La moralité, affaire de conscience plutôt que de loi
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Après la campagne présidentielle, polluée par de tristes querelles, le terme de moralisation a gagné encore les esprits et le marché de la communication médiatique. Pourtant, au cours de ces dernières années, de nombreuses initiatives publiques avaient prétendu répondre à cette préoccupation. On est forcé de constater que les résultats n’ont pas été à la hauteur de l’ambition. Au moment où l’exécutif s’apprête à proposer, en extrême priorité, un nouveau train de trois lois, il convient de se demander s’il s’agit de poudre aux yeux ou d’un traitement de fond et de choc. Pourquoi faudrait-il remplacer le terme de moralisation par « la confiance dans notre vie démocratique » ? L’hésitation signifierait-elle que l’immoralité serait devenue banalisée.
Plutôt qu’un mouvement législatif tapageur, il faut compter sur l’exigence de comportements personnels conformes à la moralité préconisée depuis la sagesse antique, ainsi que sur la règle de base de l’exemplarité au sommet de l’État qui est le terrain le plus menacé. Les citoyens qui ne courent pas après les mandats publics savent très bien, par intuition naturelle, que la moralité est une affaire de conscience personnelle. Ils n’ont pas besoin de loi pour adopter leurs comportements familiaux et professionnels. La moralité est la marque des honnêtes gens qui pratiquent le respect de soi, de la loi et des autres. Il ne peut être question d’exclure la morale dans la vie publique, car la vertu n’est pas de trop en politique.
Si les gouvernants ont la volonté sincère d’aller jusqu’au bout de leur démarche, quelques exigences essentielles sont de nature à répondre à l’appel des citoyens.
Sur le plan institutionnel, l’abrogation de la loi assurant au ministre quittant le gouvernement la garantie de son retour sans élection sur son siège parlementaire serait un signe fort. De même, la réduction du train de vie des ministres pourrait les rapprocher de la pratique du gouvernement allemand. Une nouvelle nuit du 4 août devrait sonner la fin des privilèges indus pour rapprocher les gouvernants et les élus de la moyenne des citoyens. Les partis politiques ne doivent pas coloniser les places au sein du gouvernement car il appartient à tous les Français. Ainsi les ministres doivent être obligés de rompre leur lien avec leur parti d’appartenance.
La moralisation des campagnes électorales appelle un plafonnement drastique des dépenses de communication. De plus, si l’on veut réellement ouvrir la vie publique à tous les citoyens, il serait normal de mettre un terme à la manœuvre de l’investiture, qui asservit le candidat électoral aux ordres du parti. De même, il ne faut pas craindre de rendre inéligible à vie tout élu condamné de droit commun, par assimilation avec de nombreuses professions tout aussi respectables. Enfin, il sera nécessaire de redonner à la presse son indépendance par rapport à la servitude subie des milieux financiers, industriels et politiques.
Voilà un programme authentique dont les citoyens attendent non pas la proclamation bruyante mais la mise en œuvre effective à la suite d’un référendum populaire.
L’empereur Marc Aurèle encourage encore aujourd’hui la moralité : "Tant que tu vis, deviens un homme de bien."
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