Papy, Mamie à la cuisine : et puis, surtout, joyeux Noël !

Père_noël_sur_bûche

A-t-on jamais vu homme si bien prénommé ? En attendant que « Dieu avec nous » nous livre, ce soir, ses tables de la loi pour le prochain mois - aura-t-on le droit de fêter, comme il se doit, l’arrivée de l’autre Emmanuel ? -, le professeur Rémi Salomon, à ne pas confondre avec Jérôme, représentant des médecins de l’AP-HP, fait déjà le service après-vente sur France Info. On pourra éventuellement, si on est sage jusque-là, « aller voir Papy et Mamie à Noël » mais « avec des précautions » : « Il ne faut pas aller manger avec Papy et Mamie », « On coupe la bûche en deux, Papy et Mamie mangent dans la cuisine, et nous dans la salle à manger ».

France info est devenue Gulli, les Français sont repartis à l’école maternelle et le professeur Salomon parle comme l’autocollant dans le métro : « Attention, ne mets pas tes mains sur les portes, tu risques de te faire pincer très fort. » Mais il n’est quand même pas venu déguisé en lapin.

Une chance, cette fois : il ne propose pas de couper en deux les enfants, mais simplement le dessert. Et les vieux vont faire la plonge, peut-être aussi, tant qu’à faire, quitte à les avoir collés si près de l’évier, autant que ça serve ? D’autant que la station assise, ce n’est pas bon pour la circulation. Gare au coronavirus… et à la phlébite ! Sauf que, chez nous, ce n'est pas ainsi qu'on traite les anciens. Il n’y a que le chien et le chat qui mangent dans la cuisine. Les grands-parents déjeunent. Et pas dans une écuelle à l’office, mais dans la salle à manger. Et si, d’aventure, il n’y avait pas assez de place, ce serait les jeunes enfants qu’on enverrait sur la petite table à côté du frigo.

Parmi, justement, les sempiternelles histoires que l’on raconte à la fin des déjeuners de famille, il y a celle de mon grand-père, sur ses derniers jours, quand il était hospitalisé : un aide-soignant jovial s’était avisé, en entrant dans sa chambre, de lui dire « Bonjour Papy ». Ledit « Papy » pas bien vaillant, pourtant, avait retrouvé de la vigueur pour le menacer, du fond de son lit, de sa canne qui n'était jamais très loin de lui, le priant à l’avenir, vertement, de l’appeler « Monsieur » : il était peut-être âgé, mais pas encore gâteux ; il savait encore reconnaître sa parentèle, et ce malotru, de toute évidence, n’en faisait pas partie.

Non, les Français, ne s’appellent ni T'choupi, ni Oui-Oui, ni Tom-Tom et Nana. Ils ne sont pas des débiles légers sous tutelle qu’un gouvernement bienveillant surveillerait pour éviter qu’ils ne prennent des risques inconsidérés. Lavage des mains, pas de bisou à papy et mamie et au dodo ! Faites de beaux rêves.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois