Pape François : l’Église au cœur du vide !

Capture d'écran
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Les croyants n’ont sans doute pas manqué cet appel du pape François et cette cérémonie de la bénédiction urbi et orbi accordant à tous les chrétiens en union de prière une indulgence plénière. Cette bénédiction est généralement réservée au dimanche de Pâques, à Noël ou pour d’autres occasions très spéciales comme l’élection d’un nouveau pape. C’est dire si l’heure est grave.

Devant la place Saint-Pierre vide de toute âme qui vive, le pape François a procédé à une bénédiction spéciale. « Seigneur ! Délivre-nous de la tempête », martèle le souverain pontife devant ce vide abyssal. Un pape fatigué, boitant, mais dont le regard déterminé et empli de compassion a marqué le monde entier. En Italie, ce moment de télévision a rassemblé 8.630.000 téléspectateurs.

« La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’“emballer” et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité. »

Les mots du successeur de saint Pierre résonnent et frappent fort. Nos sociétés toutes-puissantes et assurées de leur longévité ont bien été frappées là où elles étaient le plus vulnérables : leur humanité. L’humanité qui englobe ceux qui ont réussi et ceux qui ne sont rien. L’humanité qui rassemble gilets jaunes et ministres, hauts fonctionnaires et chômeurs. L’humanité faible que nient nos sociétés postmodernes. Le vieux dans son EHPAD, cette jeune fille de 16 ans morte du Covid-19, l’enfant dans le ventre de sa mère.

Vendredi soir, le pape était le pape. Dieu sait que sa politique a été longuement critiquée sur ce site, Dieu sait qu’il est incompréhensible, parfois exaspérant. Dieu sait que les voies de Dieu sont moins impénétrables que les incuries de la Curie, mais vendredi soir, l’Église a illuminé le monde par l’intermédiaire de son chef.

« Le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes... » Ces mots prophétiques tirés du troisième mystère de Fatima, cités par le père Jean-Baptiste Nadler sur Twitter, prennent une force incommensurable.

Certes, Rome n’est pas en ruine et elle ne sera pas détruite en un jour. Mais cette épidémie a jeté une lumière crue sur les ruines cachées de notre civilisation déracinée et coupée de sa transcendance. Ce sont ces ruines de l’âme que dénonce le pape François. Pour une fois, difficile d’être en désaccord.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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