[Point de vue] La France dans le monde : soyons lucides ! (2/2)

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Le 10 mai 1940, nous avons donc cessé d’être une grande puissance. Dès ce moment, nous étions amoindris, parfois oubliés ; nous apparaissions en marge. Nous étions absents à la conférence de Yalta qui décida du futur partage des zones d’influence en Europe. Lors des signatures des deux actes de reddition allemands (Reims et Berlin), notre représentant ne fut accepté qu’avec réticence. À l’issue du conflit, nous n’avons eu une zone d’occupation en Allemagne que parce que Anglais et Américains ont bien voulu la tailler sur les leurs, les Soviétiques ayant refusé une attribution franche. Ce strapontin chichement accordé à la France parmi les vainqueurs a aussi failli lui coûter son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Que nous reste-t-il aujourd’hui ? Peu qui nous mette sur un pied d’égalité avec les puissants de ce monde, il faut l’admettre. Et eux grandissent quand nous déclinons, dans tous les domaines. Nous continuons à imaginer qu’il y a un message de la France à porter au monde et que le monde l’attend, qu’il a les yeux fixés sur nous. Nous sommes la seule nation européenne à regarder le monde comme si nous pouvions encore influencer sa marche.

Nous sommes devenus une puissance de second rang, régionale par la taille et la puissance. La seule dimension planétaire que nous conservons réside dans notre domaine maritime de plus de 10 millions de km², le second après celui des États-Unis. Mais nous le négligeons. L’outil principal de sa protection - la marine - est squelettique et, pour elle comme pour les autres armées, ce n’est pas la future loi de programmation militaire 2024-2030, largement insuffisante, qui pourra mettre notre marine à la hauteur des enjeux. La possession de l’arme nucléaire est certes aussi un atout, mais bien insuffisant : elle ne nous protège du pire que comme la ligne Maginot de jadis qui fut contournée.

Comment peut-on avoir des prétentions alors que l’élan vital même de notre peuple est perdu, que nous nous dissolvons dans l’universalisme woke, que l’âme française disparaît au fur et à mesure que s’installe une civilisation nouvelle à laquelle nous cédons sans combattre ? Comment une nation qui a osé mettre le « principe de précaution » dans sa Constitution, et dont les directeurs de pensée écoutés sont à la Cour européenne des droits de l’homme, peut-elle raisonnablement s’attendre à lui voir reconnaître une place privilégiée dans le monde ? Au travers de nos chefs et de nos « élites », nous nous vilipendons nous-mêmes, nous ne faisons plus envie qu’à ceux qui cherchent des ressources octroyées sans contrepartie et nous ne sommes plus craints de personne.

On se console en pensant que nous sommes devenus une « puissance d’équilibre ». C’est l’argument de ceux qui, constatant notre impuissance à peser véritablement sur les affaires du monde, voyant le peu de cas que font nos interlocuteurs de nos diplomates, traduisent notre indécision impuissante en un souci raisonnable du juste équilibre. Ils oublient seulement que dans cette expression, le mot « puissance » est le plus important. Or, nous sommes faibles. Nos diplomates ont face à eux des interlocuteurs qui pensent « cause toujours », car seuls les grands costauds sont écoutés et nous n'en faisons plus partie.

Pour reconstruire notre avenir, il faut partir du constat lucide de ce que nous sommes devenus et se remettre debout. J’emprunterai ma conclusion à André Frossard qui écrivait en 1992 dans Excusez-moi d’être français : « Un pays ne meurt pas d'une culbute militaire, ou alors la France aurait cessé de vivre depuis longtemps. Un pays ne meurt pas d'une faillite financière, d'une déconfiture matérielle, d’une révolution ou d'une guerre civile. Rien de tout cela n'atteint le cœur d'une nation. Nous avons fait l'expérience de tous les genres de désastres que le destin peut offrir aux pauvres humains, et nous savons qu'aucun d’eux n'est irrémédiable. On met un pays en danger de mort quand on tente de le faire agir contre son honneur, contre sa foi, contre la conscience que Dieu, les siècles et la raison lui ont formée. »

C'est exactement ce que nous sommes en train de faire.

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Le problème de la France, c’est que les trois derniers présidents de la République ne valent absolument rien, car ce sont des agents de l’arrière-boutique.
    Il y a une legére
    majorité de droite dans le pays, mais à cause de la trahison des LR, cette majorité ne peut pas s’imposer aux élections.

  2. La France il suffit de passer n’importe quelle de nos frontières pour s’apercevoir que nous sommes de plus en plus un pays qui s’enfonce dans la paupérisation , Pourquoi est ce ? Un pays qui refuse de voir les vrais problèmes . Le nombres d’heures travaillées , la décadences du tissu industriel et agricole ,un système de prélèvements par impôts mais surtout par les taxes sur les taxes ,Le règne d’une partie de notre population aussi bien très riche que très pauvre qui vit sur le peu de personnes qui se lèvent de matin pour sortir des journées de dingues alors qu’une autre partie ,hommes politiques en trop grand nombre ,un Etat gargantuesque ,avec une armée de fonctionnaires a la petite semaine ,une école dévalorisée car son personnel est le plus mal payé d’Europe ,la Justice ,la police sans moyen .Une voirie a nid de poule ,nos routes ne sont plus entretenues ,notre parc automobile coute plus cher que dans d’autre pays d’Europe ,avec des voitures de plus en plus veillottes. Un coup de l’énergie prohibitif Et en plus des frontières qui nous garantissent plus l’entré de plus en plus nombreuses d’immigrants .Tout cela fait une marmite qui devrait explosée .

  3. Tout est fait pour nous couper des pays « amis ». La tactique de l’isolement pour mieux détruire. C’est ce que font les animaux prédateurs pour s’emparer des sujets faibles d’un troupeau. Les US et leurs vassaux s’y emploient et malheureusement nous n’avons plus la Russie à nos côtés. pour nous défendre. Voir l’interview de Pierre De Gaulle du 7 mai 2023. Lumineux.

  4. Un constat réaliste. La France doit se définir autrement que comme une puissance traditionnelle. Mission impossible? Faut se regarder dans le miroir et en tirer des conclusions. Qu’avons nous français en commun? Qu’elles sont nos atouts et sommes nous capables de s’unir suffisamment pour choisir un chemin qui nous assurera un rayonnement sur notre continent?

  5. La phrase de Frossard est magnifique et répond à François 1 er : Tout est perdu for l’honneur.
    Au fait ? Ce que dit cet excellent article de cet excellent général me fait penser à certains discours de *** ça y est ? Vous y êtes ! Rien à voir avec le pouvoir d’achat et la retraite à 60 ans.

  6. La lucidité, hélas, est une qualité de plus en plus rare dans notre société dominée par un intense conditionnement, notamment mediatique!
    Votre analyse, mon général, est parfaite. Merci.

  7. Oui nous sommes toujours en Guerre de Religions, et la France connues autrefois comme La Fille ainée de l’Eglise Chrétienne Catholique, a perdue son Ame…

  8. Avant de parler d’amis ou d’ennemis, il faudrait définir les uns comme les autres. Les Américains sont-ils nos amis ? Et les Allemands ? Les Russes sont-ils vraiment nos ennemis ? Ces questions méritent d’être approfondies, mais la doxa nous aveugle et nous assène ses vérités. À nous de les réfuter. La Russie est en Europe ; les USA non. À moins de déplacer les continents, cela ne variera pas. L’Allemagne nous a engagés dans trois guerres en moins d’un siècle. Elle a échoué militairement à détruire notre pays, elle y parviendra par la finance avec le précieux concours des USA. Bref. Redéfinissons nos positions, ensuite nous y verrons plus clair.

    • Nos vrais ennemis: Les USA qui sont l’ennemi de tout le monde, l’Allemagne qui ne supportera jamais une grande puissance économique de la France et les anglais contre une puissance politique de la France. C’était comme ça dans le passé et ça ne changera pas.

      • Et nous resterons toujours … »les petits Français » expression qui existait déjà dans les années cinquante dans les pays frontaliers où j’allais passer mes vacances!

  9. Le néant qui se dissout dans le néant…à l’image de la France qui se perd dans l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui. Cette Europe qui n’oppose au tyran que des « sanctions » inefficaces autant que ridicules, qui est incapable d’aligner ne seraient-ce que 2 pompiers équipés…encore moins 2 militaires en armes ! Ce n’est pas cette Europe-là que l’on m’a vendue. Bonne chance néanmoins à cette France qui reste mon Pays.

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