Macron se revendique à « l’extrême centre », là où grenouillent ceux qui n’ont aucune conviction

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Vous vous souvenez sans doute du sketch de Coluche sur la publicité ? Il ciblait la lessive. OMO, à l’époque, lançait sur le marché celle qui lave « encore plus blanc ». Je vous rafraîchis la mémoire :

« Le nouvel OMO, il lave encore plus blanc. Parce que l’ancien, heu… valait mieux changer. Alors le nouveau, il lave encore plus blanc. Blanc, moi je sais ce que c’est, comme couleur, c’est blanc. Moins blanc que blanc, je me doute, ça doit être gris clair. Mais plus blanc que blanc, qu’est-ce que c’est, comme couleur ? », demandait Coluche.

Pourquoi Coluche ? Parce qu’en entendant la définition qu’a donnée Emmanuel Macron de son positionnement sur l’éventail politique, on ne peut s’empêcher de songer au sketch de la lessive.

ÀA l’entendre, le nouveau Macron est encore plus « en même temps » qu’en même temps. De centriste qu’il était, le cul entre les chaises de droite molle et de gauche tendre, il est devenu « extrême-centriste ». Le nouveau Macron, donc, est plus centriste que centriste. Comme Coluche, on croyait avoir une petite idée de ce qu’est le centre, quelque part entre les deux oreille de François Bayrou, mais l’extrême centre… c’est quoi, au juste ?

Toujours pontifiant, le Président explique : « Les trois quarts des électeurs qui se sont exprimés [au premier tour], ce qui est quand même assez fort, se sont exprimés pour trois projets : un projet d’extrême droite, ce qui est une radicalité ; un projet d’extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon, qui assume une radicalité politique dans les éléments, en particulier liés au capitalisme et au rapport même à l’économie de marché ; et ce que je qualifierais comme un projet d’extrême centre, si on veut qualifier le mien dans le champ central » (Le Point, 18/4/2022).

Cinq ans de macronisme pour accoucher d’un extrême centre moulé dans le champ central, ça vaut le coup d’en reprendre ! Au temps de Coluche, on aurait volontiers parlé de gloubi-boulga. De kloug, peut-être, roulé sous les aisselles…

On est tenté d’en rire. On a tort, car tout est là, c’est-à-dire la quintessence du n’importe quoi. Emmanuel Macron se définit tel qu’en lui-même : sans forme, sans conviction, sans colonne vertébrale. Livré aux vents de l’économie folle et de l’Histoire qui ne l’est pas moins. Prêt à tout accepter et renier dans l’instant, toujours plus « en même temps ».

Avec sa notion d’extrême centre, Emmanuel Macron ne fait rien d’autre qu’entériner le refus du choix. Il théorise le flottement comme mode d’action, l’opportunisme comme ambition, l’échine souple comme ligne politique. Cet homme-là, on le sait maintenant, n’a aucune réelle conviction. Il se laisse porter par les événements, prétend au compromis quand il ne fait que céder par lâcheté devant la pression, qu’elle vienne de l’étranger ou de la rue.

Affaiblie comme jamais, divisée comme rarement elle le fut, la France d’Emmanuel Macron est devenue un paillasson sur lequel le monde entier, des États-Unis à l’Algérie et de la Grande-Bretagne à la Turquie, en passant par l’Allemagne, s’essuie les pieds. Son extrême centre n’est qu’une ornière bourbeuse où le pays s’enlise. Encore cinq ans comme cela – ou pire, sept ans de Macronie – et nous aurons totalement disparu, avalés, dissous dans « la trempette » mondialisée.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Pas de colonne vertébrale… c’est exact, il navigue aux vents, en ce monde disons-le, désaxé ! Mais pas pour tous, et justement ceux qui adoubent M. leur petit poussin 2017!
    Lui, n’a qu’à suivre et faire docilement ce qui lui est soumis. Ce dont il s’est acquitté jusqu’à présent (corps diplomatique dissous, pendant la campagne ?) nous laissant une impression d’un néant d’une mouvance féroce qui risque de nous happer, si nous ne veillons pas au grain : M. 1 fois, c’est déjà trop !

  2. Comme dans tous les troupeaux de ruminants qui se respectent, les veaux et les faibles se rassemblent au milieu du groupe pour être protégés des prédateurs extérieurs par quelques mâles couillus. Par chance pour eux, ils ne connaissent pas encore comme nous la loi du genre, moyennant quoi les attributs de certains servent encore à la protection de tous.

  3. « Son extrême centre n’est qu’une ornière bourbeuse où le pays s’enlise. » Ou plutôt un marigot, milieu propice à la prolifération de toute mafia.

  4. Macron est un enfumeur, un bonimenteur, un baratineur qui joue avec les mots et les formules alambiquées pour endormir le troupeau. De l’extrême centre au  » en même temps », en passant par le père qui n’est pas forcément un homme…etc…etc… Tout est vide en lui. Aucun sens, aucune conviction. « En 2017, la France a élu le néant, et elle est tombée dedans.  » E. Z.
    On ne comble pas le vide, on le remplace !

  5. Je me demande aujourd’hui comment certains Français peuvent encor voter pour cet enfant- Président ???
    Cela me dépasse !!!
    Et bien les Français auront le président ou la présidente qu’ils mériteront, et bien fait pour eux.

  6. Un président sans colonne vertébrale, sans conviction ni sans humanisme !
    Un président qui méprise son peuple et qui traite les Français de gens de rien, qui traite es ouvriers d’incultes et qui nomme ses amis à des postes bien rémunérés, dont le gouvernement comporte un nombre incroyable de membres qui trainent des casseroles pourries, et avec une corruption galopante, jamais vue en France.
    Un pays au niveau mondial affaibli, sans industrie, sans hôpitaux, sans médecins, sans dentistes,

  7. L’extrême centre, ou plutôt le centre tout court , n’est-ce pas monsieur Lagarde, c’est bien le trou de la France: on y fait tout, n’importe comment, n’importe où, n’importe quoi, avec n’importe qui, de n’importe quel côté, et pour n’importe quoi. En un mot, ce sont ceux qui n’ont rien dans la tête ni dans leur cervelle et se permettent de critiquer tous les autres. Alors si Macron en est, raison de plus pour le virer.

  8. comment expliquez vous que des président comme sarkozy , holande et macron puisse devenir président sans l’aide d’un état profond ( entouré de grand financier ) et tous les présidents sont pro Maastricht .
    pensez vous qu’ils laisserais le droit de vote au peuple si ceux si pouvait changer quelque choses ( non déjà voulu par cette état profond ) .
    les dés sont pipé !
    imaginé qu’on vous disent ne jouer pas vous perdrez à tout les coups .que ce passerais t-il ( une révolution ) ? .

    • Mais je pense , cela n’engage que moi, qu’une révolution est en vue trop de personnes dans la galère ce gouvernement vit dans un autre monde! Marie Antoinette dans sa naïveté disait il n’ont pas de pain qu’il mange de la brioche on a vu la fin…..!

  9. Attention qu’on ne le qualifie pas d’extrême « cuistre », tel Trissotin. Il pourrait ne pas s’en remettre.

  10. Avant d’écrire l’expression « extrême -centre » dans un courrier de lecteur il y a sans doute un ou deux ans, je n’avais jamais lu ni entendu l’expression. Pour moi, l’idée était qu’il y a extrême-gauche et extrême-droite qui ont des solutions musclées pour des situations qui sont devenues extrêmes . Et ceux qui organisent les situations extrêmes sont donc les tenants du centre, centre- gauche et centre- droit et sont par suite devenus partisans de l’extrême-centre.

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