[PEOPLE] La famille royale d’Espagne a le vent en poupe !

Capture d'écran X Casa de SM el Rey
Capture d'écran X Casa de SM el Rey

C’est un événement rarissime qui s’est produit en Espagne, le 29 octobre dernier : le roi Philippe VI a décerné l’ordre de la Toison d’or à sa mère, la reine émérite Sofia. Le décret royal n’est paru au Bulletin officiel de l’État espagnol que le 10 janvier 2025, par respect pour les victimes de la tempête Dana qui a ravagé la région de Valence, dans la nuit du 28 au 29 octobre dernier.

 

 

Événement rarissime, car cet ordre prestigieux, hérité des ducs de Bourgogne par les Habsbourg, n’a été décerné en Espagne par les rois d’Espagne depuis le début du XVIIIe siècle qu’à peine 600 fois, et qu’à une poignée de femmes : les reines Élisabeth d’Angleterre, Béatrix des Pays-Bas et Margrethe II de Danemark. Aucune reine consort d'Espagne n'avait eu cet honneur. Rarissime, encore, car, depuis qu’il est devenu roi en 2014, Philippe n’a décerné la Toison d’or qu’à une seule personne : sa fille, la princesse Leonor à l’occasion de son dixième anniversaire, et ce, afin de poursuivre la tradition séculaire observée dans la Maison royale espagnole d’accorder et d’imposer les insignes de l’ordre de la Toison d’or à ceux qui sont appelés à succéder à la Couronne d’Espagne. Philippe, lui, avait dû attendre ses 13 ans, en 1981, pour que son père, le roi Juan Carlos, lui accorde cette distinction.

Sofia, une dignité à toute épreuve

En décernant le collier de la Toison d’or à sa mère, âgée de 86 ans, le roi veut « témoigner de [s]on appréciation royale à Sa Majesté la reine Sofia et reconnaître publiquement son dévouement au service de l'Espagne et de la Couronne ». Effectivement ! La reine, née Sophie de Grèce, fille du roi Paul Ier et sœur de Constantin, dernier roi des Héllènes, quitta son pays en 1962 après son mariage avec Don Juan Carlos de Bourbon y Bourbon. L’un des derniers mariages du XXe siècle unissant un prince royal et une princesse royale. Sophie dut se convertir au catholicisme, apprendre l’espagnol et – surtout – supporter les infidélités à cadence industrielle de son époux, chose que les magazines people ont longtemps ignorée jusqu’à ce que l’on apprenne que Juan Carlos aurait eu au moins 1.500 maîtresses. En 63 ans de mariage, 7 ans de princesse d’Espagne (lorsque son mari fut reconnu officiellement comme futur roi par Franco), 38 ans comme reine consort, la reine Sofia a montré une dignité à toute épreuve, le sourire en prime, digne des grandes reines de l'Histoire.

Cette marque de dévotion d’un fils à sa mère vient occulter l’actualité de l’ancien roi qui a eu droit, la semaine dernière, à une fête très bling-bling sur l’île de Nurai à Abou Dabi, où il vit en exil, à l’occasion de ses 87 ans. Il devait d’ailleurs publier en novembre, comme nous l’avions évoqué ici même, ses Mémoires, intitulés Réconciliation, mais son fils y aurait mis son veto. Il s’agit sans doute, pour Philippe, de prendre un cap qui éloigne toujours plus la monarchie espagnole des eaux parsemées de récifs que constitue aujourd’hui, pour beaucoup, la période de transition entre le règne de Franco et celui de son successeur désigné Juan Carlos.

Leonor prend le large

En attendant, c’est la princesse Leonor qui vient de mettre le cap sur les Canaries. Samedi, elle a embarqué avec ses camarades de l’École navale de marin sur le navire-école Juan Sebastián Elcano, une magnifique goélette de quatre mâts, pour un voyage de formation en mer de cinq mois qui passera par Bahia, Montevideo, le cap Horn, Valparaiso, Panama, Saint-Domingue, New York, avec un retour en Espagne prévu le 16 juillet prochain. La princesse aura droit au même traitement que ses camarades. Ainsi, la semaine dernière, elle a effectué l’ascension du mât principal en s’agrippant aux cordages. Avec, sans doute, en plus pour elle, la pression médiatique dans le dos. La gamine a du cran et se tient à une réserve modeste et souriante qui peu à peu lui assure une popularité certaine, notamment chez les jeunes Espagnols. Avec ses camarades, elle est partie en « dégageante » en ville, avant le départ.


Avec ses camarades, la princesse des Asturies a escorté la Galeona, la Vierge du Rosaire, patronne de la Marine, de son église au bateau. Lorsque la Vierge est montée à bord du Juan Sebastián Elcano, les honneurs militaires lui ont été rendus comme à toute autorité, notamment le roi et la reine. Un roi et une reine qui, revenus à quai, avec les autres parents, ont vu leur progéniture prendre le large et ont écrasé leur petite larme.

 

C’est sans doute là le secret de la réussite des souverains espagnols, qu’on avait vu poindre lors de leur visite sur les lieux des inondations dans la région de Valence : simplicité, dignité mais aussi empathie non feinte. Le contraire de ce que l'on peut voir sous d'autres cieux. Vous savez quoi ? Il y a des jours, on aimerait bien être espagnol…

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

11 commentaires

  1. J’ai oublié de dire que les amours sont celles de Don Juan Carlos. Je comprends que la clarification n’est pas très nécessaire, mais je le fais quand même.

  2. Tout d’abord, je remercie le chroniqueur pour son éloge de l’Espagne, mon pays. Je voudrais ensuite apporter deux précisions : la première est que le navire-école espagnol est un brick-goélette et non un brick; deuxièmement, je voudrais préciser que la patronne de la Marine espagnole est la Vierge du Carmen et non la Vierge du Rosaire.Un autre problème est le nombre de prétendues liaisons amoureuses : plus de 1 500. Si nous acceptons ce chiffre, mon cher colonel, cela donnerait environ un nouvel « ami » tous les quinze jours. Le chiffre n’est pas exagéré, mais tout simplement incroyable.
    Sincèrement

  3. Merci mon Colonel de parler un peu de l’Espagne.. et de ce que les autres font pour préparer leurs futurs chefs! Si les nôtres avaient la même formation que la princesse Leonor, peut-être aurions nous moins de va-t’en-guerre et d’individus qui méconnaissent la vie de leur concitoyens! J’admire cette tradition (que nous avions nous aussi jadis) et à laquelle le roi Felipe assure la pérennité. Sans doute devrions-nous nous inspirer de ces traditions pour revoir de fond en comble la formation de nos élites.

  4. Quand j’ai vu les photos des inondations à Valence avec le roi et la reine, j’ai été vraiment surpris par leur attitude pleine d’empathie et d’émotion. C’est rare. Quand à la princesse, elle ne me donne pas l’impression d’être une gamine comme dit dans l’article, mais une jeune femme exemplaire, en en plus fort jolie mais on ne peut plus dire ça…je le dis quand même !

  5. Quand une famille royale remplit son rôle, qu’elle prend ses responsabilités, qu’elle est capable de faire preuve d’un comportement honnête et digne, qu’elle prouve à quel point elle es soucieuse du bien-être de son peuple et qu’elle le respecte, cette famille royale est respectée et adulée. Les « souverains » dictateurs et méprisants ne provoquent évidemment que le mépris et la haine de la part de ceux qu’ils sont censés protéger et défendre, c’est le juste retour des choses.

  6. Le Roi et la Reine forment leurs héritiers suivant des traditions bien ancrées quand dans nombre d’états européens, les dirigeants n’ont pas d’enfants et bafouent les codes.

  7.  » C’est sans doute là le secret de la réussite des souverains espagnols, qu’on avait vu poindre lors de leur visite sur les lieux des inondations dans la région de Valence : simplicité, dignité mais aussi empathie non feinte. Le contraire de ce que l’on peut voir sous d’autres cieux.  » : des gens d’honneur , de bonne éducation , ce qui manque cruellement ici .

  8. Le Roi et la Reine feraient mieux de contrôler les arrivées clandestines d’Afrique, à moins qu’ils veuillent profiter, comme SOS Méditerranée des subventions des Associations de migrants.

  9. On ne saura pas si les espagnols qui ont accueilli la famille royale par des jets de projectiles étaient des simples citoyens ou des militants venus s’incruster au milieu du désarroi.

  10. Etant foncièrement républicain, je ne prise que très peu ces affaires monarchiques. Pour autant, saluons effectivement la dignité de la reine émérite Sophia et aussi l’engagement de la princesse Léonor.

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