Mauvais timing pour la France : Macron remonté comme une pendule… contre la Suisse

drapeau suisse

Dans Le Troisième Homme, chef-d’œuvre absolu de Carol Reed, Orson Welles incarne Harry Lime, un trafiquant de pénicilline, dans la Vienne chaotique des années 1945. Il aurait improvisé cette réplique de génie : « L’Italie, sous les Borgia, a connu trente ans de terreur, de meurtres, de carnage... Mais ça a donné Michel-Ange, de Vinci et la Renaissance. La Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ? Le coucou ! »

Et les revoilà, nos Suisses pacifiques, qui réinventent quoi ? Le cocu !

Et il se dit encore, en milieux informés, que le cornu berné par le Bernois serait, une nouvelle fois, le Gaulois tricolore. Dévoilé. Pas content ! Mauvais timing, donc, pour la France ; et pour son Président qui, depuis quelques jours, ne décolère pas, dit-on également.

Bien sûr, au départ, il y a eu ce premier incident en eaux troubles, grenouillages anglo-saxons jamais fair-play, qui nous ont évincés d’un marché australien que nos stratèges élyséens pouvaient croire conquis. Oh, les naïfs ! « Ça ne se fait pas entre amis » ; c’est Sarkozy qui l’a dit !

Pas rien, quand même, que ce contrat de construction de sous-marins pour 90 milliards de dollars australiens – soit 56 milliards d’euros –, rompu sans préavis. Camouflet financier et géopolitique infligé à l’État français, depuis Canberra, par torpillage des « dépassements d’honoraires » de l’industriel Naval Group, dont il est aux deux tiers actionnaire. Par le fond, le beau « contrat du siècle », signé en 2019, qu’on nous avait vanté là-haut : « Il faut beaucoup de confiance » à l’Australie « pour parier sur la France » disait alors, luron, le ministre Parly, comme en terrain conquis. Sacré Florence, toujours le mot pour rire ! Et qui ne croyait pas si bien dire.

Tout avait continué, pourtant, sous de très bons auspices, en novembre 2020. Rappelez-vous. Outre-Atlantique, le gentil Joe Biden venait de chasser le méchant Donald Trump et tout rentrait dans l’ordre. Emmanuel Macron était aux anges ; le bien était de retour, et il saluait sa victoire : « Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis d’aujourd’hui. Agissons ensemble ! » Oui, il fallait agir ensemble. Et lors du G7, le 12 juin dernier, après sept mois d’une attente fébrile, le Président français pouvait enfin serrer la main du brave Joe ; sans masque, ni gel, ni faux-semblants, sur la plage de Carbis Bay, en Cornouailles. On y croyait tous, à l’idylle. Ah ! Ah ! Mais c’était sans compter la malice de ce vieux « Creepy Joe » – comme disait l’ignoble Donald à qui ne voulait point l’entendre – et l’aversion pour le scrupule des affairistes américains. Car « business is business » ! comme disait George Colman, auteur comique...

Et les Suisses, dans tout ça ? Toujours au beau mois de juin, ces Helvètes belliqueux ont commandé 36 avions de chasse américains F-35A à la compagnie Lockheed Martin, en faisant un peu miroiter à la France un hypothétique achat de Mirage. Juste une illusion, en fait. Et première « rafale » de notre déroute industrialo-stratégique avant la tempête annoncée, qui nous revient du Pacifique. Ce n’est pas le groupe Dassault, qui pensait sans doute emporter ce petit marché de proximité, qui nous démentira !

Guy Parmelin en aurait aussi fait les frais. Qui ? Le président suisse. Deux journaux confédérés – Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung –, non contents d’exposer au grand jour et d’attiser la douleur de notre cocufiage aérien, ont persiflé, ce dimanche, que « le président confédéral » ne viendrait plus à Paris en novembre prochain en visite officielle. Par rétorsion d’Emmanuel Macron ! Notre chef des armées serait-il aussi remonté qu'un coucou mécanique contre son homologue ? Et à ce point mesquin ? L’Élysée dément. Problèmes de calendrier diplomatique mal calé, dit-on...

Nous voilà rassurés ! Ce n’était qu’un mauvais calage d’aiguilles. Méfions-nous quand même des Suisses. Ils ont le lac Léman... mais nous des sous-marins à vendre. Et maintenant, même à revendre. Ils nous feront peut-être un prix.

 

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Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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