Pour Christophe Castaner, la France n’est qu’ « un élément de l’Europe » !

Christophe-Castaner

Christophe Castaner, ancien socialiste, ex-ministre de l'Intérieur et patron du groupe majoritaire à l'Assemblée, n'en rate pas une. Il a récemment déclaré que la présidentielle n'était qu'« une élection locale », précisant que la France n'est qu'« un élément de l'Europe ». Sans doute traduit-il ainsi, fût-ce de manière abrupte, la pensée de son maître. Annie Genevard, vice-présidente déléguée des Républicains, a, dans un tweet, relevé ce propos incongru, ajoutant ce commentaire : « Voilà donc l'ambition d'Emmanuel Macron pour la France ? » Il est regrettable qu'elle n'ait pas ajouté qu'elle ne voterait jamais, ni au premier ni au second tour, pour un homme qui préfère l'Europe à la France.

Faut-il s'étonner que Christophe Castaner, dont on connaît la proximité avec Macron, tienne ce type de propos ? Le maître qu'il sert lui montre souvent l'exemple à suivre. Lors de la conférence de presse organisée le 9 décembre, dans les salons de l'Élysée, il a célébré la présidence française de l'Union européenne comme un « moment historique pour porter des ambitions européennes », soulignant sa volonté de renforcer la souveraineté de l'Europe. Dans ses interventions, il associe habituellement l'Europe et la France, comme leurs drapeaux respectifs. Ce n'est pas lui faire injure que de constater, même s'il le dit avec plus de finesse, que la France n'est, pour lui aussi, qu'une partie de l'Europe.

Annie Genevard, qui soutient Valérie Pécresse, tire opportunément profit du propos maladroit – mais combien révélateur ! – de Castaner pour attaquer le Président en exercice. Encore faudrait-il qu'elle allât jusqu'au bout de sa logique et expliquât qu'un électeur qui aime la France ne pourrait jamais voter pour Macron. Or, il ne faut pas être devin pour prévoir que, dans l'hypothèse où la candidate qu'elle soutient ne serait pas présente au second tour, le parti Les Républicains appellerait à voter, sans grande hésitation ni réserve, pour le concurrent qu'il prétendait combattre afin de faire barrage à « l'extrême droite ».

Voilà qui devrait faire réfléchir les électeurs qui croient encore que Valérie Pécresse défendra bec et ongles des valeurs comme l'indépendance, la souveraineté et l'autorité de la France, objectivement mieux défendues par Marine Le Pen ou Éric Zemmour. Au passage, rappelons à ces deux candidats qu'ils ont tout intérêt, s'ils ne veulent pas risquer d'être éliminés ensemble, à s'entendre avant le premier tour. Faute de quoi, ils pourraient bien favoriser un duel entre deux personnes plus qu'entre deux conceptions de l'avenir de la France, tant Pécresse et Macron ont entre eux des atomes crochus.

D'aucuns jureront leurs grands dieux qu'un lapsus de Castaner ou un tweet d'Annie Genevard ne les influence pas et que c'est le seul intérêt de la France qui les anime. On cherche toujours à justifier son choix, fût-il indéfendable. Mais s'il en est qui hésitent et ne savent pas à quel saint se vouer, voici une recette, qui en vaut bien une autre, pour savoir pour qui ne pas voter : écarter tout candidat qui utilise systématiquement des formules comme « celles et ceux » ou « toutes et toutes ». Croyez-moi, le tri sera vite fait ! Pour déterminer qui aime vraiment la France, ce sont des petits riens qui en disent beaucoup.

 

 

 

 

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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