Plus de droite en Belgique francophone après le 26 mai ?

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Le titre est volontiers provocateur, sans doute exagéré, mais, finalement, peut-être pas si éloigné d’une réalité qui, inéluctablement, se dessine : la Belgique francophone pourrait ne plus compter de député de droite après les élections du 26 mai. Si l’on espère encore un sursaut, on peut se demander comment on en est arrivé là.

Le Mouvement réformateur (MR), descendant du Parti réformateur libéral (PRL) qui assumait ses positions droitières dans les années 80, est devenu centriste (tout au plus de centre droit) : il se revendique du libéralisme social, s’est positionné en faveur du pacte de Marrakech sur les migrations, court après les écologistes sur l’environnement et a « lâché » la N-VA – parti de droite flamand avec qui il gouvernait.

Un boulevard existe donc à droite en Wallonie et à Bruxelles : personne n’est parvenu à s’implanter, jusqu’à présent, dans l’espace laissé vacant. Les récents sondages laissent craindre le pire : le Parti populaire est crédité de 3,5 % et les Listes Destexhe de 1 % des intentions de vote.

Le Parti populaire, qui se revendique du populisme, dans la lignée de Donald Trump, peine à convaincre : né en 2009, la formation dirigée par Mischaël Modrikamen a fini par sombrer à coups de départs et de dissensions. De surcroît, le monde médiatique a décrété un cordon sanitaire peu démocratique autour de la formation qui, pourtant, n’a jamais franchi la ligne jaune : difficile de percer dans ces conditions.

Les Listes Destexhe sont nées en février dernier, avec l’ambition de bouleverser le paysage politique de droite. Le député éponyme, ayant quitté le MR avec fracas, présentera aux électeurs des listes complètes. De droite assumée, il annonce désormais une politique de… centre droit et n’a, pour le moment, outre un expert de l’antiterrorisme et deux députés anonymes – dont l’un qui, jusqu’il y a peu, parlait de l’immigration comme d’une grande chance, avant de probablement penser à nouveau l’inverse -, pas réussi à attirer des figures de proue de la politique et de la société civile.

Surtout, la division de la droite assumée, pour des questions d’ego, est aujourd’hui catastrophique.

Des enjeux contemporains, un seul devrait surplomber les autres : la défense de la civilisation européenne, celle de Goethe, de De Vinci et de Chateaubriand, celle des églises et de la grande culture, celle de l’excellence et de la technologie, celle qui découle des héritages gréco-romain et judéo-chrétien.

Dès lors, peu importe qu’on couvre ce combat de l’étiquette populiste, conservatrice, libérale-conservatrice, patriote…, peu importe que l’on soit député, journaliste ou citoyen, peu importe que l’on se réfère à Donald Trump ou à Jean Gol - le premier est américain, le second mort depuis longtemps -, peu importe que ceux qui se sentaient à l’étroit au MR ne s’y sentent finalement pas si mal quand il s’agit de franchir le Rubicon - dans tous les combats, il a existé des pleutres -, peu importe que des opportunistes se rallient à la cause, les bonnes volontés doivent aujourd’hui regarder dans la même direction et se recentrer sur l’essentiel.

S’il est trop tard pour les prochaines élections, car la droite se présentera en ordre dispersé, pensons à long terme, sans quoi la Wallonie restera, pour la droite de la droite, telle la Russie pour Napoléon : après des avancées prometteuses surviennent toujours les déconvenues et la Bérézina.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:01.
Gregory Vanden Bruel
Gregory Vanden Bruel
Conseiller politique

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