La récupération, l’instrumentalisation des anniversaires liés à la personnalité du général de Gaulle par son indigne successeur à l’Élysée ne peuvent que révulser ceux qui étaient présents et conscients lors des événements que l’on commémore. Ils sont de moins en moins nombreux, et à part ceux qui s’intéressent à l’Histoire et ont acquis des connaissances, beaucoup risquent de se laisser prendre à une nouvelle mise en scène de la « théâtrocratie » macronienne, comme dit Maffesoli. Celui qui occupe actuellement l’Élysée est, en tous points, l’exact contraire du Général. La tentative de s’identifier à lui en raison de la fonction relève de l’imposture et de la supercherie.

De Gaulle a exercé à deux reprises le pouvoir exécutif à son plus haut niveau : une première fois à la Libération, en tant que chef du gouvernement, et la seconde comme président de la République. Dans les deux cas, sa légitimité ne faisait aucun doute. Elle était d’une nature métapolitique, reconnue comme l’expression d’une nécessité historique et d’un sursaut du vouloir-vivre national. Néanmoins, dans les deux cas, le Général avait tenu à légitimer par le droit ce qui était fondé sur un rapport de force. Au sein de la Résistance, jusqu’à la constitution du gouvernement provisoire, puis lors du retour à Paris, où il retrouva son bureau de la rue Saint-Dominique, celui du sous-secrétaire d’État à la Guerre et à la Défense nationale qu’il était avant de partir pour Londres, de Gaulle s’appliqua toujours à conforter son pouvoir par un cadre juridique solide.

Le Président actuel tient son pouvoir d’une élection entachée par un complot de cabinet mêlant le politique, le médiatique et le judiciaire, comme l’a révélé devant une commission de l’Assemblée nationale l’ancienne procureure du PNF, poussée à accélérer la procédure contre Fillon afin de discréditer le candidat qui, logiquement, devait être élu en 2017.

Cette différence est d’autant plus choquante que les deux hommes n’ont rien de semblable, que leurs vies n’ont pas la même altitude. Le président de la République est chef des armées. L’officier issu de Saint-Cyr, trois fois blessé durant la Première Guerre mondiale, général à titre provisoire commandant une division blindée en 1940 dans des combats à Montcornet et Abbeville qui ne furent pas malheureux, puis initiateur de la force de frappe nucléaire à son retour au pouvoir en 1958, exerçait légitimement cette responsabilité. On ne peut pas en dire autant de celui qui a évité le service militaire. De Gaulle était l’homme du 18 juin qui avait progressivement incarné la Résistance, puis la Libération. Macron, ce n’est rien, un énarque qui a grandi à l’ombre des cabinets et des réseaux de copinage et de connivence, un élu au plus haut poste de la République sans avoir exercé le plus modeste mandat électif auparavant.

Pour décrire l’entourage macronesque, on a le choix entre la cour du roi Pétaud et celle des Miracles… Faut-il rappeler qu’à Matignon, il y eut Debré, Pompidou, Couve de Murville, et qu’on a Édouard Philippe... Que le porte-parole, c’était Alain Peyrefitte et qu’on a Sibeth Ndiaye… Le garde des Sceaux était Jean Foyer et nous subissons Belloubet... À l’Intérieur, c’était des Frey, des Fouchet, l’inconvenant Castaner à présent... À la Culture, Malraux, et je ne sais qui aujourd’hui... La comparaison entre les hommes qui ont gouverné la France dans les années 1960, souvent en butte à l’hostilité majoritaire de la presse, et la faune qui a envahi les pouvoirs en 2017 est d’autant plus affligeante que cette dernière bénéficie d’une grande complicité dans les médias.

Cela tient au « progressisme » macronien, c’est-à-dire à la décadence qui est « en marche » avec lui, dans notre pays. De Gaulle n’était pas rétrograde, mais il était conservateur de l’essentiel. La pilule, oui, mais l’avortement, non. Il représentait la stabilité familiale, avec son épouse et ses trois enfants, dont une handicapée. Le « modèle » offert par le couple présidentiel incite au silence. Tout rapprochement entre ces deux hommes est une imposture, une supercherie, une usurpation.

3384 vues

19 juin 2020 à 9:30

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.