[Point de vue] Le projet d’accord sur la Corse… « Après ça, ce sera l’Alsace ? »

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« Après ça, ce sera l’Alsace ! » a lancé un vague dépité RN de la Somme en commentant le projet d’accord sur l’autonomie de la Corse intervenu ces jours-ci. Et alors, pourquoi pas l’Alsace, monsieur le député ? Évidemment, vu de Paris ou… de la Somme, c’est un peu comme le Tibet qui revendique son indépendance, et si l’on continue à distiller ce genre de propos ou d’allusions faussement alarmistes, il arrivera un jour où les Alsaciens-Mosellans se diront « Wen schon, den schon », c'est-à-dire « tant qu’à faire », pourquoi la cigogne alsacienne ou lorraine, quittant son nid tricolore, ne volerait-elle pas de ses propres ailes ? Après tout, le Luxembourg voisin est presque quatre fois plus petit et compte trois fois moins d’habitants que l’Alsace.

Alors, l’Alsace autonome, monsieur le député, pourquoi pas ? L’Alsace s’enorgueillit d’avoir été longtemps une terre libre, indépendante, jusqu’à son annexion par Louis XIV en 1648. En ces temps bénits d’avant le Roi-Soleil, Strasbourg comme Mulhouse, villes libres, levaient armée, battaient monnaie. Gutenberg y inventa l’imprimerie, Calvin y trouva refuge. Érasme, lors de son séjour à Strasbourg en 1514, y découvrit même la « cité idéale » de Platon, déconstruite, ravagée après 1648 par Vauban et ses troupes. Merci, la Grande Nation ! Alors, il est vrai que l’Alsace tricolore mais réaliste lorgne sans complexe de l’autre côté du Rhin. Mais que l’on ne s’y trompe pas : les Alsaciens ne sont pas nostalgiques d’un quelconque retour chez leurs cousins germains. Néanmoins, quand ils font la comparaison avec leurs voisins et leur made in Germany, les Alsaciens constatent, incrédules, que « chez eux, ça marche » : l’économie redémarre, le chômage recule, alors que dans la Françalsace , tout paraît compliqué, figé, fossilisé et que « rien ne marche »… Autant dire qu’ils en ont gros sur la Kartoffel, mes compatriotes, à lire de tels sous-entendus, et que ça détricote grave, au pays de la choucroute, où la moutarde (au raifort) leur monte au nez. « C’est français ! » fulmine-t-on volontiers, dans les winstubs, en se gaussant de ces « Français de l’intérieur », ces Haase qui ont détalé en 1940 comme des « lapins » devant les Allemands, livrant l’Alsace à l’annexion nazie. Et qui veulent aujourd’hui nous passer la muselière jacobine…

José Meidinger
José Meidinger
Journaliste - Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Et la Provence ? Vous semblez oublier qu’elle fut rattachée à l’Occitanie, l’ancienne Catalogne, avec la même langue. Pourquoi ne pas reconstituer cette vaste région du sud, tant qu’on y est ? Il faudrait arrêter de décon…

  2. L’Alsace , la Bretagne , à qui le tour ? Si la France avait son autonomie d’Europe ,ça n’irait sans doute pas plus mal !

  3. Le rêve de l’idéologie bruxelloise : détricoter les nations en région pour mieux dominer l’Europe, diviser pour régner.

  4. Les Corses ne se sentent pas Français pas plus que les Antillais et ce n’est que moi qui le dit, un référendum pourquoi pas laissons les principaux intéressès s’exprimer à ce sujet, et respectons leur choix, la France continuera de vivre sans eux rassurez vous…

  5. Et pourquoi pas le pays basque indépendant ? Ou la Bretagne qui le fut elle aussi durant des siecles, mais l’aquitaine n’était-elle pas anglaise au temps de Richelieu et Nice ou et la Savoie ne sont-ils pas Français QUE depuis 1860 ? Et ce, grâce à Napoléon III que la France méprise tant ? Alors ? La Bourgogne aussi pourrait avoir ses revendications et bientôt Paris tout seul sera la France, c’est à dire bien peu de chose en somme… Lutèce quoi !

  6. La Corse en province mais c’est bien le but principal des européistes de transformer les régions Françaises en provinces européennes A suivre l’Alsace avec l’Allemagne puis l’Occitanie avec l’Espagne Etc etc

  7. Nous voulons faire une Europe ramenant nos nations à de simples provinces (pas moi je vous le dis tout de suite) et d’un autre côté nous ne sommes pas capables de maintenir nos départements avec les mêmes droits et les mêmes règles, une vaste rigolade.

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