[Point de vue] Conseil d’État contre CNews : vers une nouvelle affaire des fiches ?

Pascal Praud

Y aura-t-il une « affaire CNews » comme il y a eu une affaire Dreyfus ? C’est peu probable, tant l’étouffoir des médias bien-pensants est devenu efficace. Elle est pourtant hallucinante, cette idée de mettre en fiches et en équations, selon leur sensibilité politique, tous les parleurs qui se succèdent sur les écrans ! Et pour les estampiller, il n’y aura besoin ni d’ordinateurs ni d’intelligence artificielle : Richelieu a montré la méthode. « Qu'on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j'y trouverai de quoi le faire pendre... »

Il y a plus d’un siècle, une autre affaire de fiches fit tomber un gouvernement. De 1900 à 1904, le ministre de la Guerre préféra aux notations officielles du commandement militaire celles des préfets et des loges maçonniques pour décider de l'avancement hiérarchique des officiers. Tandis que les nationalistes et les « talas » (ceux qui allaient « ta-la-messe »), suspects d’hostilité à la République, pouvaient faire du sur-place. Ce qui ne sera pas sans conséquences funestes au début de la Première Guerre mondiale.

Aujourd’hui, la technique d’élimination des mal-pensants s’est notablement affinée grâce à celle du billard à bandes multiples. « On » actionne une association de journalistes qui a oublié à quoi elle servait, laquelle active le Conseil d’État - organisme à l’apolitisme bien connu -, lequel secoue une « autorité de régulation » dont les membres sont nommés par les politiques, à laquelle il ne restera plus qu’à faire montre d’une indépendance réduite aux acquêts.

Mais révélée en 1904 à la Chambre des députés en présence du ministre de la Guerre, la séance fut si houleuse qu’elle déclencha une empoignade dans l'Hémicycle et qu’un député gifla le ministre. Un geste certes répréhensible, mais dont on peut parfois regretter que, comme celle des duels, la pratique se soit perdue...

Deux différences majeures distinguent, toutefois, ces deux scandales à plus d’un siècle de distance. D'abord, le fichage anti-Cnews n'en est pour le moment, dirons-nous, qu'à l'état de projet. Ensuite, alors que la Troisième République maçonnique, fidèle à ses principes, agissait dans l’ombre, aujourd’hui, c’est sans la moindre vergogne que journalistes en gilet rayé et conseillers d’État en livrée assortie affichent, au vu de tous et sans une once de vergogne, leur sectarisme...

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

50 commentaires

  1. J’ai fait mon service en 1962 dans une unité d »elite mais on ne m’a jamais demandé ma religion ?? Pour la liberté d’expression , Impensable de revenir au méthodes des belles années de l’URSS….Un signe de plus du suicide français !

  2. C’est un scandale car le conseil d’Etat est bien dirigé par les complices Socialo-Communiste Écolos. CNEW reçois tous les partis. Il y a même chez eux un ancien député Socialiste. c’est pour moi la seule chaine à recevoir tous les partis.

  3. Lors de ma dernière interview, dans la même phrase, j’ai commencé par déclarer que je venais de déposer un préavis de grève. Du coup l’Arcom m’a déclaré de « gauche ». Puis j’ai terminé cette phrase en disant que c’était pour lutter pour la liberté d’expression. Du coup l’Arcom m’a déclaré « d’extrême droite ».

  4. « Un geste certes répréhensible, mais dont on peut parfois regretter que, comme celle des duels, la pratique se soit perdue… »Non, dont on doit regretter que la pratique …. Ça aurait pu, avec le duel, nous débarrasser de pas mal de monde .

  5. L’intervention du sieur Deloire dans l’émission » l’heure des pros » fut d’une telle indigence intellectuelle. A se demander comment un bonhomme aussi consternant pouvait être choisi, par l’escarpolette élyséenne, pour diriger les états généraux de l’information. Ce choix illustre parfaitement le changement imposé à la France devenue la République et la démocratie que les pouvoirs transforment en démocrature..

  6. j’ai fait mon service militaire en 1963 lors de l’incorporation on nous demandait notre religion et on nous conseillait fortement de dire catho et qu’on allait à la messe et ce n’était une unité d’élite. Je ne parle pas de certains milieux où si vous n’adhérez pas au syndicat vous êtes forcément de droite voire d’extrême droite et pour votre avancement ce n’est pas bon. Je rencontre un ami qui tout fier me dit : » je suis passé sous le bandeau » comme je sais ce que c’est je ne lui pose pas de questions, alors il enchaine oui tu comprends pour ma carrière…. les fiches ça existe toujours

    • J’ai fait mon service militaire en 1963 précisément et je n’ai pas gardé le souvenir qu’on m’ait demandé quelle était ma religion.

  7. Alles, un petit effort, Monsieur DELOIRE, il faut démissionner maintenant, si vous ne voulez pas que votre nom reste une tâche indélébile sur l’honneur bafoué du beau métier de journaliste.

  8. ces « bien-pensants » ont perdu de vie la liberté d’expression et le fait que ces TV soient privées, dans le cas présent cela voudrait dire que le cordonnier sera imposé de vendre du pain sous peine de fermeture, que les crétins se regroupent pour se mettre des tapes dans le dos et laissent les habitants de ce pays regarder les chaines qu’ils veulent.

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