Comme pour faire écho à la dernière enquête, "Cadre de vie et sécurité", de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales publiée il y a quelques jours, voici que la famille Traoré refait parler d'elle. Tout le monde se souvient, en effet, des graves désordres consécutifs à la mort d'Adama Traoré lors de son interpellation le 19 juillet 2016 par des gendarmes du Val-d'Oise. S'en étaient suivies, pendant plusieurs jours, des violences urbaines qui avaient fait de nombreux blessés parmi les forces de l'ordre et causé de graves dégâts aux domaines public et privé (édifices publics saccagés, commerces et voitures détruits...). Suite à ces émeutes, les frères Traoré, Bagui et Youssouf, avaient étaient interpellés pour y avoir largement participé. Ils avaient, pour ces faits, été condamnés à des peines de prison ferme et avec sursis.

Aujourd'hui, les deux comparses sont à nouveaux mis en cause par la Justice. À nouveau interpellés par la police il y a quelques jours, ils auraient organisé et participé à un "vaste réseau de trafic de stupéfiants d'ampleur régionale". Pourtant, la famille n'en démord pas. Elle dénonce ce qu'elle considère être un acharnement de la Justice et de la police et appelle, avec ses soutiens, à un rassemblement devant le palais de justice de Pontoise le 19 décembre prochain.

Les faits sont cependant là. Les frères Traoré ont été condamnés au cours de ces derniers mois pour un nombre considérable d'infractions. Tentative d'assassinat sur des membres des forces de l'ordre, menaces de mort et outrages contre huit policiers, violences et extorsion sur personnes vulnérables, ce à quoi vient s'ajouter cette nouvelle incrimination pour un trafic de drogue de grande ampleur.

Oui, cette affaire n'est pas sans poser un certain nombre de questions. Mais certainement pas celle de l'acharnement putatif de la Justice sur deux individus blancs comme neige.

La première de ces questions n'est-elle pas, tout d'abord, de savoir pourquoi deux individus, ayant commis de si nombreux et si graves délits, pouvaient encore être en liberté et se livrer à un trafic de stupéfiants de si grande dimension ? Leur place n'était-elle pas en prison pour de longues années, ce qui aurait sans doute permis à un quartier, voire à une ville entière, de retrouver un peu de quiétude ?

Par ailleurs, comment se fait-il que les juridictions ayant eu à connaître de ces affaires n'aient pas purement et simplement interdit de séjour dans leur département deux criminels chevronnés dont il y a fort à parier qu'ils ne s’amenderont jamais ?

L'enquête évoquée plus haut, même si elle doit être prise avec précaution puisque s'agissant de confidences anonymes, n'en met pas moins en exergue une forte augmentation du sentiment d'insécurité de nos compatriotes. D'après les éléments de réponse recueillis, il apparaît en effet que plus d'un Français sur cinq déclare ressentir de l'insécurité dans son quartier. Et 16 % déclarent, par ailleurs, qu'il leur est arrivé de ressentir de l'insécurité chez eux.

Le cas de la famille Traoré est tout à fait emblématique des résultats de cette enquête. Elle est l'archétype d'une famille de délinquants qui pourrit la vie de ses semblables à longueur d'année et qui rend certains de nos quartiers infréquentables et invivables. Bien plus : elle constitue un danger majeur pour le lien social et met, à elle seule, à bas tous les efforts qui sont entrepris par la collectivité pour réhabiliter ce fameux vivre ensemble dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps.

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18 décembre 2017 à 13:24

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