Nucléaire : la politique de Gribouille

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Le chef de l’État devrait annoncer la construction de six nouveaux EPR. On a pourtant arrêté de force les deux réacteurs nucléaires de Fessenheim, qui produisaient deux gigawatts électriques. Cette décision d'Emmanuel Macron montre l'ignorance inquiétante de ce gouvernement dans le domaine des sciences et de la technologie.

Que se passerait-il si les 300 passagers d'un Airbus découvraient, en vol, que leurs pilotes n'ont aucun diplôme de pilotage et qu'ils ne vont donc pas savoir poser l'avion ? C'est exactement la situation des Français avec le nucléaire, car les équilibres énergétiques et la quantité des émissions polluantes ne relèvent pas du domaine des opinions mais du domaine de la science. Nous avons, en France, les meilleurs ingénieurs du monde et nous confions le pilotage de l'énergie à des béotiens comme Nicolas Hulot, Ségolène Royal ou Barbara Pompili. Or (il faut le répéter), l'énergie nucléaire, c'est l'énergie qui est de loin la plus propre et la moins dangereuse.

Qui sont ces antinucléaires et que veulent-ils ? Il faut bien comprendre que l’Allemagne veut dominer l’Europe, et aujourd’hui plus que jamais. Et le seul pays capable de s’opposer à elle, à présent, c’est la France.

La France a bâti sa puissance économique et politique à partir des années de Gaulle autour de l’énergie nucléaire. Et ce, grâce à son génie car elle n’a ni pétrole ni charbon. Énergie électrique abondante et bon marché qui s’exporte et favorise nos industries.

Mais l’Allemagne réunie se veut puissante et, pour abaisser ce concurrent, elle va s’attaquer à ce qui fait sa force et son prestige.

Les industriels allemands vont donc répandre le mensonge selon lequel le nucléaire est terriblement dangereux. Les Grünen et leurs associations, qui ont leurs alter ego chez les Verts français, poussent dans le même sens. Ils disent qu’il faut mettre des éoliennes partout, mais ils favorisent, par leur opposition au nucléaire, l'ouverture de nombreuses centrales à charbon (84). Au diable la planète ! Dominant les instances européennes, l’Allemagne refuse au nucléaire la qualité d’énergie décarbonée, tandis que la France commence à fermer ses centrales et achète des éoliennes et des usines à gaz made in Germany.

Apparemment, Emmanuel Macron n’a pas compris cette guerre. À cause de lui, nous avons perdu quatre ans dans la relance du nucléaire, sans compter la perte de Fessenheim et la fermeture insensée d’ASTRID (réacteur de 4e génération conçu pour utiliser les déchets nucléaires comme combustible dans de nouvelles centrales).

Dans son discours du 12 octobre, il annonce que la France va consacrer, d’ici 2030, un milliard au nucléaire, citant avec emphase les « Small Modular Reactors ». Il s’agit de petits réacteurs modulaires, de faible puissance. Très bien, mais avec un milliard, de qui se moque-t-il ? La France, selon Fabien Bouglé (Nucléaire : les vérités cachées), aurait consacré 250 milliards aux énergies renouvelables : 150 dans la production et 100 dans les raccordements. Tout cela pour produire uniquement quand la météo s’y prête, soit un jour sur quatre.

Ajoutons que freiner les centrales nucléaires n’entraîne aucune économie, le coût du combustible étant négligeable dans leur compte de production. Le coût du nucléaire vient, en effet, essentiellement de la construction et de la maintenance des centrales. Et ce sera encore plus vrai dans l’avenir, avec les futurs réacteurs qui brûleront les actuels déchets nucléaires.

Jean-Marc Frenove
Jean-Marc Frenove
Ancien professeur d’économie à l'Université d’Abidjan, spécialiste des énergies - Mines ParisTech

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