À la journaliste Leïla Kaddour qui lui demandait « quelle personnalité publique [elle aimerait] voir entrer dans son gouvernement », Valérie Pécresse a révélé quelques noms de son shadow cabinet [cabinet fantôme, NDLR]. Enfin, non, ce n’est pas exactement ça, a-t-elle rectifié un peu plus tard, sur Twitter : « Comme dans un questionnaire de Proust, [elle a] cité des personnalités de la société civile avec lesquelles [elle] pourrait travailler même si elles ne partagent pas [ses] idées. » Prêtez bien attention à ce « même si elles ne partagent pas [ses] idées », qui n’est pas anodin. Quelqu’un de son équipe a dû la mettre en garde. Mais trop tard.

Le tweet de mise au point était nécessaire, les intéressés un peu éberlués ayant affirmé qu’ils n’étaient pas au courant. Le général Pierre de Villiers à la Défense, ce n’était pas une si mauvaise idée. Très apprécié à droite il avait donné sa démission sur fond de coupes budgétaires. D’autant que si on nomme des médecins à la Santé, des sportifs à la Jeunesse et aux Sports, et tutti quanti, il y a bien longtemps qu’un militaire n’a été pas nommé à la Défense. Mais sitôt prévenu, l’intéressé a décliné : « Je ne serai pas son ministre de la Défense. » Le judoka Teddy Riner (pressenti à la Jeunesse), actuellement au Brésil, a eu pour toute réponse un grand éclat de rire.

Quant à l'écrivain Leïla Slimani, imaginée par Valérie Pécresse à la Francophonie, le moins que l'on puisse dire est qu’elle ne s’est sentie nullement honorée : « Je trouve ça très inélégant. Rien ne me ferait plus horreur ! » Le mépris hautain caractéristique de la gauche morale pour une droite complexée qui, tel Boule de suif de Maupassant, ne ménage pas ses efforts pour se faire aimer, mais essuie toujours, in fine, un camouflet.

Car si son candide journal de confinement depuis une luxueuse maison de famille normande publié dans Le Monde avait suscité un bad buzz sarcastique lui valant l’étiquette de grande bourgeoise déconnectée, Leïla Slimani n’en reste pas moins une femme profondément à gauche, la gauche façon Jean-Luc Mélenchon. Le 20 septembre 2020, dans l’émission « C Politique », sur France 5, elle avait défendu Maryam Pougetoux - vice-présidente de l’UNEF, arrivée voilée lors de son audition à l’Assemblée nationale -, jugeant « indigne » le comportement des élus qui avaient quitté l’Hémicycle.

Dans Libération, le 27 novembre 2020, elle avait témoigné de son « profond dégoût » pour les « violences policières » : « J’ai les cheveux frisés et la peau mate, je sais ce que c’est qu’un flic qui me demande avec insistance mes papiers [...] même si je ne suis pas la plus à plaindre. » Sage précision.

Enfin, le 14 février 2021, appelée à commenter le débat Darmanin-Le Pen sur le plateau de « Clique TV », elle avait volé au secours des islamistes, indûment calomniés de son avis : « L’utilisation de ce mot islamiste, islamiste, islamiste, islamiste… tout le temps… mais un islamiste, ce n’est pas un terroriste ! Moi, je viens d’un pays qui est dirigé par les islamistes […], il y a beaucoup de pays, dans le monde arabe, qui sont dirigés par les islamistes, ou avec des islamistes qui sont députés… » Bref, pourquoi la France en ferait-elle tout un plat ? « Vous pouvez aimer, pas aimer, moi personnellement, je n’aime pas leur programme, m’enfin, faut pas les confondre non plus avec des terroristes ! » et, plus loin : « Toutes les religions défendent une forme de patriarcat, mais je peux respecter qu’il y ait des conservateurs dans toutes les religions, je connais des gens qui sont des juifs très conservateurs, je les respecte tant qu’ils ne m’obligent pas à adhérer. » Bref, relativisons, chers amis. Un islamiste n'est qu'un « conservateur » comme un autre, une sorte de militant de Sens commun, un Tory, un prêtre en soutane façon Don Camillo ou ce brave Rabbi Jacob. Il faut le « respecter ».

Une chance que Leïla Slimani ait écarté la proposition. Valérie Pécresse aurait été bien marrie, flanquée d’un tel ministre de la Francophonie. Il est vrai qu'elle n’est pas encore élue. Et ses suggestions baroques risquent de ne guère de l'aider. Si la droite, à l'avenir, envisageait de donner ses ministères à des personnalités qui « partagent ses idées » ?

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20 mars 2022 à 20:51

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87 commentaires

  1. Madame Pecresse est inhibée des habitudes de son parti : prendre les électeurs pour des bœufs.

  2. N’empêche pour LR , quelle descente dans les basses fosses de la république …après l’horreur du quinquennat Sarkozy qui nous a fait cadeau du coup d’un hollande et les défections d’un paquet de gaullistes au gouvernement macron , la démission d’un Bertrand et d’une Pecresse de chez LR pour y revenir en catimini pour des primaires où même les braves toutous ont droit de vote ….le grand Charles doit se cogner le nez sur le couvercle

  3. Pécresse , c’est l’exemple typique de ce que les * Droitistes * ne veulent plus .

  4. Cette pauvre dame se met à dire des énormités ….C’est aussi bizarre qu’incroyable …

  5. Ah , ben, oui :  » Leila » ! La « diversité », encore ! qui nous donne de surcroît des leçons de snobisme ( et d’arrivisme ) depuis  » sa » demeure bourgeoise de Normandie …Côté  » francophonie » , elle parle en verlan , ou ? Le vers est dans le fruit , et certaine pseudo-de droite veut nous y faire plonger des deux pieds joints….

  6. Moi je reste étonné comme un enfant devant ces politiques et autres « serre veaux «  qui grâce à des contorsions cérébrales intenses osent tenter de nous faire croire un jour à ce qu’ils abhorraient la veille, à nous demander de voter pour des projets de société qu’ils vilipendaient à longueur de discours guerriers.
    La gamelle semble être leur seul objectif, triste réalité.

  7. Elle apparaît comme une apprentie en communication alors qu’elle est dans le métier depuis quelque temps et cet incident révélateur montre le dessous des cartes, elle fera aussi du «  en même temps » du centre et du mou et tantôt agressives tantôt passives ses prestations n’arrivent pas à enthousiasmer les foules. «  Valérie traitresse » comme disait Fillon ne sauve pas LR.

  8. Et quand Dupond Moretti répondait à une journaliste que si Macron voulait le nommer Ministre de la justice? », il répondait «  ce serait un beau bordel, je suis incompétent, je refuserai… » Et pourtant il accepta la proposition de Macron. Même chose avec Bachelot…

    1. Tout ces gens sont prêts à se « prostituer » seulement pour se faire appeler « Monsieur le ministre », ou Madame suivant le cas, bien que désormais nous ne sommes plus certain de rien.

    2. L’un et l’autre se défendaient avec force d’accepter un ministère. Mais au final, pouvaient-ils refuser de « servir » la France ???
      Quelle bande de charlots !

    3. Pour Dupond-Dupont il aurait mieux fait de refuser car il s’avère qu’il avait dit « vrai »

  9. Avec Valérie Pécresse on prend les mêmes et on continue c’est la politique LR En Marche Il faut que tout change pour que rien ne change

  10. Madame Pécresse est l’élue des LR pour sa nullité, n’ayant aucune chance d’être présente au second tour elle appellera systématiquement à voter Macron, là est le calcul des LR/LREM et consorts, l’avenir positif de la France n’a aucun intérêt pour eux, c’est la même clique de malfaisants.

    1. Pécresse, la candidature des électeurs de droite qui vont faire sagement « leurs doses de rappel » et qui voteront sagement Macron, au second tour.

    2. Il aurait été plus logique devant cette question saugrenu de répondre Pour le moment je me consacre à la campagne électorale, chaque chose en son temps. Mais non on fanfaronne on prépare son gouvernement, on lance des noms, et on se prend une claque.

    3. Cette Bécassine traîtresse , je lui souhaite une bonne veste pour en finir avec ses zigzags incessants

      1. Il est vrai qu’on n’a jamais trouvé mieux qu’une bonne claque pour apprendre à marcher droit.

  11. Que fait encore chez nous cette « écrivain.e » ? Que ne retourne t-elle pas dans le pays de ses ancêtres ? Et puis, puisqu’elle semble tellement abhorrer le Français, pourquoi n’écrit-elle pas en arabe, ou en javanais ? Fora comme disent les Corses.

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