Pierre et le Loup aux jeudis de l’Élysée ? Oui, cent fois oui !
Il y a beaucoup de choses à dire, sans aucun doute, sur la politique d’Emmanuel Macron, mais il est des reproches qui me semblent totalement infondés. En font partie les critiques acerbes sur « les jeudis de l’Élysée » que, pour ma part, je trouve une fort belle initiative, tout à fait dans le sens de l’initiation à la culture que j’appelle de mes vœux.
Hier soir, jeudi 1er mars, donc, se tenait dans la salle des fêtes de l’Élysée l’un de ces « jeudis » initiés par le Président et son épouse. Au programme, de la musique russe : un extrait de Casse-noisette, une musique de ballet signée Tchaïkovski, puis le conte musical de Prokofiev Pierre et le Loup. Le tout joué par l’orchestre de la Garde républicaine avec le président de la République dans le rôle du récitant.
La foule qui se pressait là rassemblait les personnels de l’Élysée, bien sûr, mais aussi de nombreuses associations qui viennent en aide à l’enfance, des jeunes qui apprennent le russe et des classes venues de nos départements "défavorisés" de la couronne parisienne. Car le but poursuivi avec son épouse, dit Emmanuel Macron, est que "lors de ces jeudis, […] vous ayez accès à ce qu’il y a de mieux dans la culture".
Il est difficile de se déclarer contre une telle entreprise, alors médias et politiques, ce vendredi matin, se moquent d’un Président aux goûts jugés trop "bourgeois", j’imagine – on aurait préféré une énième soirée rap, sans doute –, et pour ceux qui n’osent pas aller jusque-là, on raille ce Président qui « aurait mieux à faire ».
À noter, au passage, que cette critique vient d’un camp qui ne trouvait rien à redire aux "soirées cinéma" et autres projections privées réservées à François Hollande, sa Julie et leurs amis… On était, alors, dans l’entre-soi des cultureux. Pas question de partager avec le petit peuple des faubourgs.
Je vais faire appel à mes souvenirs pour vous dire en quoi je souscris pleinement à la démarche du couple présidentiel.
Comme je l’ai dit une fois ici, je crois, je dois mon entrée dans l’univers de la musique à une démarche similaire. Celle d’un enseignant dévoué qui a donné de son temps pour me faire travailler quand mes parents (je suis la dernière d’une famille de six enfants) n’avaient pas les moyens de m’offrir des cours particuliers, m’a prêté un instrument, m’a accompagnée au conservatoire pour auditionner, puis suivie dans mes études musicales. Je me souviens de la découverte éblouie de Pierre et le Loup, en classe de sixième, de ce quiz musical où il fallait reconnaître les instruments, la fierté quand on décelait les timbres… Et, plus tard, de mes propres enfants dont Pierre et le Loup était, avec L’Enfant et les sortilèges de Ravel, le « tube » préféré !
J’ai retrouvé ce bonheur, me suis reconnue dans le regard des enfants avec qui nous avons chanté le Te Deum de Berlioz, à la Philharmonie de Paris, en juin 2015. Cette œuvre magistrale compte un chœur d’enfants. Il était constitué, ce jour-là, des prestigieuses maîtrises parisiennes, bien sûr, mais aussi d’enfants de Seine-Saint-Denis qui avaient passé une année à ne travailler que cela. Je ne peux pas vous dire leur joie, leur fierté et celle de leurs familles rassemblées dans cette salle prestigieuse.
Alors, oui, je dis merci à Macron et son épouse de vouloir offrir à tous ces gosses autre chose que leur ordinaire ; un ordinaire fait de pseudo-culture où la musique est circonscrite au rap, le théâtre au racket scolaire ou à la déradicalisation, et l’art contemporain aux merdes de chien.
Nous avons un Président cultivé dont l’épouse, de l’avis général, fut une excellente enseignante. Profitons-en. Le dernier de cette race fut, sans doute, Georges Pompidou (lisez son Anthologie de la poésie française), mais j’avoue que les goûts artistiques de son épouse ne rencontraient pas toujours les miens. Après cela, nous avons sombré dans le populisme le plus obscène ou l’inculture la plus totale…
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