Non, la vision de Robert Ménard n’est pas rabougrie !
Jeudi matin sur France 2, Florian Philippot réagissait très vivement aux derniers propos de Robert Ménard sur le Front national. Le vice-président chargé de la stratégie et de la communication estime que le maire de Béziers a une "vision assez rabougrie, assez fermée, assez rétrograde des choses". "Il [Robert Ménard] nous parle d’union des droites ; ça, c’était le Front il y a vingt-cinq ans. On ne va pas faire l’union des droites avec des gens qui nous ont trahis méthodiquement lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir. Je pense à Sarkozy. Il n’a jamais sorti le Kärcher, il n’a jamais réduit l’immigration, il n’a jamais mis fin au laxisme."
Cette charge contre Robert Ménard est sévère mais aussi intellectuellement contestable. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’est évidemment pas question, pour le maire de Béziers, de rappeler Nicolas Sarkozy de son exil politique bien mérité ou de s’allier avec n’importe qui chez les LR. Cette dialectique d'amalgame procède donc tout simplement de l’écran de fumée pour échapper à la question déterminante des alliances pour espérer emporter un jour la victoire. Et à celle, encore plus importante, des valeurs essentielles à défendre.
La vision de Robert Ménard est peut-être "assez rabougrie, assez fermée" mais, il n’empêche, tout de même « assez épanouie, assez ouverte » pour qu’elle ait permis en 2014 d’emporter la mairie de Béziers et, en 2017, à Emmanuelle Ménard de gagner l’élection législative avec un score de député LRM ! Bien évidemment, il n’est pas question de nier le poids déterminant de l’électorat Front national dans ces deux élections. Mais l’électorat n’appartient à personne, Dieu merci. Cela se saurait, du reste : rappelons que des millions d’électeurs qui ont voté Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle sont restés à la maison lors des élections législatives. En avons-nous vraiment tiré les enseignements ?
M. Philippot persiste donc sur cette ligne « ni gauche, ni droite » qui est, en fait, une ligne « pourquoi pas à gauche mais surtout pas à droite ». Une ligne qui risque de condamner le Front national à s’enfermer, non pas dans un splendide, mais un stupide isolement.
Bien sûr que la faute de LR, anciennement UMP - cette invention de Juppé au lendemain du 21 avril 2002 -, est très lourde. S’il est d’ailleurs une statue qu’il faut déboulonner dans notre pays, c’est bien celle de Chirac, qu’on lui a édifiée de son vivant, car il a été le tueur de la droite en France. Sarkozy aura été le fossoyeur.
Mais est-ce pour cela qu’il faut définitivement tourner le dos à toute la droite, notamment aux générations qui montent ?
La droite – je ne parle pas de la droite et du centre, cet oxymore qui signifie en fait la droite de la gauche, c’est-à-dire, finalement, la gauche – sait qu’elle n’accédera jamais seule aux affaires. Le Front national n’accédera jamais seul aux affaires. Alors, on fait quoi ? On continue à se regarder en chiens de faïence, c’est-à-dire en bibelots immobiles sur la cheminée devant laquelle M. Macron se pavane…
Être « moderne » - le grand mot de M. Philippot -, ce n’est pas mettre sur le même pied la cause animale – au demeurant tout à fait respectable – avec, par exemple, celle vitale, fondamentale de la défense de la famille. C’est, au contraire, oser hiérarchiser les combats. Il est évident que si la France disposait de sa souveraineté monétaire, les choses seraient plus faciles au plan économique. Mais la réalité s’impose à nous. Marion Maréchal-Le Pen déclarait en février dernier : "Je me fiche de savoir si ma fille un jour devra payer sa burqua en francs ou en euros." J’ai des enfants, des petits-enfants, alors, je hiérarchise. Vision rabougrie ? Je dirais lucide. Comme celle de Robert Ménard.
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