Diantre ! Comment est-ce possible ? Des djihadistes courant les couloirs feutrés de l’ambassade de France comme les cousins blondinets folâtrant dans le grenier de la maison de campagne familiale ! Il faut se pincer pour le croire ou peu s’en faut. Ce n’est pas un canular et la lecture du Canard enchaîné nous le prouve.

Tout d’abord, selon le palmipède satirique, l’ambassade de France au Qatar "a eu la surprise (sic !) de découvrir que des agents locaux de sécurité chargés de la protéger avaient partie liée avec des djihadistes. Ils ont illico vidé les lieux." Ensuite, notre volatile national nous apprend que "Pire : à Londres, un salarié de l’intendance de l’ambassade de France s’est révélé être un radicalisé qui avait recruté, pour des travaux d’entretien dans les locaux, des employés eux-mêmes soupçonnés de sympathie pour la mouvance terroriste." Pour finir, un brin ironique, l’oiseau moqueur caquète qu'"Emmanuel Macron, lui, a recruté comme intendant à l’Élysée le chef de l’employé suspect de l’ambassade de France à Londres. Heureusement, ce n’est pas contagieux."

Nous voilà rassurés, nous pouvons allègrement passer notre chemin et dormir tranquillement sur nos esgourdes, ce, d’autant, nous promet notre brave ministre des Affaires étrangères, que 67 millions d’euros ont été alloués au renfort de la sécurité des ambassades de France à travers le monde. Un peu d’oseille et tout s’arrange, en quelque sorte. Au Quai, entre embarras et ambassade, on a choisi.

Nous n’en revenons toujours pas, cela dit. Que des parcelles de territoire français à l’étranger réputées – à l’instar d’ailleurs, de toutes les légations protégées par les règles antiques et coutumières du droit international – pour leur inviolabilité autant que pour le haut niveau de sécurité eussent été si facilement infiltrées par des mahométans en goguette nous laisse pantois.

C’est vrai, quoi ! A-t-on jamais vu pareille engeance proliférer dans les sous-sols de l’aéroport de Roissy, affectés, qui au contrôle des bagages, qui à celui des passagers, qui même à l’entretien, au ravitaillement ou au nettoyage des avions ? Sans parler de nos armées, de notre police ou de nos hôpitaux, lesquels, on le sait, sont parfaitement vierges de la présence ô combien ! indésirable de ces corans d’air aussi agréables et proverbiaux qu’une tempête de sable sur les bords de Loire.

Et que dire de nos accortes banlieues, de nos charmants petits villages ou de nos sympathiques centres-villes où évoluent en toute liberté des centaines d’allochtones au milieu desquels quelques illuminés s’interrogent déjà sur la façon dont ils vont pouvoir violemment contribuer aux fêtes de fin d’année, tant ils éprouvent, au nom d’Allah, du « vivre ensemble » et des « valeurs-de-la-République », le besoin d’exprimer leur créativité si joyeusement exotique et délicieusement diversitaire ?

C’est ainsi. Pourquoi nous étonner ou feindre de nous étrangler de voir nos dirigeants s’accommoder d’une situation – pour autant qu’elle eût tout simplement existé – qui, en d’autres temps guère si éloignés, eût appelé des réponses politiques radicales et définitives. Nos élites, gangrenées d’impuissance et de lâche résignation, se montrent tout à fait indifférentes devant ce qui relève pourtant de l’anomalie la plus absolue. Elles sont comme le pyromane d’habitude, blasé face à l’immensité des brasiers inextinguibles qu’il vient d’allumer alors que se lève un mistral tenace.

Le terrorisme islamique, d’origine immigrée ou pas, a encore de beaux jours devant lui. Il se nourrit amplement de notre résignation aboulique qu’une métabolisation de trente ans d’antiracisme scolaire et primaire a, seule, pu rendre possible. Il se nourrit aussi de cette inclination mortelle de nos sociétés surgavées à ne plus savoir (vouloir ?) distinguer le bon grain de l’ivraie. C’est notre tragédie.

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08 septembre 2017 à 11:20

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