Macron va chercher la bénédiction du pape pour sa politique migratoire

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Il a déjà tenté de séduire les évêques, le 9 avril, au collège des Bernardins. Et, par leur intercession, les catholiques qui ont voté François Fillon – ceux qui ont choisi Marine Le Pen n'étant pas récupérables. Ce mardi 26 juin, il va tenter de séduire le pape et de s'en faire un allié dans sa politique migratoire. Mais ce sera moins facile : s'il n'a pas le tempérament de Donald Trump, François n'en est pas moins imprévisible.

Ce n'est pas un voyage de piété mais un voyage politique qu'entreprend notre Président. Il recevra son titre de chanoine d’honneur de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, ce que lui reprocheront illico Jean-Luc Mélenchon et autres anticalotins : il ne déplaît pas au Jupiter de l'Élysée de renouer avec cette tradition qui remonte au roi Henri IV. François Hollande avait refusé ce titre : Macron, lui, n'est pas hostile au catholicisme !

Nul doute que les progressistes, qui confondent le concile de Vatican II avec Mai 68 – ont-ils entièrement tort ? –, lui apporteront leur soutien. Il y a belle lurette que ces catholiques de gauche prennent, dans l'Église ou hors de l'Église, des positions qui ne les distinguent guère des socialistes ou des syndicalistes les plus engagés. Encore qu'ils soient gênés aux entournures par la concurrence des catholiques bourgeois, qui délirent devant la politique économique de leur sauveur Macron, faisant passer leur porte-monnaie avant leurs convictions spirituelles.

La durée de son entretien sera, paraît-il, révélateur de la nature de ses relations avec le pape : 20 minutes, c'est le minimum protocolaire ; 30 minutes, c'est une très bonne visite ; 40 minutes, c'est exceptionnel. Gageons qu'Emmanuel Macron, qui veut être le premier des premiers de cordée, va jouer la montre. « Paris vaut bien une messe », aurait dit Henri de Navarre, avant d'accéder au trône. Jupiter accepterait volontiers la bénédiction du pape pour s'assurer l'électorat catholique à l'approche des élections européennes.

Il aimerait bien, notamment, obtenir l'appui du Saint-Père pour convaincre les Français que sa politique migratoire est la bonne. Las ! Ce dernier risque de le trouver bien tiède, lui qui fait une distinction subtile entre réfugiés et migrants et se veut, en même temps, libéral et ferme. Le pape, si l'on en croit ce que rapportent les médias, veut accueillir tout le monde. En réalité, quand on y regarde de près, sa position est plus nuancée : il faut aussi s'attaquer aux racines du mal et les migrants doivent faire l’effort de s’intégrer dans leur pays d’accueil. Le cynisme intéressé de Macron risque fort de se heurter, si j'ose dire, à l'angélisme du pape.

Mais il est un domaine où notre Président peinera à trouver un accord avec le pape : les questions de société. On se souvient du visage sévère de François, recevant Hollande après le vote de la loi sur le mariage pour tous. Il est peu probable, à moins que quelque démon ne l'égare, qu'il soutienne notre Président sur l'élargissement de la PMA, l'introduction de la GPA, la loi sur la fin de vie - euphémisme pour désigner l'euthanasie active.

Emmanuel Macron va tenter de faire de sa visite un coup politique. Souhaitons que le pape François se concentre sur sa mission apostolique et remette à sa place cet homme qui se prend pour Dieu, qui idolâtre les valeurs matérielles et n'estime les individus qu'au montant de leur compte en banque. Il pourrait lui rappeler la parole de saint Matthieu : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu." Ou, mieux encore, comme Jean-Paul II, au Bourget, le 1er juin 1980, lui poser cette question : "France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?"

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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