Les messages subliminaux du voyage de Trump au Moyen-Orient

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On a beaucoup critiqué Trump, y compris sur Boulevard Voltaire, pour sa complaisance envers l'Arabie saoudite. On a moins souligné à quel point certains mots et certains gestes, bien dans la ligne de la transgression trumpienne, étaient forts. Historiques, même. Dans une région où il faut avoir, quel que soit le dirigeant, des qualités d'équilibriste, Trump a réussi à utiliser un double langage trop peu remarqué des médias. Et plein de messages subliminaux. Notamment à destination des peuples occidentaux.

Il faut, bien sûr, revenir sur la séquence initiale qui, rien que dans sa fonction d'ouverture de l'opéra, avait une profonde signification : le discours aux dirigeants musulmans, le dimanche, à Riyad, suivi, au pas de course, par la prière du président américain au Mur des Lamentations.

Les commentateurs insistent sur les changements, les revirements, les ajustements géopolitiques de Trump par rapport à Obama, aux néocons et à ses propres discours de campagne à destination du peuple américain. Tout cela est vrai, mais manque l'essentiel.

Car il faudrait plutôt souligner les permanences fulgurantes de ce qu'il faut bien appeler le trumpisme. Se faire applaudir par un aréopage de dirigeants musulmans en lançant « Chassez-les de vos pays, chassez-les de vos mosquées, etc. », c'est à proprement parler hallucinant. C'est d'abord dire que oui, leurs mosquées regorgent de prêcheurs de haine, et que ces pays-là n'ont pas fait ce qu'il fallait. Héroïque.

Commencer son discours par une captatio benevolentiae interprétée à juste titre comme un signe d'apaisement : "Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment ils doivent vivre" était tout aussi subliminal. N'est-ce pas sous-entendre : nous, peuples occidentaux, ne voulons pas non plus que l'islam vienne chez nous nous donner des leçons et nous dise comment nous devons vivre? L'éléphant Trump a montré comment, en deux phrases, il faut d'un même mouvement affirmer notre respect pour les pays musulmans et refuser l'islamisation de l'Occident.

Car, dimanche, le président Trump ne parlait pas seulement au monde musulman mais à nous, Occidentaux, et il nous parlait de nous dans notre rapport faussé à notre identité et à l'islam. Aux Américains qui l'ont élu pour ses prises de position claires face à l'islam, et qui auront relevé qu'il n'hésitait pas à parler de terrorisme « islamique », et pas seulement « islamiste », même en plein cœur du monde musulman. Mais aussi aux peuples et aux dirigeants européens anesthésiés devant l'islamisation de leur continent : il y avait dans le Trump impérial des 21 et 22 mai une leçon politique et religieuse de haute volée lancée à la face de la vieille Europe. Un « Réveillez-vous ! » semblable à l'exhortation de Jean-Paul II, à Paris, en 1980 : « France, fille aînée de l’Église, qu'as-tu fait de ton baptême ? »

Et le parallèle avec Jean-Paul II était inévitable quand Trump s'est rendu au Mur des Lamentations, fidèle en cela au soutien constant qu'il a apporté à Israël pendant la campagne, contrairement à Obama. Comme Jean-Paul II en 2000. Comme Benoît XVI en 2009. Le symbole n'était-il pas éclatant pour rappeler, à Jérusalem, les origines judéo-chrétiennes de la civilisation occidentale ?

Faut-il que l'Europe de Mme Merkel, et jusqu'à notre pape François, soit tombée si bas dans la perception de ce qu'est l'identité européenne et de ses deux nobles racines pour que ce soit cet improbable président américain qui vienne poser les mots et les gestes fermes qu'ils sont incapables d'émettre aussi bien en direction de leurs peuples que face à l'islam ?

Ce ne serait pas la première fois dans l'Histoire que le grand frère américain mâchant du chewing-gum viendrait tirer la pauvre Europe de ses aveuglements sur ce qu'elle est, ce qu'elle doit être et ce qui la menace.

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