L’idéologie woke est-elle d’inspiration marxiste ?
L'idéologie woke est-elle la dernière mutation de la doctrine de Karl Marx ? Un article tout frais du Figaro le conteste. Il est rédigé par un spécialiste du marxisme, Denis Collin, philosophe et auteur de Introduction à la pensée de Marx (Seuil) et de Après la gauche (Perspectives libres). Il semble donc faire autorité et conduire à écarter cette hypothèse présentée comme simpliste et contraire à l’histoire du mouvement initié par Marx et Engels. Et pourtant…
L’auteur affirme que « les divers mouvements woke n'ont aucun rapport avec le marxisme et la lutte des ouvriers » mais il pose comme postulat que le marxisme se réduirait à la lutte contre le capitalisme, en faveur du prolétariat. Voilà qui semble bien réducteur. Trop réducteur…
La substance du marxisme est dans l’entretien de la contradiction au cœur des choses, des événements et des hommes. Le marxisme est classiquement la transposition matérialiste de l’idéalisme absolu de Hegel. Marx est un philosophe de la contradiction. Lénine a affirmé très fidèlement que « au sens propre la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses ». C’est une métaphysique du mouvement. Le marxiste guette et entretient tous les modes de contradiction dans la vie sociale et politique comme bien sûr dans la vie économique. Il veut désaliéner, déraciner. Certes, s’est-il d’abord et principalement attaché à l’analyse du monde ouvrier. Il a vu dans le prolétariat ouvrier la classe révolutionnaire par excellence. Mais on ne peut pas réduire ce mouvement à la lutte du prolétariat. Cette idéologie mortifère s’applique bien au-delà, dans tous les domaines de la vie sociale.
Un rappel à cet égard : c’est en commettant la même erreur qu’un certain nombre de prêtres ouvriers se sont engagés derrière l’étendard brandi par les révolutionnaires marxistes et ont fait tout le mal que l’on sait à l’Église et à son enseignement social. Comment, dès lors, ne pas voir que la philosophie de la déconstruction dans laquelle ce mouvement plonge ses racines, qui a malheureusement été initié par des philosophes français derrière notamment Jacques Derrida, n’était pas un nouvel avatar du marxisme ? Et quelle meilleure illustration que les dérives du mouvement woke. Car enfin, lorsque l’on proclame qu’il faut s’attaquer au mâle blanc et hétérosexuel, n’est-ce pas au nom des Noirs, des femmes, des homosexuels ? N’a-t-on pas ainsi recherché une contradiction entre les Noirs et les Blancs, entre les hommes et les femmes, entre les homos et les hétéros ? Le moteur de ce mouvement est profondément marxiste.
C’est en cela qu’il est dangereux. C’est comme cela qu’il peut être dénoncé et seulement ainsi. Car nous savons que, pour déstabiliser des mouvements de cette importance, il faut aller à leurs racines, savoir les identifier, les nommer pour les attaquer, les déstabiliser et les condamner. N’oublions pas le vieux proverbe italien qui nous rappelle que « le loup change de poils mais pas de vice » !
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