[Point de vue] Encore plus de Macron : il suffirait d’un troisième mandat !

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On dirait un peu cette émission culte de RTL « Stop ou encore ». Le titre d'un chanteur était diffusé et les auditeurs devaient voter « stop » (on passe à autre chose) ou « encore » (en avant pour un deuxième et, éventuellement, un troisième titre). Michel Sardou faisait 95 % d'encore et on n'a pas demandé pour Juliette Armanet. Cette fois, le « Stop ou encore » concerne Emmanuel Macron. Théoriquement, le président de la République devrait arriver, en 2027, au terme de son second mandat. Il ne devrait - théoriquement - pas pouvoir se représenter. On lui cherche un successeur : Édouard Philippe semble être dans les starting-blocks. Gérald Darmanin a été adoubé par Nicolas Sarkozy dans son dernier livre, Le Temps des Combats. Emmanuel Macron n'a pas encore pris position. La raison, murmurent les méchantes langues, en serait simple : il n'y a, à ses yeux, personne de plus qualifié que lui-même.

En juin 2023, Richard Ferrand, ancien président de l'Assemblée nationale et fidèle de la première heure, avait lancé un ballon d'essai (cumul des mandats présidentiels dans le temps : critiqué par les Insoumis, Ferrand dénonce une « fausse polémique ») ; sur ordre ou non, allez savoir. Il était évident que les macronistes de stricte observance, depuis longtemps, n'avaient pas trouvé mieux que Macron lui-même pour succéder à Macron. À son tour, le maître sort de sa réserve. Il le fait à sa manière, toujours la même : des propos tenus « en off » ou en petit comité, rapportés par « son entourage » ou recueillis par un micro qui se trouvait là, et contenant une idée apparemment originale et une grossièreté pour « faire peuple ». Cette fois, c'est Jean-Luc Mélenchon qui devient la caisse de résonance de son plus cher adversaire, vu que cette saillie présidentielle aurait été lâchée lors de la rencontre de Saint-Denis avec les chefs de partis. Le leader des Insoumis a posté sur X (anciennement Twitter) les lignes suivantes : « Macron a craqué. Il a dit : "Ne pas pouvoir être réélu est une funeste connerie". Pouvoir abréger celui-ci par référendum révocatoire serait un soulagement général. »

Funeste connerie, vraiment ? Cette règle de deux quinquennats maximum avait été votée sous Sarkozy, peu suspect d'humilité républicaine pourtant. Elle était censée permettre un renouvellement du jeu démocratique. Il y a, certes, des pays dans lesquels on considère dix ans de pouvoir comme une « funeste connerie » qui ne permet pas d'aller au fond des choses : la Russie, la Chine ou la Corée du Nord font partie des républiques dont les dirigeants ont une grande longévité. En Afrique, il n'y a pas si longtemps, les présidents étaient, eux aussi, élus à date régulière jusqu'à la mort. Avec la destitution d'Ali Bongo au Gabon, on voit bien que les choses sont en train de changer. La mode africaine est à la junte, comme autrefois. C'est un éternel recommencement, comme les pantalons à pattes d'éléphant ou la mini-jupe. Pour l'automne-hiver 2023, le régime présidentiel à vie sous couvert d'élections récurrentes n'a plus la cote.

Ou alors... ou alors Emmanuel Macron envisage-t-il de faire la même chose que Napoléon III quand il fut élu Président ? Cherche-t-il à glisser vers une monarchie ? Car, en dehors des républiques, il y a, en 2023, d'autres régimes qui permettent la prolongation du pouvoir pour mener des « réformes de fond » : par exemple, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis... là-bas, on ne s'embête pas avec ces « funestes conneries ». Ce serait une manière cohérente de se mettre au diapason d'une population qui change vite et préfère l'abaya à la coiffe bretonne. Emmanuel Macron deviendrait « notre raïs à nous ». Ça pourrait durer longtemps, car il est plutôt jeune. On plaisante, bien sûr...

On s'aperçoit, de temps à autre, que la République, qui se prétend libre, égale et fraternelle, n'est qu'une façon, pour l'idéologie universaliste et le capitalisme débridé, de se camoufler afin de permettre à des élites douteuses de se goinfrer d'argent, de pouvoir et de prébendes. Tout cela est fait d'une manière bien plus choquante que sous l'Ancien Régime (même tel que les manuels d'Histoire le décrivent). Au fond, Emmanuel Macron, comme dans de nombreux autres domaines, ne fait que prendre acte, avec son cynisme coutumier, de l'état de pourrissement de la République, une vieille carne boîteuse qu'avec son troupeau de hyènes il a peut-être l'intention de dépecer vivante.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

66 commentaires

  1. Bravo pour le dernier paragraphe et surtout pour la dernière phrase ! Somptueux ! Le modérateur doit avoir des palpitations.

  2. C ‘est tellement grotesque comme annonce que c ‘en est plus risible que crédible … Qui s ‘aventurerait à reconduire un guignol de cet acabit?

    • Cela l’était dès 2017. Et c’est devenu tragiquement incompréhensible en 2022. Comment un guignol de cet acabit a t il pu être réélu après les catastrophes de son premier quinquennat. AUrons nous un jour la clef de ce mystère, de cette connerie funeste.

  3. Mais pour qui il se prend Macron vue sa posture sur la photo pour le général de Gaulle, il ne manque pas d’air. C’est vrai vue que certains français sont des peureux, ces derniers seront encore capable de voter pour la Macronie

  4. Rien à ajouter sauf le mode d’emploi. Comment faire, légalement, car les Français sont plutôt légitimistes ?

  5. Une loi devrait interdire aux politiciens, et au président de la République à fortiori, de faire allusion aux futures élections au cours de l’essentiel de leurs mandats, afin qu’ils se preoccupent de leurs devoirs en cours. 6, ou 12 mois avant la date du vote serait bien suffisant pour faire campagnr.

  6. Compte tenu des magnifiques résultats de Macron, et de sa forte stature, il est normal qu’il songe à prolonger son oeuvre salvatrice. Mais un affreux doute surgit: y aurait-il suffisamment d’électeurs pour le suivre?
    Je crains que oui…

  7. Une solution de victoire des souverainistes défenseurs de la France et de ses intérêts prioritaires, tels le R.N., Reconquête, D.L.F., pourrait résider dans la candidature de J. Berdella aux prochaines présidentielles, à la place de M. Le Pen. Cela éviterait la rechute du simplisme médiatique du syndrome anti Le Pen.

  8. Comme Macron fait tout, à l’aide de la gauche et de l’extrême gauche, pour parvenir à la destruction lente de la France par le remplacement de la civilisation française par l’immigration africaine, et, qu’en réalité, malgré ses déclarations publicitaires en réponse à un souhait farouchement opposé très majoritairement exprimé dans tous les sondages, il ne souhaite absolument pas contrôler, et aussi comme les électeurs actuels sont des retraités trouillards, ça n’est pas impossible!

  9. Les nullités élues par des nuls peuvent tout espérer. La logorrhée et l’égotisme dissimulent le plus souvent la peur.

  10. Attention… si Macron démissionne avant la fin de ce mandat (sous un prétexte bien choisi), il n’a pas besoin d’une modification de la constitution pour se présenter une troisième fois, et reproduire le match de deuxième tour Macron/ Le Pen qui lui a si bien réussi !

    • L’affiche du prochain duel électoral nous la connaissons déjà il n’y aura aucune surprise, la presse en tant que caisse de résonance et d’amplificateur va se charger de diffuser « la bonne parole ».

    • Vous avez raison Marine le Pen c’est l’assurance vie de Macron peut être pas le RN qui pourrait franchir le Rubicon Familial !!!

    • un scénario qui me fait frémir, mais il est vrai qu’il semble bien prêt à tout pour rester sur le trône et que Marine Le Pen ne semble pas être son ennemie

  11.  » il n’y a, à ses yeux, personne de plus qualifié que lui-même. » Les yeux d’un cloporte ne voient pas bien haut, la preuve.
    A part ça, conclusion lumineuse et tellement vraie!

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