Pap Ndiaye a déclaré, vendredi matin, qu'en cas de grand froid et de coupure d'électricité, les classes seraient fermées le matin. Pour la psychologue Marie-Estelle Dupont, spécialiste de l'enfance, cette décision va aggraver un alarmant constat : « La santé mentale et physique de nos mineurs a été considérablement dégradée par la crise Covid et par les mesures sanitaires. »

Marc Eynaud. Le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye a annoncé qu’en cas de coupure d’électricité, les écoles seraient fermées le matin. Que pensez-vous de cette mesure ?

Marie-Estelle Dupont. On se demande quand la question de l’enfance va revenir au cœur des priorités. Comment se fait-il que nous en arrivions à ne plus pouvoir scolariser nos enfants et à ne pas considérer que chauffer et éclairer des salles de classe, avec tout ce que signifie symboliquement le mot éclairer et le mot réchauffer, ne soit pas prioritaire ? A fortiori quand on connaît l’état de notre jeunesse après deux ans de crise sanitaire.

M. E. Durant la crise sanitaire, les enfants des crèches ont été confrontés à des personnels portant un masque, les enfants du primaire ont eux-mêmes porté ce masque. On est un peu dans la continuité de cette crise sanitaire…

M.-E. D. Les études montrent ce que nous, cliniciens, constatons de manière empirique depuis deux ans. La santé mentale et physique de nos mineurs a été considérablement dégradée par la crise Covid et par les mesures sanitaires. Ce n’est pas le Covid qui les a impactés mais bien les fermetures de classes et l’enseignement à distance. Tout le climat anxiogène et culpabilisant a déjà placé notre jeunesse dans un syndrome d’impuissance acquise. On les a rendus responsables de quelque chose sur quoi ils n’avaient pas de prise, pas de contrôle. On leur a demandé de se faire tout petits, de ne plus exister. De nouveau, on est en train de leur signifier de rentrer chez soi, au pays de l’instruction obligatoire. Le fait d’être un enfant instruit avec des connaissances est secondaire, aujourd’hui. En tant qu’adulte et mère de famille, en tant que psychologue qui voit des enfants allant mal en raison de tout ce qu’ils ont dû porter, j’ai vraiment honte et je me dis qu’on a perdu la face une nouvelle fois et qu’on inverse les valeurs.

M. E. On sauve les anciennes générations au prix des jeunes générations…

M.-E. D. On a inversé les valeurs et on a inversé les places : on demande aux enfants de porter les adultes. Je ne dirais pas qu’on a sacrifié les enfants pour sauver certains adultes. C’est un piège de poser le problème de cette manière. Car, en réalité, on n’a pas sauvé les personnes très âgées. Les très âgées ont également souffert de la solitude dans les EHPAD. Il ne faudrait donc pas créer une fracture artificielle entre les générations alors que les besoins de liens de tout être humain ont été impactés. Vis-à-vis des générations futures, on a un surcroît de responsabilité sur lequel on s’est complètement assis.

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04 décembre 2022 à 10:05

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8 commentaires

  1. Après la co-location et le co-voiturage, la « co-habitation » ou « co-maison » risque d’arriver pour limiter les dépenses énergétiques d’un foyer en associant plusieurs familles au sein même d’une maison. L’école pourra suivre ce modèle en faisant une « co-éducation » ou « co-école »: associer dans une même école plusieurs établissements scolaires et peut être alors pourrions-nous espérer éviter des coupures de courant.
    On nage en plein délire…

  2. Oui les enfants sont sacrifiés même si en apparence ils sont gâtés par les parents . On les laisse s’asseoir dans le métro au détriment des vieilles dames mais on va les laisser geler dans les classes ou les dispenser de savoir…
    Un e éducation bancale …

  3. L’école est un milieu de savoir , de partage , d’ouverture d’esprit. Que le ministre de l’éducation envisage de priver nos enfants d’un enseignement essentiel , me dépasse complètement. L’école est aussi pour beaucoup, un moyen de manger « varié » au moins une fois par jour . Et probables , cet hiver , de passer une journée au chaud car il n’est pas sûr que chez eux leurs parents puissent chauffer correctement leur habitat. C’est de cela aussi que l’on prive les enfants en fermant les écoles. Et enfin, dernier problème qui n’est pas des moindres, qui va emmener les enfants à l’école l’après-midi, qui va les garder le matin ? Les parents? Cela voudrait dire que les parents vont cesser de travailler ? Tout le monde ne peut pas non plus se payer le luxe d’avoir des nounous à disposition Mr Pap Ndiaye. Bref, de quelque côté vers lequel on se tourne , cette histoire est une catastrophe.

  4. Déjà que la scolarité était plutôt chaotique avec les mesures sanitaires, tout cela s’est aggravée et aujourd’hui et on en remet une couche! Même les écoles sont concernées par les économies de chauffage et d’éclairage. Pourquoi et pour qui ? Pour fournir de l’électricité aux allemands qui ne reçoivent plus le gaz des Russes, et pour soutenir, donc, leur industrie qui est prioritaire sur la scolarité des petits français . C’est pour cela, et uniquement ! En parlant de scolarité , Eric Zemmour dit souvent que les différents dirigeants français qui se sont succédés depuis quelques decénnies se sont appliquées à être les meilleurs élèves de l’Union Européenne. Jusqu’à l’asservissement ? Au niveau national , je leurs mettrais bien le bonnet d’âne!!!

  5. (suite …. Validation accidentelle. Pas moyens de corriger ) Ces apprentis sorciers font leurs expériences sur les rats. Et quand ça foire, ce sont les rats qui sont fautifs !

  6. Tout à fait juste : « on » a volé 3 années de leur enfance à nos petits .( et accéléré de 3 ans la mise au tombeau sans égards ni ménagements des anciens )

  7. Les victimes de l’idéologie progressiste du macronisme sont toujours les plus faibles : enfants nés ou à naître, personnes âgées, handicapés, mères célibataires, de manière générale les individus isolés, sans défense ou moyens de pression, considérés comme inutiles à la « start-up nation » et improductifs. En revanche, d’autres qui coûtent très cher à la société (délinquants, immigrés illégaux, …) sont victimisés et préservés au nom de l’idéologie droit de l’hommiste. Pour ne parler que des enfants, s’il est légitime de faire de l’écho aux violences envers les femmes, il est étonnant que l’on parle beaucoup moins des enfants maltraités, ces derniers étant par définition bien plus sans défense qu’une femme adulte et les violences subies dans l’enfance ayant souvent des conséquences irréversibles sur la vie adulte.

  8. Baisse t’on le confort dans les prisons , non sinon il y a des émeutes et ça les courageux au pouvoir ne veulent surtout pas .Toujours sacrifier le peuple français au profit de certains : délinquants , mineurs isolés , retraites et soins à ceux qui n’ont jamais contribué à l’essor de ce pays et surtout train de vie et avantages des élus qui ne se privent de rien dans tous les domaines .

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