C'est Le Parisien qui se fait l'écho, ce 30 avril, de la dépression collective qui semble saisir les parlementaires sortants des Républicains, alors que le scrutin approche désormais à grands pas. Beaucoup d'entre eux envisagent très sérieusement de ne pas se représenter, ou de ne pas se présenter tout court. Certains ont déjà franchi le pas. Le score ridicule de Valérie Pécresse semble avoir refroidi les ardeurs de la droite dite de gouvernement.

On ne peut pas fondamentalement en vouloir à ces députés ou à ces militants. Les Républicains ne savent pas où ils vont, et cela remonte à plusieurs années. L'élection de Laurent Wauquiez, en 2018, avait séparé LR en deux blocs : ceux qui s'en tenaient à une ligne de droite dite « assumée », c'est-à-dire une version bourgeoise et un peu plus respectable des grands thèmes réactionnaires (identité, transmission, sécurité, liberté, entre autres), d'un côté ; ceux, plus médiatiques, mieux considérés, qui voulaient plutôt continuer à barboter dans la soupe fade de la droite dite « de gouvernement » : Pécresse et Bertrand, pour ne citer qu'eux. Les années ont passé. Les premiers hésitent à rejoindre Reconquête ; ce qui les retient, c'est le regard des autres, probablement. Ce n'est pas à mettre à leur crédit, mais on n'est pas à leur place : ce n'est pas facile de perdre ses amis pour ses convictions. On n'a plus trop l'habitude de se mettre en danger, chez LR. Les seconds rejoignent la majorité macronienne : LREM pour les plus consistants ; Horizons, le parti d'Édouard Philippe, pour ceux qui veulent entretenir l'ambiguïté sur leur appartenance ou non à la droite, si ce mot a encore un sens.

La république - Yves-Marie Adeline l'explique remarquablement dans un livre dont Boulevard Voltaire s'est fait l'écho, ces jours-ci - est un régime de gauche. L'espace qu'elle laisse à la droite est symbolique. Les conservateurs sont regardés avec beaucoup de suspicion, voire avec un peu de haine - et on ne parle pas des réactionnaires. Par un effet de cliquet couplé au mythe du « sens de l'Histoire », la droite (la vraie) échoue à se faire une place dans un régime que le macronisme a mis à nu en révélant ce qu'il est : un club de notables urbains, sans convictions, des techniciens qui naviguent à vue. D'où ce malaise des Républicains, qui ne peuvent pas, désormais, continuer à brandir le souvenir du général de Gaulle en guise de programme pour, finalement, se consacrer à des « ouvertures à gauche » quand ils sont aux affaires, comme le fit jadis Sarkozy.

Le parti qui s'appela successivement RPF, UNR, RPR puis UMP ne peut plus se contenter de « ripoliner la façade », pour reprendre l'une des expressions désuètes de notre Président réélu. Il doit reprendre les choses à la base : en quoi ses militants croient-ils ? Qu'est-ce que le parti a de plus que LREM à gauche ou Reconquête à droite ? On cherche. Les témoignages de ceux qui ont jeté l'éponge sont éclairants. Ils parlent de perte des valeurs, de risque d'échouer, de manque de crédibilité. Ils montrent, en creux, le spectacle d'un parti devenu une coquille vide.

Va-t-on vers une nouvelle raclée des LR ? Possible. Qu'en ressortira-t-il ? Cela dépend de leur capacité de remise en question et de la solidité de leurs convictions. Dans ce domaine, leurs chefs n'ont pas particulièrement brillé, ces trente dernières années.

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01 mai 2022 à 11:14

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65 commentaires

  1. Les « LR » n’ont rien compris , c’est pour cette raison qu’ils sont à l’agonie ; les LR sont au même titre que les « socialauds » ,ils sont morts . On récolte toujours ce que l’on sème . C’est bien la preuve que ce sont des charlots . Maintenant « ils » en sont rendu a faire de la lèche au cuistre macron pour avoir un poste …….ILs sont pathétique .

  2. La Droite cherche un Chef… adroit !
    On a vu Jacob et sa Valérie…
    Bellamy, un Bel Ami, et Wauquiez, ce serait autre chose !

  3. Les petits magouilles et les nombreuses trahisons des LR ont donné le résultat que l’on connait.
    Le dernier camouflet à son électorat aura été la candidature de « Trétresse ».
    Les députés LR bien implantés ont encore le temps de regagner « Reconquete! » si ils veulent bien d’eux.
    A eux de savoir s’ils sont député pour la gamelle ou pour représenter leurs électeurs.
    L’heure est grave. Si Macron a une majorité à l’assemblée, la France s’effondrera.

  4. Vu la bêtise des électeurs si un jour la presse leur dit de se jeter à l’eau ils iront (à noter que ça ferait moins d’imbéciles en France), LREM n’est pas menacé par contre LR, PS, PC soui. On se console en se disant que si ces parasites disparaissaient ça ferait du bien à la France…. Le tour de LREM viendra.. patience.

  5. De grâce, ne parlons plus de cette droite qui a abandonné la France, le clivage ce n’est plus le centre, la gauche et la droite ce sont les mondialistes apatrides contre les patriotes souverainistes; BV a organisé hier une enquête sur la droite, je suis totalement incapable de répondre car le mot droite est un mystère total, c’est quoi un parti dont les membres n’ont plus de valeurs de référence?

  6. Reconquête est le seul espoir de changement. LR c’est le parti des traîtres, et des 20h01 (Fillon, Pécresse).

  7. Tous ces députés déprimés auraient tord de l’être. Au contraire, la situation ne leur a jamais été aussi favorable. Compte tenu du score ridicule de Pécresse, ils ont là une occasion en or pour justifier leur départ du parti, et en plus, pour choisir où ils peuvent atterrir : Les uns chez Reconquête s’ils sont vraiment de droite, les autres chez LREM. Et il est certain que, d’un côté comme de l’autre, ils seront accueillis à bras ouverts.

  8. La raclée des partis et de leurs têtes de gondoles, qui dominaient hier le monde politique, est souhaitable. Il faut arrêter de rafistoler, de réparer éternellement les rustines par d’autres rustines et de donner aux citoyens l’illusion d’avoir fait du neuf, en fait de les tromper en se moquant d’eux.

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