle célèbre la souveraineté du Christ sur toute la création : on imagine ce qu’en diraient LFI et la libre-pensée. La laïcité sans cesse invoquée paraît aussi curieusement débordée lorsque le guide mentionne le rôle du « sacrificateur » (le mot, ainsi que celui de « sacrifice », apparaît une dizaine de fois). Là encore, imaginons, dans un texte ministériel, la mention du « saint sacrifice de la messe »…

Quelques préfectures reprennent les termes de « sacrificateur », de « sacrifice ». « L’abattage rituel sera réalisé par un sacrificateur habilité en présence des représentants du culte musulman désignés au préalable » (Gers). « Le sacrifice devra s’effectuer dans les abattoirs agréés par les pouvoirs publics » (Mayenne). Les Pyrénées-Orientales parlent de « sacrificateur habilité » et l’Isère d’« un sacrificateur formé à la protection animale ». Car, afin d’éviter toute souffrance, dit le livret de 2016, « il est recommandé que le sacrificateur soit formé au geste de saignée ainsi qu’à l’affûtage des couteaux » (p.36). Vous voilà rassurés ?

Effet pervers d’une canalisation nécessaire

On ne saurait reprocher aux préfectures de canaliser cette fête de l’aïd qui, sans cela, donnerait libre cours aux trafics d’animaux et aux égorgements sauvages. Mais le fait qu’il faille répéter les règles de la République chaque année, dans tous les départements, prouve que ces règles n’ont que trop tendance à ne pas être entendues. Et comment en irait-il autrement ? En 2020, 38 % des musulmans français considéraient que « la charia est plus importante que la loi de la République ». Or, si l’on peut déléguer le sacrifice du mouton à un tiers, l’idéal musulman veut que chaque chef de famille fasse lui-même le sacrifice (« fortement recommandé »), d'où les possibles dérives.

Effet pervers de leur implication, les préfectures sont, de fait, co-organisatrices de la fête religieuse, aux côtés des mosquées — comme deux familles préparant un mariage. C'est le signe d’une assimilation à l’envers, déjà constatée dans la musique, le parler, l’habillement. Dans un rapport publié ce mois-ci par le think tank Fondapol, le préfet des Hauts-de-Seine Alexandre Brugère veut « combattre l’islamisme sur le terrain », et c’est louable. Mais avec la fête de l’aïd, on ne parle même pas d’entrisme islamiste — juste du poids de l’islam ordinaire sur nos institutions préfectorales.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Et allez donc, on se couche une fois de plus. Les écolos qui se mobiliusent pour 100 fois moins restent bien discrets dans ce cas.

  2. Comment s’en étonner en sachant que les préfets sont nommés par le président de la république en Conseil des ministres sur proposition du premier ministre et du…………………………..ministre de l’Intérieur.

  3. On n’entend pas trop les défenseurs des animaux là ou je deviens sourde avec l’âge ?

  4. Infiltration de l’islamisme jusque dans la langue française, et pis encore, dans la langue de l’Administration au plus haut niveau.
    Un petit stage sur la lexicologie française pour les Préfets ?

  5. Moi y’en a pas comprendre…
    D’un côté on veut interdire les tondeuses automatiques la nuit (si, si) parce que ça dérange les hérissons et de l’autre côté on autorise l’abattage sauvage de milliers de moutons sous la protection des préfectures.
    J’ai raconté ça à mon cheval de bois, il m’a donné un coup de pied…
    Je viens de finir la lecture du « Président toxique  » d’Étienne Campion et j’ai tout compris sur la France qui se porte si bien….
    A +

  6. « le sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi » est relate aussi dans la bible, ce n’est pas pour cela que les chrétiens massacrent des moutons ! Ce récit symbolique montrait l’amour d’Abraham pour Dieu mais n’était pas destiné à encourager la barbarie, certains l’ont compris, d’autres non !

  7. L’égorgement des moutons pour cette tradition musulmane souvent dans des conditions inacceptables ( dans les baignoires des appartements privés ) ; alors j’aimerai savoir qu’en pense le grand défenseur des moustiques , l’inénarrable Aymeric Caron .

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