« James Bond peut aller se rhabiller », a déclaré le parlementaire insoumis Adrien Quatennens en découvrant, comme nous tous, « l'affaire Pegasus ». Il est vrai, malgré la référence aussi surannée que l'expression, que les dernières révélations du Monde sur ce logiciel espion laissent pantois.

Trois fondateurs israéliens, qui ont monté une société informatique, puis recruté des hackers de très haut niveau, pour certains issus de la célèbre unité 8200 de Tsahal, ont vendu les services de leur logiciel espion au plus offrant, qu'il s'agisse de puissances étatiques ou non. En s'appuyant sur les failles des systèmes iPhone ou Android, les clients ont ainsi pu espionner qui ils voulaient. Opposants, concurrents, hommes politiques, familles royales... la liste est pour l'instant secrète et on se perd, bien évidemment, en conjectures. Tout au plus a-t-on appris qu'Éric Zemmour et Edwy Plenel faisaient partie du lot. On apprend aussi, histoire de nous rappeler que le mal est de droite, que Viktor Orbán se serait servi de Pegasus pour espionner des opposants. Ce ne serait jamais arrivé ailleurs, bien entendu. Les médias français sont prévisibles...

L'affaire Pegasus n'a sans doute pas fini de livrer ses secrets : on parle de son implication dans l'affaire Khashoggi (vous savez, ce journaliste que les Saoudiens ont découpé en morceaux) et sans doute encore bien d'autres. On parle aussi de ses liens très étroits avec le pouvoir israélien, très au courant des activités de cette prometteuse start-up.

Ce n'est peut-être pas l'affaire du siècle. Des faits divers ou des tweets la chasseront. Mais l'affaire Pegasus a le mérite de lever un coin du voile et de montrer les choses telles quelles sont, sous la surface du lac gelé du quotidien. Là, sous une mince couche de glace translucide, s'ébattent les monstres.

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20 juillet 2021 à 15:11

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