Loi de Bioéthique : être comme des dieux ?

Dieu chapelle Sixtine

« Vous serez comme des dieux. ». Ainsi parle le serpent dans le récit de La Genèse qui met en images notre origine. Rien n’a changé, depuis, de notre histoire dérisoire et tragique, à travers les siècles : la rivalité entre un Dieu fantasmé et un homme asservi à sa condition. Être comme, être pareil à, imiter, mimer. Le prix à payer de cette « bêtise à front de taureau », on le connaît : la mort pour tous.

Dans une tribune du Monde, des philosophes, Élisabeth Geffroy, Pierre Manent et François-Xavier Bellamy, rappellent le contenu qui serait largement méconnu de la loi Bioéthique que sont les manipulations génétiques, les ciseaux CRISPR/Cas9, les chimères homme-animal. Ces manipulations génétiques seraient peu évoquées. Pas plus pas moins, a-t-on envie de dire, que la loi de la PMA pour toutes qui crée des enfants sans père, dès le sein de leur mère, et qu’une poignée d’hommes peut voter demain dans l’Hémicycle.

Les manipulations et les transgressions génétiques, rendues spectaculaires, de nos jours, par la technique, font partie des rêves de l’homme depuis toujours. Lisez la mythologie ou Faust. Il y a belle lurette que l’homme expérimente, dans des tubes, tout ce qui est faisable. Lisez le livre de Dominique Folscheid Made in labo. Comment se fait-il, en revanche, que l’autorisation de créer des embryons génétiques ait été votée de nouveau en « commission », début juin, à seule fin de la rendre licite rapidement ? Pourquoi ces interdits de débattre ? Ces huis clos ? Et pourquoi ne sommes-nous pas tous vent debout contre ces lois qui portent atteinte à l’humanité ? Parce que nous sommes fascinés par la technique. La vérité est que la Technique nous tient en respect.

Ces chimères, faites sous couvert de » recherche », on en repoussera toujours plus les limites : ce n’est pas à la portée de tous. Faire du mal à autrui, en revanche, c’est concret, à la portée de chacun. Donc, sans s’interdire de penser à ces chimères, il faudrait fermement penser que voter une loi qui fait des orphelins de père est un abus de droit sur un plus faible que soi, donc un acte moralement injuste. Au nom de quoi s’arroger ce pouvoir ? De quel droit exigera-t-on, ensuite, d’un enfant, programmé par l’État et qui aura un coût, le respect et l’amour ? Que chacun se demande s’il aimerait, lui, être privé, de par la loi, de sa filiation.

Le monde de demain, promis par le Président Macron, est une bulle qui crève. Avant de penser à la violation des espèces, posons-nous cette question très simple : comme en est-on arrivé à imaginer de faire légalement des enfants sans père ? Comment une grand-mère, bien sous tout rapport, pourvue de deux petits-enfants nés des reins de son fils, peut-elle m’avoir répondu, à une question sur la légalisation de la PMA : « Pourquoi pas, si le sperme n’est pas trop cher ? » Qu’est-ce qui est le plus étonnant : les chimères ou une conscience obscurcie ?

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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