On a bien le droit de changer d’avis. Certains pourront même prétendre qu’il s’agit d’une mesure d’hygiène, au même titre que l’on doit changer de chemise régulièrement, surtout si on la mouille. Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, fait sans doute partie de cette catégorie. En 2013, il avait abondamment mouillé sa chemise contre le mariage pour tous, notamment en participant aux manifestations, tant à Paris qu’à Nice.

Ainsi, le 30 janvier 2013 - il y a quatre ans et demi, il y a donc une éternité -, Éric Ciotti postait sur sa page Facebook une tribune intitulée "Mariage pour tous - Les Français doivent pouvoir s’exprimer" et en appelait à un référendum sur ce sujet. Extraits de cette tribune : "Le mariage est, dans notre culture, intimement lié à la fondation d’une famille. Ce n’est pas qu’une cérémonie ou un contrat entre adultes mais une institution qui organise la filiation. C’est bien le bouleversement de la filiation et du droit des personnes qui est dangereux, oubliant l’intérêt des enfants." Un peu plus loin : "Pour faire entendre la voix des Français et parce que j’ai toujours assumé mes responsabilité, je participerai au rassemblement citoyen contre ce projet de loi le samedi 2 février à 15 heures à la Place Pierre Gautier à Nice." On ne pouvait être plus clair.

Interrogé sur Europe 1, mercredi dernier, au sujet de la PMA et la GPA, Éric Ciotti est revenu sur sa prise de position concernant le mariage homosexuel, laissant transparaître des regrets quant à cet engagement frontal à l’époque.
"Chacun a ses choix. On a pu commettre des erreurs d’appréciation. Sur le mariage pour tous, je n’aurais peut-être pas la même attitude aujourd’hui." Et de poursuivre : "Aujourd’hui, je le dis clairement…, je pense que ce texte, il est aujourd’hui dans le droit et qu’on ne pourra pas et qu’on ne doit pas revenir là-dessus. Je le dis clairement." C'est clair ! Argument massue, que l’on entend régulièrement chez Les Républicains : c’est la loi et nous respectons la loi ! Comme si on ne passait pas sa vie au Parlement à voter des lois qui en annulent d’autres. Imaginez, en 1981, des députés qui auraient refusé d’abroger la loi sur la peine de mort ("Tout condamné à mort aura la tête tranchée") au motif que ce texte était dans le droit…

Amende honorable, donc, de la part d’Éric Ciotti, en guise de concession pour mieux s’opposer à la PMA et à la GPA. Car pour Éric Ciotti – aujourd’hui, en tout cas -, "aller plus loin, c’est aller justement sur une utilisation qui me paraît dangereuse".

On notera que le spécialiste des questions de sécurité qu'est le député des Alpes-Maritimes aime bien utiliser l’adjectif "dangereux". En 2013, c’était le bouleversement de la filiation et du droit des personnes qui était dangereux. Danger qui semble, donc, ne plus exister aujourd’hui. Nous voici donc rassurés. En 2017, c’est aller plus loin avec la PMA qui serait dangereux pour l’élu niçois. Jusqu’à quand ? 2022, peut-être…

M. Ciotti, alors qu’il venait de sentir le vent du boulet En Marche ! lors des dernières législatives, déclarait au soir du premier tour : "Je vais encore tout donner dans cette bataille des idées, des convictions." Une question : quelles sont les idées et les convictions de M. Ciotti ? Celles d’hier, d’aujourd’hui ou de demain ? À force de changer de chemise, cette droite autoproclamée « de conviction » va se retrouver sans pantalon.

221 vues

07 juillet 2017 à 16:41

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.