Laurent Ruquier et sa bande étaient en grande forme lors de l’émission On n’est pas couché, diffusée samedi 3 mars.

Bien sûr, tout le monde a retenu la sortie pesante de Christine Angot, laquelle, sans doute envieuse, s’offusquait du succès du premier tome des Mémoires de Jean-Marie Le Pen. Elle qui, jadis, sur le même plateau, avait dédaigné les productions littéraires des hommes politiques jusqu’à ce qu’Arnaud Klarsfeld lui signifie que Churchill écrivait certainement mieux qu’elle. Ce qui explique peut-être pourquoi ce dernier reçut le prix de Nobel de littérature en 1953.

Mais il y avait une autre pépite dans ce déversoir télévisuel de toutes les pulsions progressistes qui revenait sur la déplorable affaire soulevée à propos de Mathilde Edyey Gamassoue, jeune franco-béninoise choisie pour incarner Jeanne d’Arc à l’occasion des fêtes johanniques de 2018. Inutile de rappeler ici toute sa légitimité à endosser cette responsabilité symbolique.

Sans nuance, le triste sire Ruquier a alors accusé « la fachosphère » de s’en être pris à « cette pauvre jeune femme ». Mais qu'est-ce au juste que la "fachosphère" pour Laurent Ruquier ? Pas Valeurs actuelles ni Boulevard Voltaire, en tout cas, puisque si le pénible Zébulon de France 2 s'était donné donné la peine de creuser un peu la question, il a pu constater que Charlotte d’Ornellas – Jeanne d’Arc de 2002 – prenait fait et cause pour Mathilde dans un entretien accordé sur notre site. Mais il n'en a rien dit.

Au lieu de cela, nous avons eu le droit à d’épaisses saillies qui n’ont rien à envier à Cyril Hanouna. « Pour l’instant la fachosphère ne sait pas que c’est Omar Sy qui a été choisi pour incarner Jean-Marie Le Pen dans son biopic », a ainsi gloussé le sieur Ruquier, démontrant, si besoin était, que, originaire du Havre, il a plutôt la finesse d’un méthanier que celle d’un célèbre tableau de Claude Monet représentant le port de la cité normande au petit matin, Impression soleil levant, conservé au musée Marmottan, à Paris.
Le présentateur hilare s’est même surpassé en rappelant que « Jeanne d’Arc était noire sur la fin ». Et de railler enfin Marion Maréchal-Le Pen – que la fachosphère, toujours elle, voudrait voir en Jeanne d’Arc, selon l’hypothèse du gai-luron – ou sa tante, qui se serait elle aussi « bien cramée ». Autant de « légères » allusions au supplice de la jeune lorraine.

Après un avis personnel dont on se fiche éperdument – « Les fête johanniques à Orléans sont tellement ennuyeuses. Là ça mettra un peu de couleur justement » –, Yann Moix s’est à son tour fendu d’une leçon d’histoire dont je laisse à chacun le soin de mesurer l’anachronique inanité : « Cette France ignoble qui est la même France que celle qui avait insulté la ministre de la Justice, madame Taubira […]. Cette France-là finalement est une France que Jeanne d’Arc n’aurait jamais incarnée. Jeanne est une lutte contre les préjugés de son époque, puisque vous savez qu’à l’époque on l’accusait d’être un homme. »
Définitivement, de Laurent Ruquier et ses deux acolytes, « je dirais qu’ils sont lourds et leur esprit est lourd » (L.-F. Céline).

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06 mars 2018 à 19:41

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