Présidentielle : les sondages, c’est comme la queue du chien
Les sondages, c’est bien connu, c’est comme la queue du chien : ça va, ça vient. Les sondages, pour rester dans la métaphore animalière, sont comparables à l’éternelle question de l’œuf et de la poule : est-ce le sondage qui fait l’opinion ou le contraire ? Par ailleurs, on ne peut pas sous-estimer le phénomène de la spirale : vertueuse ou infernale. Plus les sondages sont bons pour untel, plus untel monte dans l’opinion publique ; et plus untel monte dans l’opinion publique, plus il progresse dans les sondages. Et inversement : la lose appelle la lose. Tout cela pour dire qu’il ne faut peut-être pas s’emballer quant aux sondages de tel ou tel candidat potentiel à l’élection présidentielle.
Ainsi, entre le 15 et 18 octobre, Harris Interactive a publié un sondage, largement relayé par les médias, dans lequel Éric Zemmour arriverait en deuxième position devant Emmanuel Macron, avec 17 ou 18 % des voix, selon que le candidat des LR est Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou Michel Barnier. Marine Le Pen ne serait, alors, qu’à 16 % dans tous les cas de figure. Évidemment, l’érosion de l’ancienne présidente du Rassemblement national est indéniable quand les sondages la donnaient, il y a quelques mois encore, au coude-à-coude avec Emmanuel Macron, voire devant lui. Mais avec 17 % pour l’un, 16 % pour l’autre, on est dans la marge d’erreur et il faut reconnaître que rien n’est joué, qu’il peut se passer encore plein de choses jusqu’au premier tour, que la déclaration de candidature officielle d’Éric Zemmour pourra avoir un effet euphorique et entraînant... comme tout le contraire. Souvenons-nous de la déclaration de candidature ratée d’Édouard Balladur, pourtant alors entraîné dans une spirale vertueuse. Il est vrai, aussi, qu’Éric Zemmour connaît par cœur son Histoire politique contemporaine et qu’il saura sans doute éviter les erreurs de l'ancien Premier ministre. Mais l’on ne peut présupposer de rien.
Par ailleurs, un deuxième sondage, effectué par Ipsos, réalisé pour Le Monde et le CEVIPOF, effectué sur un panel de 16.000 personnes, donne aussi Éric Zemmour en deuxième position au premier tour derrière le Président sortant, avec 16 %, et 15 % à Marine Le Pen. Un sondage qui ne prend en compte, précisons-le, que les sondés certains d’aller voter, soit 52 % de l’échantillon. Que feront les autres ? À l'évidence, la conquête des abstentionnistes, premier parti de France, sera un enjeu décisif dans cette campagne.
Moins relayé par les médias, il faut bien le reconnaître, est le sondage d’OpinionWay effectué entre le 18 et 19 octobre, soit quelques jours après le sondage de l’institut Harris. Certes effectué sur un échantillon de 1.066 personnes, contre 2.544 pour celui d'Harris, OpinionWay donne Marine Le Pen entre 18 et 20 % au premier tour, selon que Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou Michel Barnier sont candidats. Éric Zemmour n’obtiendrait, lui, que 13 % dans tous les cas de figure, loin derrière Marine Le Pen.
On notera, dans tous les cas, la grande stabilité d’Emmanuel Macron dans tous les sondages : 23 à 26 % des voix au premier tour, et ce, quelle que soit la configuration à droite. La queue du chien ne frétille pas beaucoup mais le Président sortant est, à ce jour, assuré d’accéder au second tour.
Nul doute que les prochaines semaines seront cruciales pour savoir de quel côté balancera la queue du chien.
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