Mensonges de la classe politique : la fin du prêt-à-penser ?
Tout ça pour ça ! On nous refait le coup du « en même temps » ! Jurer, main sur le cœur, que sous ce quinquennat, la traque aux « fake news » a débuté et nommer, au poste de porte-parole du gouvernement, une femme qui assume parfaitement « avoir menti pour protéger [son] Président » !
Il faut bien le reconnaître, Emmanuel Macron ne ménage pas sa peine pour qu'enfin les Français puissent accéder en toute vérité à la « vraie » information : exit les fausses intox, les rumeurs de bas étage, les contre-vérités, les mensonges propagés ; avec la nouvelle loi anti-« fake news », la vérité triomphera ! On ne négocie pas avec la transparence : pouvoirs du juge renforcés et justice rapide car tout contenu « manifestement illicite » hébergé sur une plate-forme sera suspendu en moins de 48 heures. Mais après ses vœux vertueux à la presse, qui lui ont permis de rappeler la nécessité absolue de « protéger la vie démocratique de ces fausses nouvelles », Emmanuel Macron a peut-être fait une bourde en nommant Sibeth Ndiaye, qui traîne avec elle son gros boulet de mensonge avoué sur fond d'affaire Benalla.
Soyons juste : qui est assez naïf pour croire que le mensonge n'est pas le sport le plus pratiqué par les homme politiques de tout bord ? Souvenons-nous, la marionnette Chirac « Super Menteur » des Guignolsde Canal+, celle qui lui a collé à la peau pendant toute la campagne de la présidentielle de 2012. Et combien de présidents en exercice ont respecté leurs promesses de campagne : François Hollande, cet ennemi de la finance ? Nicolas Sarkozy, ce nettoyeur au Kärcher® de banlieues ?
Si toute vérité n'est pas toujours bonne à dire, assumer le mensonge d'une manière totalement décomplexée est un fait nouveau chez certains responsables politiques. On aurait pu croire les Français assez mûrs pour entendre certaines réalités, ne serait-ce que parce qu'ils sont assez grands pour se choisir leurs propres représentants. Mais ce n'est pas ce que pense le député LREM de l'Hérault, Patrick Vignal. Invité sur le plateau de CNews, lundi 1er avril, il fait partie de ceux qui « assument », et même trouve très normaux les mensonges du gouvernement sur ce qu'il nomme les « dossiers un peu chauds comme le terrorisme et le chômage » car, selon lui, « s'il faut dire la vérité aux Français, ça veut dire dix ans de sang et de larmes ».
Voilà qui n'est guère rassurant car il persiste : le devoir du politique n'est pas de « dire la vérité aux Français » mais de leur « donner une leçon d'espérance » ; à chacun son job !
Comment, dans ces conditions, reprocher à ces mêmes Français le peu de confiance qu'ils accordent à leurs politiques (29 % de cote de popularité pour Emmanuel Macron au 24 mars, selon Ipsos), à leurs médias (entre 38 % et 50 %) et leur appétence de théories du complot (pas moins de 79 %, selon une étude IFOP pour la fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch - janvier 2018) ?
Nos responsables politiques n'ont peut-être pas mesuré toutes les conséquences de leur « insincérité » avouée. Signe, peut-être, de la fin d'une époque, celle de la réception passive du « prêt-à-penser », et tout simplement le retour de l'esprit critique. Les Français vont chercher l'information ailleurs que dans les médias "mainstream". Et c'est une bonne nouvelle pour Boulevard Voltaire, qui a de beaux jours devant lui.
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