Les prénoms des émeutiers : un sujet tabou

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D’où vient le crime ? Les théories du XIXe siècle, en tentant de vouloir l’expliquer pour enfin parvenir à le tuer dans l’œuf, à une époque où le phénomène criminel explosait et passionnait, ont sans doute dépassé un peu les bornes. La lecture de Zola ou de Lombroso nous étonne, voire nous scandalise. Le temps est bien loin où l’on pensait pouvoir reconnaître le criminel en germe après simple observation des bosses du crâne ou examen du passif héréditaire (alcoolisme ou autre) des individus.

Résultat : nous prenons aujourd’hui des précautions. Peut-être même trop. L’étude des profils est presque taboue. Elle conduit en tout cas sur un terrain hautement explosif : celui des origines (sociales, géographiques, culturelles).

Les différentes attitudes

Prenons le cas des émeutiers. On observe aujourd’hui trois postures sur le sujet : ne pas parler de l’origine, le faire en tordant un peu la vérité ou le faire mais de façon partielle. Il y a, de plus, un fait étonnant : le bagage complexe qu’est l’origine s’est cristallisé dans le débat public autour d’un élément. Le prénom est devenu le point cardinal de la sociologie. Il désignerait des types, sur lesquels Gérald Darmanin s’est lui-même reposé en donnant le profil des émeutiers lors de son audition au Sénat, le 5 juillet dernier : « Oui, il y avait des gens qui apparemment pourraient être issus de l’immigration. Mais il y a eu beaucoup de Kévin et de Mattéo, si je peux me permettre. » Il a suscité beaucoup de réactions.

Pour Libération, le faire est « une lamentable idée ». C’est « inutile et stigmatisant pour une partie de la population usée d’être sans cesse pointée du doigt ».

BFM TV a donné, le 7 juillet, le top 20 des prénoms, les classant par ordre alphabétique. Pour la présentatrice Perrine Storme, ce top 20, avec des prénoms de toutes les couleurs culturelles (Ali, Mohamed, Nicolas et Rayan, par exemple), est « à l’image de la France, […], à l’image de notre société ». « C’est la diversité française. » Quelles sont les proportions de ces prénoms ? La chaîne d’information n’a pas daigné nous en informer.

Un classement est enfin donné par l’Opinion, le 12 juillet, avec des chiffres, vérifiés par CNews. Il donne la proportion que l’on attendait, le rapport de grandeur entre les prénoms français et étrangers. Nous avons ainsi Mohamed (81 fois), Yanis (31 fois), Enzo (25 fois), Maxime (21 fois) et Adam (19 fois) dans le top 5.

Des chiffres dont il faut se méfier

La police a-t-elle eu décidément affaire, dans les émeutes, à une représentation proportionnelle de la France ?

Pour Samuel Lafont, la répartition publiée par l’Opinion et CNews « comporte une double limite ». En effet, comme le précise Amaury Bucco au moment où il présente ces chiffres, cette étude concerne la zone police uniquement. Elle ignore donc la zone rurale, Paris et trois départements de la petite couronne : Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint-Denis (93) et Val-de-Marne. Elle ne se fonde donc que sur un échantillon concernant les 2.300 émeutiers/pilleurs interpellés dans la zone police, sur environ 4.000 interpellations. Et Amaury Bucco de préciser qu’il y aurait eu, en outre, environ « 10.000 émeutiers, selon Beauvau, et plus de 100.000, selon Pierre Brochant, l'ex-patron de la DGSE ».

Le sujet n’est donc pas encore épuisé. Mais quand bien même il s’avérerait que beaucoup de prénoms ne sont pas étrangers, cela n’enlèverait rien au problème de fond dévoilé par les émeutes : française sur le papier ou pas, d’origine ou pas, il y a une frange de la population résidant sur le territoire qui méprise et défie les institutions, l’ordre établi aujourd’hui. Au point de brûler le drapeau. Au point que l’État en vient à craindre de faire défiler le 14 juillet.

Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

27 commentaires

  1. J’ai 2 enfants adolescents. Je peux dire avec certitude que Yanis et Adam sont des prenoms portés en majorité par des enfants musulmans maghrébins.

  2. Je rigole parce qu’à force de cacher les identités, prénoms, origines des délinquants, on en est arrivé à penser (pas à dire hein, personne n’a envie de passer devant un tribunal) que quand c’est caché, c’est que c’est Mohamed, Djamel etc…..ce qui est souvent le cas, mais pas toujours! On a quand même encore le droit d’avoir nos délinquants de souche, non?

  3. Une majorité d’émeutiers ne sont pas d’origine Française mais personne n’a le courage de le dire sauf Boulevard Voltaire .
    Notre beau pays que nous avons connu ne reviendra plus comme avant nos descendants sont à plaindre .

  4. si nous ne mettons pas un terme final et définit face à toute ces racailles, , à cause des soumissions systématique des gouvernants aussi bien de droite que de gauche depuis plus de quarante ans ils feront des champs Elysée la plus grande casbah du monde

  5. « Cette étude concerne la zone police uniquement. Elle ignore donc la zone rurale, Paris et trois départements de la petite couronne : Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint-Denis (93) et Val-de-Marne.” Mais depuis quand ces trois départements seraient-ils en zone gendarmerie ?

  6. Et après tout ça, et pour quelque peu résumé, voire raccourcir, on feindra de s’étonner qu’il faille créer des « safe place » dans le métro parigot, et qu’il faille recommander aux françaises de s’habiller correctement afin de ne pas être une proie tentatrice.
    Voilà vous et moi avons deviner.
    C’était pas très compliqué hein ?

  7. « inutile et stigmatisant pour une partie de la population usée d’être sans cesse pointée du doigt ». Dixit Libération. Et si cette fameuse population se comportait de manière à ne pas être sans cesse pointée du doigt ? Mais ça ne risque pas de monter au cerveau d’un éditorialiste de Libé. Au fait, Darmanin n’est pas premier ministre, dieu nous en préserve, il fait déjà assez de dégâts à l’intérieur depuis 3 ans.

    • N’allez pas trop vite, lisez le JO de ce jour avec une valse préfectorale sans précédent (que pour les départements), est-ce le signe d’un remaniement trés limité: un ministre de l’intérieur qui deviendrait premier sinistre et deux ou trois modifications ?

  8. Le prénom des émeutiers est un sujet tabou, sauf pour Éric Zemmour. Le prénom est bien un marqueur fort de l’assimilation pour les français issus de l’immigration. Il n’est pas le seul, mais il marque la volonté d’une famille d’immigrés de se fondre dans la communauté nationale qui les accueille.
    Nous allons de plus en plus comprendre que le président de Reconquête ! avait raison avant tout le monde.

  9. Beauvau se ridiculise. Selon le ministère, il n’y aurait eu que 10 000 « émeutiers” … Ça veut donc dire que dans ce pays de 68 millions d’habitants, 100 000 policiers sont incapables de venir a bout d’emeutiers qui ne représentent que 10% de leur effectif sur le terrain ? Belle efficacité, monsieur le ministre !

  10. « française sur le papier ou pas, d’origine ou pas, il y a une frange de la population résidant sur le territoire qui méprise et défie les institutions, l’ordre établi aujourd’hui. Au point de brûler le drapeau. Au point que l’État en vient à craindre de faire défiler le 14 juillet »… Et on vient nous seriner que le danger c’est la droite, et qu’il faut interdire CNews, Valeurs actuelles, et demain le JDD…

    • Et tout cela de la faute à qui ? Pas la votre si vous écrivez ici, pas la mienne, ni celle des personnes présentes sur ce site, mais combien de français ont compris cela ? En ce moment leur préoccupation est ailleurs, je vous laisse deviner !

  11. Tiens, c’est curieux, on ne retrouve pas dans le hit-parade des émeutiers les « Kevin et Matteo » mentionnés par Pinocchio Darmanin. Un mensonge de plus. Après les Anglais au Stade de France, il nous fait aujourd’hui le coup des Kevin et Matteo. J’ignorais, par ailleurs, qu’il était promu 1er ministre …

  12.  » la population usée d’être sans cesse pointée du doigt  » ! Peut-être que si les émeutiers-pilleurs (qui sont les mêmes auteurs d’exactions et de crimes en tout genre) n’étaient en très grande majorité issus de la population d’origine extra européenne, cette population ne se sentirait plus stigmatisée. Je dirais même que la France serait en sécurité.

  13. Le premier mensonge, énorme, porte sur le nombre des émeutiers. 10 000 ? De qui se moque t on ? Compte tenu des dégâts, de la multiplicité des sites d’émeutes, du nombre de policiers et de gendarmes et du nombre d’interpellations ce nombre est au minimum 10 fois supérieur.
    Le deuxième mensonge c’est leprofil des émeutiers. C’étaient autant de Mattéo et de Kevin que de supporter anglais. C’était les mêmes racailles que l’on avait vu au Stade de France, ce sont les mêmes que l’on voit sur les points de deal. Les policiers les connaissent bien.

    • Oui. Hélas ! policiers comme militaires sont « aux ordres » et étranglés par la petitesse de leur porte-monnaie comme de leur « notoriété » de microcosme..

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