Les Vignerons du Ciel, un livre providentiel

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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 01/10/2022.

L'été : l'occasion pour beaucoup de se plonger enfin dans ce livre dévoré des yeux toute l'année sans pour autant avoir eu le temps de s'y plonger. À cette occasion, BV vous propose une sélection de ses meilleures recensions. Redécouvrez aujourd'hui Les Vignerons du ciel, de Marc Paitier.

Ce 23 septembre 2022 a eu lieu la quinzième édition de la fête du livre « Livres en vignes » au château du Clos de Vougeot, au cœur de la route des Grands Crus de Bourgogne. À cette occasion, le général (2s) Marc Paitier s’est vu décerner le prestigieux Prix du Clos de Vougeot pour son ouvrageLes Vignerons du Ciel. Les moines et le vin, paru aux Éditions Mareuil en 2021.

Nous avions souligné ici l’originalité, la qualité et la profondeur de ce livre « providentiel », qui a atteint une nouvelle dimension. Pressentant que l’auteur nous offrait un livre exceptionnel, nous en avions décrit les multiples facettes : érudit et rigoureux, digne d’un historien ; profond et fidèle aux textes, digne d’un exégète ; expert et éclairant, digne d’un œnosociologue.

Deux ans plus tôt, son premier ouvrage, La Mémoire du vin. Entre héritage et transmission, nous avait instruits sur le parcours historique et géographique, depuis les confins de l’Asie centrale, il y a 8.000 ans, de « ce condensé de civilisation dont l’histoire se confond avec celle des hommes ». En période d’Alzheimer collectif et d’automutilation mémorielle permanente, se replonger dans les origines de notre civilisation européenne du vin reste un antidote. Avec ce général nantais, ardent promoteur du mercurey comme du muscadet, on retrouvait des repères et des raisons d’espérer. Conformément à la devise de Saint-Cyr (« Ils s'instruisent pour vaincre »), ici, la tentation du découragement dans une société contaminée par le phylloxéra de la pensée est balayée.

À partir de ce socle de connaissances, Les Vignerons du Ciel nous élève au zénith d’un voyage vertical. Où le culturel rejoint le spirituel à notre époque désacralisée, vulgarisée. Par amour du vin et de l’Église, l’auteur, avec une écriture fluide et ciselée, sur un ton enjoué sans enjoliver, nous entraîne dans l’univers des moines. Homme de terrain et chercheur passionné, arpenteur courageux et auteur talentueux, Marc Paitier est un amateur au sens le plus noble du terme, humble, sincère, généreux. Avec le Prix du Clos de Vougeot, à la reconnaissance populaire s’ajoute la consécration officielle par les plus grands experts autorisés de la vigne, du vin et de la culture gastronomique.

Pour preuve, le discours de Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, sommité dans le milieu de la gastronomie en général et du vin en particulier : « Dans ce bel essai abondamment illustré, le général Paitier retrace la très riche aventure du rôle du monachisme catholique et orthodoxe dans la viticulture française, mais aussi européenne (Suisse, Catalogne) et extra-européenne (Géorgie, Liban, Grèce, Palestine, Amérique latine. […] Le général Paitier achève son essai sur une description des rares vignobles de France tenus par des communautés monastiques et qui élaborent des vins souvent émouvants : Lérins, Jouques, Solan et Le Barroux où il semble avoir puisé l’enthousiasme d'écrire ce bel essai revigorant qui donne autant soif qu’envie de méditer. Le jury s’est aisément mis d’accord pour lui décerner le Prix du Clos de Vougeot qui lui va comme un gant. » Fermez le ban ! dirait-on sur une place d’armes pour clore cet éloge solennel.

On aimerait entendre plus souvent proclamer sur la place publique cette fierté légitime d’être Français, nous rappelant avec gratitude à notre devoir de vivre et de transmettre les bienfaits de notre prodigieuse civilisation européenne (judéo-chrétienne, gréco-latine) et de notre culture française (langue, gastronomie, mode de vie) que tout prétendant à la nationalité française (invité obligé) devrait apprendre, partager et respecter.

Pour étancher notre soif de vérité, n’hésitons pas à puiser dans ce breuvage littéraire tiré du meilleur tonneau. Réjouissons-nous de la récompense méritée du général Paitier pour qui, assurément, « les vignerons du Ciel n’ont pas dit leur dernier mot ». Pour que « la vigne soit le signe d’une espérance, celle du renouveau qui a permis de retisser le lien avec le Ciel ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:16.

Jean-Michel Lavoizard
Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

Vos commentaires

8 commentaires

  1. « On aimerait entendre plus souvent cette fierté légitime…  » : je partage bien sur votre enthousiasme sur les apports de cette civilisation qu’on se plaît à décrier . Un auteur aurait-il la bonne idée de recenser ce que le monachisme occidental a apporté comme découvertes fondamentales ou pratiques au progrès de notre humanité ? Et comment le désir du Ciel passe toujours par le souci de ses voisins ? A moins que ce livre n’existe déjà et qu’une bonne âme veuille bien en donner les références ?

  2. Le vin est très lié à la France par les personnes qui en ont fait son prestige. Les moines sont à l’origine de crus réputés de bourgogne , y compris de vins du Libournais et des champagnes prestigieux comme le Dom Pérignon. Ces moines ont même codifié les méthodes de vinification. L’histoire du vin est une culture qui devrait même être enseignée à l’école, mais ce serait aujourd’hui interprété comme une provocation dans certains secteurs, alors que le vin est présent partout à travers les terroirs de France , la géologie , la géographie , l’histoire , et les métiers liés à la viticulture et la vinification. Sans parler de l’œnologie qui est une science du vin ainsi que la littérature comme ce livre qui en est un exemple parfait .L’écrivain Colette était une grand amatrice de ce breuvage dès son plus jeune âge , comme le démontre magnifiquement ce passage que je cite dans les grandes lignes : « J’ai tari le plus fin de la cave paternelle , godet à godet , délicatement … Ma mère rebouchait la bouteille entamée et contemplait sur mes joues , la gloire du vin français ! » Autres temps , autres mœurs !

  3. Malgré toutes les trouvailles industrielles et/ou commerciales, le PAIN et le VIN restent même encore maintenant les plus belles inventions du génie humain.

  4. Boire un verre de bon vin rouge par jour a toujours été considéré comme la meilleure posologie pour rester en forme.

  5. Comme le disait Pasteur: « le vin est la plus saine et la plus agréable des boissons », et puis in vino veritas.

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