Merkel et les migrants

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La chancelière allemande était décrite comme la femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes au 1er novembre 2017. Hélas, elle n’a pas réussi à former une coalition avec les libéraux et les Verts le lundi 20 novembre, une coalition « Jamaïque » entre des partis que tout oppose : la fiscalité, l’immigration, la politique énergétique...

Très affaiblie par sa politique migratoire, son parti la CDU, alliée avec la CSU de Bavière, n’a réalisé que 32,9 % des voix, le plus mauvais score de son parti depuis 1949. L’AfD (Alternative für Deutschland), parti populiste, anti-immigration, a obtenu 12,6 % des voix, devenant le troisième parti allemand après la CDU et le SPD (socialiste). Avec 94 sièges, ce parti a réussi un exploit.

Mme Merkel a accueilli un million de réfugiés. Après la nuit du Nouvel An 2016, les autorités attendirent quatre jours avant de dévoiler les 1.200 agressions de femmes commises par des migrants. Le 19 décembre 2016, un camion tuait douze personnes.

En alliant la CDU à l’autre grand parti allemand, le SPD socialiste, la chancelière a brouillé les cartes idéologiques. Une coalition centriste comme celle de M. Macron. Un ancien conseiller de Helmut Kohl, Joachim Bitterlich, dit : "Le citoyen allemand veut savoir où s’en va le train. Il rejette le pragmatisme sans limites de Merkel qui a gommé les frontières idéologiques et emmené le pays dans le brouillard."

La CDU/CSU a perdu 8,5 points depuis 2013 et le SPD 5,2 %. Les libéraux ont gagné 5,9 %. L’AfD a gagné 7,9 %. En réalité, les électeurs n’ont pas apprécié le flou idéologique (d’où la poussée des libéraux) et la politique migratoire de la chancelière et ont fait payer les deux partis au pouvoir.

Les négociations avaient trop duré pour les libéraux. Pour le président du FDP, Christian Lindner, les propositions centrales des libéraux, comme les allègements fiscaux, n’apparaissaient plus assez dans le compromis : "Nous voulons rester fidèles à nos électeurs."

L’énergie et le climat d’un côté, et l’immigration de l’autre, ont constitué les dossiers les plus difficiles. "Nous avons atteint les limites du supportable", a assuré Cem Özdemir. Le leader Vert ne voulait pas céder sur le regroupement familial. Les conservateurs bavarois de la CSU ont réclamé à la chancelière une limite fixée à 200.000 par an. Après l’amère victoire du 24 septembre, elle a été contrainte de renforcer « son flanc droit » menacé par l’AfD.

Les élections régionales en Bavière se tiendront à l’automne 2018, et la CSU craint d’y perdre la majorité absolue. Les « populistes » de l’AfD se réjouissent et attendent des scores meilleurs. Poussés par le président socialiste, Frank-Walter Steinmeier, le SPD envisage de recréer une grande coalition qui "mène les Allemands dans le brouillard".

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:44.
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Mylène Troszczynski
Député européen du groupe ENL

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