Lettre à Assa Traoré : un mot pour nos soldats tombés au Mali ?

Capture d'écran
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Madame,

Connaissez-vous ces noms : Mickaël Chauwin, Kévin Clément, Antoine Serre, Alexandre Van Dooren, Jean-Luc Ronis, Baptiste Truffaux, Mickaël Poo-Sing, Alberic Riveta, Abdelatif Rafik, Ronan Pointeau, Valentin Duval.

Avez-vous reconnu ces onze noms ?

Non ? Alors, lisez-les une nouvelle fois. Et une fois encore.

Si vous en êtes capable, mémorisez ces noms. Qui sont-ils, ces jeunes gens ? demanderez-vous, puisque vous ne les connaissez pas.

Aucun n’est plus âgé que votre frère lorsqu’il est mort : 24 ans.

Onze gamins, onze vies. Onze parmi une liste de quarante noms, les plus jeunes. Ils devraient vous faire saigner le cœur.

Ils sont morts dans votre pays, le Mali, pour votre pays, le Mali. Ils faisaient partie de la force armée française engagée là-bas dans les opérations Serval et Barkhane, et destinée à éviter que des fous furieux islamistes prennent possession de votre terre et vous mettent sous bâche avec interdiction de parler.

Ces onze gamins sont morts pour vous. C’est devant leur mémoire que vous devriez plier le genou.

Je m’associerai à votre combat « Justice pour Adama » le jour où vous aurez pris la tête d’un comité « Justice pour Mickaël », puis « Justice pour Kévin », et ainsi de suite. Vous avez quarante comités à créer, un pour chacun de ces « morts pour le Mali » auxquels vous tournez le dos.

Je m’associerai à votre combat le jour où vous exigerez - oui, je dis bien exigerez – que les forces françaises engagées chez vous, au Mali, comportent au moins la moitié de soldats d’origine malienne. Ce n’est pas trop demander, me semble-t-il.

Je m’associerai à votre combat le jour où vous cesserez d’être aveuglée par la haine du pays qui vous accueille, vous et les vôtres, et que vous manifesterez dans la rue pour exiger – oui, je dis bien exiger – que les délinquants, dont votre famille regorge, soient arrêtés et punis et non louangés et portés à l’admiration des décervelés.

Je m’associerai à votre combat lorsque vous avouerez qu’en dépit de quelques « brebis galeuses », la police de notre pays n’est pas ce bloc de racisme que vous vous plaisez à dénoncer avec cette outrance ébouriffée qui est votre marque de fabrique.

Je m’associerai à votre combat lorsque vous reconnaîtrez publiquement le tribut payé par les forces de l’ordre à la tranquillité publique – 25 morts et 20.000 blessés par an – et que vous montrerez de la commisération pour leur abnégation et leur sacrifice.

En attendant, lorsque je vous entends dans le poste, je tourne le bouton. Sur « off ».

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Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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